Love boat

14 février 2014 à 19:46

Vous voulez absolument qu’on parle d’amour ? Eh bah très bien, on va en parler, d’amour, si ya vraiment que ça pour vous faire plaisir. Et plus précisément, d’amour dans la série japonaise Umi no Ue no Shinryoujo, lancée en octobre par Fuji TV, le fournisseur officiel de romcoms nippones le lundi soir à 21 heures.

Ah non, trop tard ! Vous l’avez voulu, vous l’avez eu, votre article-marronnier de la Saint Valentin.

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Dans un univers parallèle, celui où toutes les fictions ne sont pas systématiquement gangrénées par des intrigues romantiques insipides, j’aurais d’ailleurs pu aimer Umi no Ue no Shinyoujo. Parce que son contexte, son propos, et la plupart de ses personnages, forment un univers intéressant.
Jugez plutôt : la série se déroule à bord du Kaishinmaru, un petit bateau médical qui navigue sur la mer intérieure du Japon (eh oui, rappelons que le pays a sa propre petite mer intérieure, ou en tous cas considérée telle, nommée mer de Seto). Du fait de la désertification de nombreuses petites îles, déjà abordée dans de nombreuses séries nippones, comme Ruri no Shima (au hasard), les charmants petits villages de ces îles se trouvent progressivement coupés de nombreuses commodités tenues pour acquises, comme les écoles ou… les médecins. Le Kaishinmaru fait donc une croisière entre 64 de ces îles dépourvues de personnel médical sur place, afin que chacun puisse continuer à avoir accès à des soins. L’idée est déjà belle en soi (c’est la même qui m’a fait fondre pour The Circuit, après tout).
A cela faut-il ajouter un équipage réduit qui vit comme une petite famille, sous la houlette du gérant, Akira Hiuchi, et de son épouse Aoi, docteure. Il y a également à bord une infirmière, Mako, et un infirmier, Noboru. A cela faut-il également ajouter le personnel naviguant, à savoir le capitaine , le navigateur et l’ingénieur de bord. Ce sont des personnes très normales, et fort sympathiques. Mais ils ont besoin d’un nouveau docteur, et voilà qu’au bout de 6 mois, enfin, ils réussissent à en recruter un.

Pas de bol (pour le spectateur surtout), c’est le docteur Kouta Sezaki qui a répondu à l’appel.
On n’aura pas droit au cliché à la Doc Martin, du praticien qui débarque dans un milieu provincial et met du temps à s’adapter ; vous me direz, c’est toujours ça de pris. Mais le problème fondamental de Sezaki, c’est que c’est un cœur d’artichaut. Oui, comme dans Unubore Deka. EXACTEMENT comme dans Unubore Deka, en fait : dans ce pilote se dessine très vite le sort peu enviable de ceux qui regarderont les épisodes suivants d’Umi no Ue no Shinyoujo : notre nouveau médecin va tomber fou amoureux d’une jeune femme dans chaque port que le Kaishinmaru va accoster. Il y a sûrement un jeu de mot à faire avec ça, mais je suis pas d’humeur.

A côté des autres personnages, si équilibrés, si normaux (je ne peux qu’insister sur leur extrême normalité, c’est vraiment un plus dans ce contexte), Sezaki apparait comme un clown avec pleins de gimmicks, qui ne semble pas prendre ses consultations au sérieux (sauf que BIEN-SÛR c’est en réalité un excellent médecin, sinon ils auraient une excuse pour le virer) et qui, dés ce premier épisode, s’entiche à terre d’une jeune femme au point d’annoncer, le lendemain de son arrivée, qu’il démissionne et qu’il s’installe avec elle sur l’île. Peut-être même qu’il la mettra au courant ce soir de leur merveilleuse idylle.
C’est, vous l’aurez compris, parfaitement ridicule.

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Sans Sezaki, Umi no Ue no Shinryoujo aurait pu être une très, très belle série dramatique, évoquant à la fois la simplicité de la vie en périphérie, mais ses difficultés, aussi ; et quand Sezaki arrête ses pitreries, la série parvient à le faire avec une humanité digne des meilleures séries japonaises, simple, authentique, et peu appuyée, parce qu’on ne veut froisser personne, juste décrire une réalité.
Mais avec ce personnage central, elle devient une romcom dans le sens le plus vulgaire du mot : c’est une comédie grosses tatanes, et c’est vaguement romantique parce que notre médecin est obsédé par l’idée de se marier (on aura un vague élément de « mythologie » à ce sujet en fin de pilote, et pendant le générique de fin). Le pire c’est que les singeries de Sezaki ne sont pas drôles ; personnellement, j’ai eu plein d’opportunités de sourire devant ce premier épisode, mais jamais pendant les passages où c’était de toute évidence Sezaki qui aurait dû me faire rire. Le passage de consignes à son arrivée, par exemple, est bien plus drôle, alors qu’il ne dit presque rien (c’est vraiment comme ça que je le préfère !).

Du très sympathique pitch d’Umi no Ue no Shinryoujo, il ne subsiste, saine et sauve, que la partie médicale : outre les consultations avec les habitants de la première île où s’arrête le Kaishinmaru (généralement des personnes âgées, évidemment), on aura droit à une scène d’opération « risquée » un peu plaquée, pour le plaisir de rajouter un enjeu essentiellement, et pour rappeler qu’on fait de la vraie médecine, la preuve, on a ouvert quelqu’un. Bon.

Vous l’aurez compris, Umi no Ue no Shinryoujo ne mérite pas qu’on s’y arrête. Mais enfin, vous vouliez votre article de Saint Valentin sur une romcom, vous l’avez eu. Vous y réfléchirez mieux l’année prochaine, tiens.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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