C’est toujours un peu particulier que de découvrir une série dans laquelle deux cultures s’entrechoquent… quand on a été soi-même éduqué dans une troisième culture.
Peut-être que c’est ma réticence à m’identifier en général, ou mon habitude de regarder des séries si culturellement variées que ça n’a pas le même effet sur moi, mais le fait est que ce genre de série m’attire finalement assez peu, et en tous cas de moins en moins si Lilyhammer est un indicateur du problème.
De ce fait, je ne suis pas forcément la meilleure personne pour parler de Welcome to Sweden, et quelque part c’est dommage, car la série me semblait toute destinée.
La comédie suédoise décide en effet de plonger un Américain dans le quotidien d’une famille suédoise, de façon un peu précipitée. Bruce, le héros, ne semble en effet pas beaucoup avoir réfléchi à sa décision de quitter New York pour « la Suède » (visiblement pas le cœur de Stockholm, mais le pilote reste imprécis sur la localisation géographique d’arrivée). Il le fait par amour pour la belle Emma, avec laquelle il est en couple, et qui a décidé de retourner dans son pays natal ; sauf qu’elle, elle a une famille qui l’y attend, un travail, et qu’elle parle la langue. Tout un tas de chose que Bruce n’a pas.
Accessoirement il n’a pas pris la peine de demander à Emma ni de le briefer sur son pays, ni sur sa culture, et même pas sur sa famille. Sûrement que c’est efficace pour en rajouter dans la comédie, mais du coup c’est vraiment téléphoné. Le pilote aurait sans doute bénéficié d’un peu plus de soin côté écriture ; la situation de départ n’est pas soignée, et traitée comme un prétexte grossier. C’est dommage parce que, dans le fond, ce n’était pas idiot de réfléchir un peu plus à la question, pour offrir quelque chose de moins simpliste. En montrant notre Américain sous le jour d’un ignorant, la série ne se rend pas service.
C’est d’autant plus idiot qu’il a quelques autres circonstances atténuantes pour regarder sa belle-famille suédoise comme des extra-terrestres : il a 20 heures de vol dans les pattes, il souffre du décalage horaire, et accessoirement, la première chose que fait la famille d’Emma, c’est le faire boire ou lui faire expérimenter un sauna. Bref, rien de tel pour être totalement sous le choc.
Le pilote joue pleinement sur tous les poncifs du genre, avec la ribambelle de personnages classiques dans ce cas de figure. En particulier, l’oncle fasciné par la culture américaine, qu’il ne connaît que par les séries, est un cliché usé jusqu’à la corde. Welcome to Sweden ne s’embarrasse pas plus que ça avec ce problème totalement anecdotique, ce qui laisse dubitatif quant aux péripéties que trouvera la séries dans les épisodes suivants. Pire encore, absolument aucune intrigue n’est mise en place, laissant penser que la comédie ne sera pas feuilletonnante, et reposera épisode après épisode sur l’alignement de stéréotypes. Tout au plus le pilote évoque-t-il le fait qu’Emma n’a jusque là jamais connu de relation durable, ce qui rend encore plus ridicule cette histoire de déménager à l’autre bout de la planète sans y avoir réfléchi.
Bon, pardonnez-moi d’être contrariante, mais je pose la question : s’il ne s’agissait pas de Suédois mais, disons, de Kenyans, la série serait-elle aussi charmante ? Les stéréotypes ne sont-ils pas offensants dans tous les cas ?
Je ne saurais répondre à la place des Suédois. Ils ont en tous cas été curieux de voir le premier épisode ; voyons si TV4 va quand même réussir son coup sur le long terme.
Jusque là elle me semble, de mon point de vue de téléphage peut-être plus exigeante que la moyenne, et en retrait parce qu’appartenant à une troisième culture, accumuler les défauts. En diffusant une série bilingue quand même largement similaire à Solsidan. En utilisant des cameos gratuits sans aucune valeur ajoutée (celui d’Amy Poehler, soeur du créateur et acteur principal, est même assez clairement utilisé comme appât ; d’autres guests sont prévus dans les épisodes suivants). En sous-utilisant son cast international (Patrick Duffy et Illeana Douglas n’apparaissent pas dans le pilote, et que les Suédois connaissent sans doute Lena Olin pour autre chose qu’ALIAS, car je suis vraisemblablement une ignare qui ne savait pas qu’elle était suédoise). En étant, d’une façon générale, puissamment maladroit.
Mais peut-être que les Suédois savent rire d’eux-mêmes plus que moi ?