Après plusieurs jours de lutte, j’ai décidé de m’abandonner à la tentation qui m’étreint depuis bien trop longtemps maintenant : me lancer dans un marathon Battlestar Galactica. Et comme je le promettais dans un récent Friday Night Highlights, du coup, si j’y passe, tout le monde y passe : je vais vous faire des reviews épisode-par-épisode. Parfaitement, le truc que je ne fais quasiment jamais.
Petit aparté avant de me lancer dans la première d’une longue série de reviews. J’espère juste avoir la patience de venir écrire entre chaque épisode au lieu de les lancer à la suite !
Battlestar Galactica, c’est la série dont je suis tombée amoureuse un soir sur M6, que j’ai fait découvrir à 3 personnes de mon entourage physique… et dont je n’ai jamais vu la fin. L’erreur fatale a été de regarder le début de saison 3 avec ma sœur, à l’époque où ladite saison venait de sortir en DVD, frangine qui a adoré (victoire !), qui m’a fait promettre de l’attendre pour la suite… et qui bassement a fini la série toute seule dans son coin sans rien me dire ! J’ai attendu pendant quelques années avant qu’elle n’ait le courage de me dire la vérité. Et à ce moment-là, vous savez comment c’est, on a commencé une autre série, alors on se dit qu’on y reviendra, et puis on enchaîne les découvertes, les coups de cœur et toute la chaîne… et finalement on n’y revient JAMAIS.
Eh bah si. J’en suis la preuve vivante.
Il me reste donc beaucoup de choses à découvrir pour moi qui me suis arrêtée en début de saison 3, surtout ne me dites rien, on va progresser ensemble au fil des épisodes et donc des reviews. Celui qui me lâche l’identité d’un Cylon va passer une sale minute, croyez-moi. Mettons-nous d’accord tout de suite pour ne jamais discuter, dans la review ni dans les commentaires, de spoilers, d’accord ? On s’en tient à l’épisode-dit. Je compte sur vous.
Mais si vous avez pitié de mon retard inconsidéré, si vous avez un peu de patience à me témoigner, voire même, s’il vous prend l’envie de regarder la série vous aussi, faisons avec plaisir ce #FRAKmarathon ensemble. Juste une dernière petite précision : je n’ai pas encore décidé si le #FRAKmarathon incluera Caprica. En tous cas, vous l’aurez compris, je n’ai pas commencé par le prequel, comme les Dieux l’ont voulu. So telephage we all.
Prêts ? Parce que je commence après l’image.
Il y a quelques années, je regardais encore la télévision française à la télé, et j’étais encore assez peu téléchargeodépendante. C’est donc une chaîne française qui m’a permis de découvrir Battlestar Galactica, diffusée un soir de décembre, si mes souvenirs sont exacts. En tous cas j’avais programmé mon magnéto, enfourné la plus longue VHS que j’avais pu trouver, et j’avais vaqué à mes occupations. En rentrant chez moi, j’ai regardé la cassette avec cette lueur particulière qu’ont dans les yeux les téléphages qui se sont trouvé un nouveau coup de cœur… jusqu’à ce que la cassette s’interrompe, à bout de souffle. De la mini-série diffusée cette année-là, il me manquait à peu près une dizaine de secondes : j’ignorais l’identité des Cylons révélés à la fin de ce premier échantillon de Battlestar Galactica.
A l’époque je ne le savais pas encore, mais c’est ce qui allait être un leitmotiv de toute ma relation à la série.
Et à présent que je regarde à nouveau la mini-série (en DVD cette fois, fool me once…), je réalise combien le premier visionnage est vital par rapport aux suivants. J’ai souvent vu les premières images de Battlestar Galactica depuis ma malencontreuse expérience de la VHS, mais plus souvent dans l’optique de faire découvrir que pour mon propre bénéfice. Et devant ces trois premières heures, soudain ça m’a frappée : il y a des choses que je sais sur la série, sur les personnages, qui m’ôtent un peu de la satisfaction qu’apporte un visionnage de Battlestar Galactica. C’est comme ça.
En fait, c’est justement à ce genre de choses qu’on juge un « pilote » (vous comprenez qu’aujourd’hui j’utilise le terme très librement) qui a réussi son coup, ou qui ne fonctionne qu’à titre de découverte. Si l’on retire le fait qu’on en sait déjà énormément sur la série, l’exposition et le lancement des intrigues gardent-ils leur intérêt ?
