Qui, moi ? Oh non, je m’en voudrais d’influencer vos votes pour la sélection du prix de la meilleure webserie.
…
…Mais si je peux me permettre, voici ma sélection personnelle. Après, vous faites ce que vous voulez.
High Maintenance / USA
L’atout majeur de High Maintenance, c’est son principe : chaque épisode suit un dealer de marijuana alors qu’il distribue sa marchandise. Sauf que la série n’est pas du tout sur lui, mais sur les clients, qu’on les aperçoive pendant tout un épisode ou qu’on les observe pendant une poignée de scènes. Sur le plan de la réalisation, High Maintenance s’inscrit parfaitement dans l’exigence des séries à bas coût, en tirant partie d’espaces clos pour les décors, plutôt qu’en se lançant dans une quête de décors ou de costumes. L’essentiel c’est que ça fonctionne, notamment grâce à la richesse du montage et le sujet incroyable du premier épisode.
Apparemment chaque épisode est indépendant ; celui qui est en compétition, intitulé Quasim, nous invite à suivre un homme à la routine hypnotisante dont on découvre progressivement les habitudes incroyablement réglées et surtout, terriblement saines. Il faut donc laisser le temps à cet épisode pour nous expliquer ce qu’on regarde précisément (le dealer lui-même n’est qu’une présence mineure), mais je peux vous garantir que vos yeux vont s’arrondir à mesure que progresse l’épisode. Ça donne envie de tenter la suite, même si… WTF ?!
Libres / ESPAGNE
Plus proche de la webserie bricolée avec plus d’idées que sous, Libres, c’est aussi un état d’esprit. Preuve que le rêve des années 90 est toujours en vie en Espagne aussi, Libres nous invite à marcher aux côtés de jeunes idéalistes aux opinions bien à gauche, pleins de rêves quant à leur société anti-capitaliste parfaite. Ils investissent ensemble un vieux village à l’abandon dans les Pyrénées, et jusque là, l’enfant de 10 ans qui sommeille en moi est absolument ravie, parce que tout est à faire et ça me rappelle à quel point j’adorais les mille choses que Robinson Crusoé avait à inventer et mettre en place pour vivre sur son île. Naturellement, tout ne reste pas aussi angélique, et dans la dernière scène du pilote, le doux rêve tourne au cauchemar.
Libres donne envie d’y croire, même si le cynisme finit par nous rattraper en fin d’épisode ; l’exposition est pleine d’une énergie vraiment rare, avec des personnages solaires et une situation inédite, le tout étant plein de promesses. Il y a sûrement de quoi se régaler le cœur comme le cerveau dans l’ambition de Libres, en tous cas je suis conquise.
Agent Secret / QUEBEC
La webserie, c’est bien-sûr le royaume de la comédie, un ton qui fonctionne si bien avec le format court. C’est chez nos amis québécois, qui comme d’habitude ont une longueur d’avance sur nous en matière de fiction, et plus encore en matière de webfiction, qu’on trouve Agent Secret. Il s’agit de la série au pilote le plus court de cette petite sélection, mais son budget est largement supérieur (ou bien il fait drôlement bien illusion).
On y suit les aventures de Tom, un Agent Secret qui lutte contre le mal et qui découvre dans le pilote les origines de sa naissance. Différents niveaux d’humour font d’Agent Secret un petit bonbon délicieux qui se suçote avec plaisir, bien qu’il ne faille pas chercher la complication (personnellement je me roulais par terre rien que pendant le journal télévisé en intro). Amateurs de Hero Corp, ce sera complètement votre tasse de thé, par exemple, avec ce qu’il faut de décalage, de parodie et même d’action pour vous faire plaisir.
On trouve, en prime, une distribution plus que sympathique dans cette série, entre le délicieux Patrick Hivon (Trauma), génial en Agent Benêt, la toujours parfaite Magalie Lépine-Blondeau (Tu m’aimes-tu?, 19-2), clown blanc idéal pour son partenaire, ou encore Julien Poulin (qui trimbale la même aura maladroite que dans Minuit, le Soir).
C’est efficace, rythmé, esthétiquement soigné et franchement réussi. Vu et approuvé !
El gran día de los feos / ESPAGNE
Difficile d’échapper à cette série espagnole en ce moment ; vous vous rappelez sûrement qu’elle a déjà attiré l’attention lors du Festival Tous Écrans en novembre dernier. La webserie repose sur le principe, pas tellement tiré par les cheveux à bien y réfléchir, qu’à l’avenir, la beauté sera si centrale dans notre société qu’on éliminera les laids en les parquant dans des camps. Mais en 2056, ceux-ci prennent leur revanche…
El gran día de los feos a ceci de particulier qu’elle est différente de la plupart des webseries, voire des séries tout court : en dépit de son peu de moyens, elle met en place dans le pilote un univers très original, et, y compris sur un plan graphique. On pense rapidement aux Stepford Wives, ou aux couleurs d’Äkta Människor, dans l’univers mis en place, forcément trop parfait, forcément trop lisse.
Le résultat donne un premier épisode qui offre une exposition passionnante à une histoire à la fois terriblement actuelle, et suffisamment imaginaire pour autoriser des choses décalées, dans les costumes, le jeu des acteurs… ou la violence. C’est à voir absolument !
Ohlà ! Mais ne me laissez pas vous dire pour qui voter, surtout ! Les webseries, projetées cet après-midi lors de Séries Mania, n’attendent que vous pour briller sous nos latitudes, et comme je vous ai mis les liens, vous n’avez plus d’excuse pour ne pas voter.
D’ailleurs, pas besoin d’avoir eu vos entrées au festival pour vous faire une opinion : les webseries sont exposées sur la vitrine de Series Mania, histoire que vous puissiez aller tâter vous même de quoi elles sont faites. Vous estimerez peut-être que d’autres séries méritent un peu plus votre attention que celles que j’ai préférées ; c’est le jeu !
‘Pis après, revenez m’en donner des nouvelles, histoire qu’on se tienne au courant.
Article également publié sur le site officiel de Séries Mania.