Parce que vous me lisez assidûment, je n’en doute pas, vous connaissez déjà (fdp), lancée pendant l’été 2012 sur HBO Latino. La dramédie surfe sur l’intérêt de bien des Sud-américains pour le foot, mais aborde le sujet en adoptant le point de vue d’un arbitre, Juarez.
Je vais tout de suite être franche avec vous : j’avais jeté un oeil au pilote peu de temps après sa sortie (sans sous-titres), et j’ai eu la confirmation de ce que j’ai toujours su : en fait, le foot, c’est vraiment pas mon truc. J’avais eu un mal de chien à me captiver pour l’épisode, quand bien même celui-ci ne se passait pas intégralement dans un stade. Mais bon, puisque j’avais l’opportunité de voir les deux premiers épisodes de la série avec sous-titres pendant Séries Mania, pourquoi se priver ?
Juarez se présente un peu comme l’anti-héros typique d’une dramédie récente : il n’attire pas la sympathie, mais n’est pas foncièrement mauvais ; sa vie personnelle est un désastre ; et surtout il ne peut rien lui arriver de bien. Ça donne un format légèrement répétitif sur deux épisodes (et, j’imagine, au-delà), complètement assumé par la série qui adopte un gimmick : chaque épisode se conclut sur quelqu’un traitant Juarez de fils de pute. Pour l’instant, ce n’est que modérément mérité, si une telle chose existe.
Dans le pilote, (fdp) met en place son personnage central, ainsi que sa vie familiale en déconfiture ; en effet, Juarez est en plein divorce avec son ex, Manu, et lutte pour obtenir les droits de garde sur son fils Vini, avec lequel, en plus, il a parfois du mal à être connecté. Tout l’enjeu du premier épisode est donc cette question de garde, qui se lie au football parce que, comme Juarez va s’en apercevoir, le juge qui statue sur l’affaire possède également l’un des clubs qui s’affrontent lors d’un match que Juarez doit arbitrer. Dés lors, que faire ? Comme Juarez aime son métier, et surtout, vu qu’il caresse le rêve de siffler un jour le coup d’envoi de la finale de la Coupe du Monde, il tente d’être impartial, mais ça ne va évidemment pas jouer en sa faveur quand le club du juge perd…
Rien de très folichon dans l’intrigue de (fdp) au départ, donc, mais l’épisode a d’autres qualités : la dramédie écorche le monde du football professionnel sous une série d’angles. Des fans complètement surexcités qui insultent les arbitres (la série tire en effet son titre d’une insulte qui revient souvent ; devant la télé, le fils de Juarez se demandera si, aujourd’hui, la mère de l’arbitre va se faire insulter, comme si c’était la chose la plus habituelle au monde), aux commentateurs des matches pour la radio qui font mine de se passionner pour l’action alors qu’il ne se passe rien de captivant, en passant par la publicité.
Le plus impressionnant, surtout pour moi qui ne regarde jamais de foot à la télé, a certainement été de voir comment les arbitres sont accueillis dés leur arrivée sur le terrain : hués, conspués, et donc, par voie de conséquence, escortés par la police militaire, ils apparaissent comme les moutons noirs de tout l’évènement. La série met bien en valeur le métier en lui-même, mettant en lumière comment et pourquoi les arbitrages sont rendus lors de séquences sportives bien troussées, mais ce n’est vraiment pas ce qui frappe le plus ici. En fait, Juarez pourrait être la personne la plus adorable du monde, son simple métier suffit à lui seul à le faire détester par une nation entière, et c’est plutôt étonnant à observer en ce qui me concerne.
Un petit mot sur les séquences de foot, parce que j’y ai doublement prêté attention suite à une conversation avec pol gornek qui en connait visiblement un rayon sur le sujet. (fdp) parvient à mettre en images un match de foot sans le rendre aussi ennuyeux que dans la réalité (où personnellement, je persiste à ne voir que des adultes courir après une baballe… vous me traiterez de fille de pute à l’issue de la review, comme de bien entendu), grâce à un excellent montage particulièrement rythmé. Ce montage a un deuxième avantage : il permet de filmer chaque action dans le détail, ce qui est impératif pour comprendre les arbitrages de Juarez, tout en évitant de perdre des heures à filmer des plans-séquence compliqués ; ce qui a pu être le cas pendant Friday Night Lights, à titre de comparaison. Ainsi, il apparait rapidement que les prises sont très limitées dans l’espace, mais leur succession rapide et précise permet d’avoir l’impression d’assister à tous les mouvements de balle, et c’est juste très bien pensé. Je ne sais pas si la série colombienne La Selección a fait un choix similaire depuis, mais ça me semble particulièrement intelligent pour jongler avec les contraintes du genre, tout en s’assurant que le match s’inscrive parfaitement dans l’intrigue, mettant en lumière les choix de Juarez. Quand bien même le foot n’est pas ma tasse de thé, vous l’aurez compris, je n’ai pas été tentée de passer ces séquences en avance rapide, et ça relève un peu du miracle quand on me connaît.
(fdp) est l’une des rares séries de HBO en Amérique du Sud à nous parvenir puisque France Ô en a acquis les droits, et c’est ce qui lui a valu son apparition lors de Séries Mania. Ça vous donnera donc une bonne opportunité de tester une série venue du Brésil sans avoir à vous coltiner une telenovela (reconnaissons-le, on est ici dans l’opposé radical du cliché de la série brésilienne), si jamais vous n’aviez pas vu Epitafios, Mandrake et Capadocia qui l’ont précédée sous nos latitudes. En-dehors de ça, il faudra vraiment être passionné par le football pour accrocher. Ce n’est pas mon cas, c’est donc sans regret que je fais l’impasse sur la diffusion en France, mais je recommande aux amateurs de foot, et pourquoi pas, même aux autres, d’aller y jeter un oeil le moment venu.