Ce n’est peut-être pas toujours le cas, mais pour Battlestar Galactica, dans les grandes lignes, ça fonctionne. L’ultime test du temps est passé avec succès, non pas parce que les effets spéciaux sont encore réussis (bien que la dette à SPACE 2063, on ne le dira jamais assez, soit énorme), mais parce qu’il n’est nul besoin de faire un effort énorme pour se poser les questions que les scénaristes veulent nous agiter sous le nez. L’ambiance est parfaitement maîtrisée pour qu’on reste dans l’action et/ou dans l’urgence sans avoir le temps de réfléchir, comme c’est le cas des personnages, et pour qu’on remette à plus tard la recherche de réponse : c’est précisément ce que doit accomplir un pilote.
Tout ce qui m’avait réellement plus il y a des années, notamment la sensation de désespoir qui suit l’attaque, est toujours aussi fort, même avec les années et en connaissant la scène suivante sur le bout des doigts. Je ne peux toujours pas m’empêcher d’avoir le cœur serré lorsque la Présidente Roslin prête serment (elle-même très émue) dans une atmosphère de fin du monde. Cet aspect-là des choses est toujours douloureux comme au premier jour.
Même la séparation avec Helo, qui décide de rester sur Caprica, est terrible, alors-même que c’est certainement le personnage avec lequel on nous a le moins enjoints à sympathiser. Tant de choses sont traumatiques que finalement, repérer un ou deux Cylons encore secrets dans les trois premières heures de Battlestar Galactica est mineur par rapport au bénéfice dramatique.
Le premier saut dans l’espace est également déchirant, avec les aboiements terrifiés des navires ne pouvant suivre la flotte, condamnés indirectement à mort, dans les hauts-parleurs ; j’ai la chair de poule, encore et toujours, devant ces scènes dont, très égoïstement, je voudrais qu’elles ne s’arrêtent jamais. Je voudrais une série que semaine après semaine me fasse ressentir cela ; je sais que ce n’est pas la mission de Battlestar Galactica et que de très bonnes choses, bien différentes, m’attendent, mais un jour j’espère qu’une série m’offrira cette atmosphère-là en continu.
La seconde moitié de la mini-série parvient mieux encore que la première à établir la tension de la série ; une fois le gros de l’exposition passé, on peut enfin savourer cette terreur de voir l’Humanité disparaître. Certes on a un peu l’impression que certaines séquences nous baladent narrativement (avec l’aile du Galactica qui est touchée par les flammes, par exemple), mais les personnages deviennent aussi plus solides, se révèlent à la fois à nous et à eux-mêmes, forcés de dépasser leurs limites pour survivre ou aider d’autres à survivre. Là où Starbuck était un peu grossièrement détourée dans la première partie, elle devient une héroïne qu’on suit avec plaisir, par exemple, ce qui est un énorme avantage évidemment (et je n’en finis pas de comparer Kara Thrace à Shane Vansen, mais bon, ça ne me passera sans doute jamais).
La révélation finale de la mini-série arrive finalement presque comme un déchirement. En très peu de temps, on s’est attachés à certains personnages, parfois malgré nous (peut-on vraiment totalement absolument détester Gaius Baltar ?), et soudain, paf, voilà qu’on nous révèle l’identité de deux Cylons, dont un en particulier. Je ne peux m’empêcher de sourire à cet instant dramatique parce que je me rappelle mes cris à l’arrêt de la VHS quelques secondes plus tôt, il y a des années ; et aussi le petit cri que j’ai poussé quand j’ai fini par regarder les quelques plans qui me manquaient, dans les heures qui ont suivi (je crois que je suis devenue téléchargeodépendante à cause de Battlestar Galactica, en fait). Mais ça reste une nouvelle terrible parce que, zut, on avait été ému par ce personnage plusieurs fois. Et jusque là on n’avait jamais vraiment éprouvé de sympathie pour un Cylon…
A cet instant l’enjeu devient double. Il ne s’agit pas simplement de savoir, intellectuellement, qui est un Cylon. Il ne s’agit même pas seulement de savoir qui va compromettre les quelques humains encore en vie dans l’univers. Il s’agit de lever le voile sur l’identité de ceux qui vont progressivement nous trahir émotionnellement. Et c’est parce que ce troisième point continue d’être valable que le revisionnage a encore de l’intérêt et même de la valeur.
Alors nous voilà en chemin vers la 13e colonie, et le voyage va sans doute être un mélange de tout ça : de nostalgie, d’impression de déjà vu, de tendresse, de douleur et d’anticipation nerveuse.
J’ai hâte.