J’essaye de m’imaginer être un spectateur américain qui ne regarde jamais plus loin que le bout de son nez, qui n’a jamais vu LIAR GAME, et qui découvre Chosen. Hm… mouais, j’imagine que ça peut faire illusion.
A bien y réfléchir, Chosen, c’est exactement ce à quoi ressemblerait une adaptation de LIAR GAME faite par un network américain, en fait. Il y a un personnage pas futé qui reçoit un étrange artefact qui scelle son destin, et tout le monde semble l’avoir compris avant lui ou presque ; le fait que le pilote laisse planer indéfiniment le doute sur la mallette ou les objets qu’elle contient en dit long sur l’absence de subtilité de la série, préférant faire haleter son héros comme un damné entre deux échanges de coups de feu, ou deux course-poursuites. On voudrait adapter une série avec un concept intéressant en la tournant en thriller d’action pas trop compliqué qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
‘Faut dire que ça commençait mal. Quand Milo Ventimiglia est embauché pour jouer un personnage intelligent (ici, un avocat, quand même), on sent bien qu’il y a un défaut de fabrication d’entrée de jeu. Ian, le personnage qu’il incarne, n’a même pas le QI nécessaire pour mettre du pain dans un toaster, alors passer l’examen du Barreau, pardon mais je me marre. Dans une vraie série légale, il se ferait manger tout cru avant même le générique, mais dans Chosen, c’est un type respectable et intelligent dont la vie est mise sens dessus dessous par un artefact malsain et un jeu qui l’est plus encore. En admettant ces prémices, le spectateur, déjà, accepte de mettre son exigence entre parenthèses pendant une demi-heure. Le jeu particulièrement subtil de Ventimiglia termine de donner cette petite touche de finesse qui manquait au pilote de Chosen.
Il n’y a pas grand’chose d’autre à dire de ce premier épisode, en fait : il ne s’y passe rien si ce n’est imiter maladroitement le rythme d’une série de type 24, avec des rebondissements d’action prévisibles qui empêchent de faire réellement progresser l’intrigue qui l’est plus encore.
Comme quoi, il y a une bonne raison pour que notre ami le pure player Crackle, qui propose la série, soit loin d’être mentionné dans la majorité des articles discutant des nouveaux acteurs de la fiction US, comme le sont Netflix ou Amazon. Il y a des signes qui ne trompent pas : la critique américaine n’a pas beaucoup prêté attention à Chosen, lancée il y a pourtant presqu’un an, et ce alors qu’elle ne souhaite rien tant que trouver le nouveau hit qui ébranlera la télévision traditionnelle ! Clairement, Chosen n’est pas ce hit, et il n’a que très peu de chances de le devenir avec le temps. Le potentiel n’est pas là, ou, si on considère qu’il se cache quelque part dans cet épisode, il est rapidement ignoré avec toute l’énergie du monde.
La série a été renouvelée, il y a quelques jours, pour une troisième saison (c’est comme ça que je me suis décidée à jeter un oeil à la série). Même en ayant du temps à perdre, je n’irais jamais aussi loin dans la série ; mais je souhaite à ceux qui la regardent qu’elle s’améliore. Encore que, il ne doit pas y en avoir tant que ça, des gens qui la regardent… espérons que Crackle continue de se suffire de son public actuel.
Mais surtout, ce que je souhaite vraiment, vraiment à Chosen, c’est qu’éventuellement son personnage principal perde une partie pour être remplacer par un autre joueur (pas incarné par Chad Michael Murray, sinon on s’en sort pas). Après on pourrait discuter.
Dans l’intervalle, si vous êtes farouchement opposé à la contrefaçon, les thrillers sur des jeux tordus ne manquent pas à la télévision, choisissez votre poison : LIAR GAME, Piece Vote, Mirai Nikki, voire pourquoi pas Persons Unknown si vous refusez à tout crin de tenter des séries japonaises ; même avec leurs insuffisances, elle seront toujours plus intéressantes à regarder que Chosen.