Un mois d’ici Noël, et vous, comment vous allez vous préparer ? Comme chaque année, les Scandinaves savent très bien comment, eux : ils ont un Julkalander pour leur faire le compte à rebours !
Et comme par le passé, je vous propose un petit tour d’horizon de ce que nos amis du Nord vont pouvoir regarder chaque jour en attendant le 24 décembre, date de Jul, fête qui remplace en Scandinavie les célébrations de Noël (oui, cette bande de veinards ouvre ses paquets un jour plus tôt que nous, il n’y a pas de justice).
Cependant, cette année, budget serré oblige, peu de chaînes ont décidé de mettre les petits plats dans les grands. Là où, l’année dernière, c’était un festival de séries inédites, beaucoup de chaînes ont fait le choix de la rediffusion. Ce qui n’est pas une raison pour négliger de nous intéresser à cette belle tradition télévisuelle !
Comme chaque année, c’est sur NRK1 et NRK Super que se passe l’évènement Julkalender en Norvège, pays par lequel nous allons commencer notre petit tour.
C’est Jul i Svingen qui occupera donc la plupart des enfants norvégiens ; la série, diffusée pour la première fois pour Jul en 2006, fait suite à la mini-série pour la jeunesse Linus i Svingen, proposée par la chaîne 3 ans plus tôt.
Contrairement à la plupart des séries de type Julkalender, Jul i Svingen propose uniquement des histoires indépendantes, rendant quelque peu le concept caduque. Il ne se passe d’ailleurs pas grand’chose dans la série, ses jeunes héros se contentant de vivre des instants typiques de la période des fêtes de fin d’année… et de chanter. Ah oui, car je ne vous ai pas dit : la série propose de nombreuses chansons de Noël, traditionnelles mais surtout inédites, qui rendent chaque visionnage de la série très chaleureux ; cela lui a également valu une récompense lors des Spellemannprisen, l’équivalent norvégien des Grammy Awards. Le soundtrack de la série est sorti en CD également, permettant à la série de solidifier sa réputation de corne d’abondance en matière de chants de Noël ; vu que Jul i Svingen a déjà été rediffusée en 2009, inutile de dire que la plupart des chansons sont connues par cœur…
Histoire de se mettre dans l’ambiance, je vous propose de découvrir le générique de la série.
TV2 manquant d’imagination autant que d’argent (les fonds d’investissement dans la fiction de Noël n’ont jamais été son point fort), la chaîne a décidé de rediffuser Julefergå, une série datant de 1995. L’originalité essentielle de Julefergå est qu’il s’agit d’une série musicale réunissant des spécialistes du jazz. A l’époque de sa diffusion, ni le public ni la critique n’ont absolument adoré la série, et vous allez comprendre pourquoi assez vite !
La série raconte en effet comment, après le naufrage d’un bateau, trois survivants cubains ont réussi à sauver leur plus précieux trésor, ainsi que des instruments de cuivre ainsi que 2000 poinsettias, des fleurs venues d’Amérique du Sud qui, en norvégien, s’appellent des « julsterner », c’est-à-dire des étoiles de Noël. Le rapport avec les fêtes de fin d’année est donc un peu tiré par les cheveux ! Mais c’est en se reposant sur cette petite astuce de vocabulaire que Julefergå construit son intrigue musicale autour de ce naufrage, alors que, dans le présent, un autre bateau est parti à la recherche du trésor laissé par les Cubains, avec à son bord une bande de musiciens. L’intrigue parallèle permet à la distribution de la série d’incarner des personnages à la fois dans le passé et le présent.
La musique est évidemment au centre de la série, mais c’est surtout son humour absurde qui a laissé les spectateurs sur le carreau il y a presque 20 années maintenant. Le pire c’est que l’édition DVD, commercialisée depuis, ne propose même pas l’intégralité de la série, et rajoute en plus des rires enregistrés ; pas facile pour transformer un ancien bide en souvenir « culte », il faut le reconnaître. Je ne sais pas quelle est la version que va diffuser TV2, mais clairement, elle ne part pas du meilleur pied en choisissant ce titre pour célébrer l’hiver. A noter que les spectateurs ayant souffert la première diffusion en 1995 ont été accablés par une rediff en 1998, ce qui veut donc dire que c’est, pour certains Norvégiens, la troisième fois qu’il faudra éviter de zapper sur TV2 ce mois-ci.
De son côté, TV Norge se contentera de rediffusions cette année également, mais a choisi de proposer deux fictions dans ce but.
D’abord il y a Nissene over skog og hei, initialement proposée par la chaîne en 2011, et qui est à la fois une comédie de Jul et une parodie d’émissions de télé réalité. C’était également le cas de Nissene på Låven, le Julkalender datant de 2001 auquel elle fait suite (une série que TV Norge ne s’est pas mouchée pour rediffuser déjà à 4 reprises par le passé au mois de décembre), permettant ainsi de parler des fêtes de fin d’année aux enfants tout en faisant rire les parents.
Et puis, la chaîne proposera à nouveau les épisodes de Den unge Fleksnes, une série qui a été nommée, suite à sa première diffusion en 2010, aux Gullruten ; c’est l’une des rares séries de Jul originales de la chaîne et on peut s’attendre à ce qu’elle connaisse à son tour de nombreuses rediffs dans les années à venir. Rappelons qu’en plus, Den unge Fleksnes est un prequel d’une série absolument cultissime de la télévision norvégienne, une comédie de 1972 qui a duré 30 années ! Le statut de culte n’est donc pas usurpé, et la nostalgie est une arme précieuse en période de Noël…
Passons maintenant au Danemark… Le saviez-vous ? La série que diffuse DR1 en ce mois de décembre (et qui est, hélas cent fois hélas, également une rediffusion, puisqu’elle date de 2009) a été proposée par arte l’an dernier. Il s’agit de Pagten, une série comme seul un Julkalender peut nous en proposer, qui met les Nisse (c’est-à-dire des lutins) en bien difficile position puisque leurs vies sont menacées ! En effet, une terrible sorcière répondant au nom d’Iselin, a le pouvoir de les changer en glace, scellant ainsi leur destin. C’est d’ailleurs bien son intention, et elle entreprend de se débarrasser de chacun d’entre eux, jusqu’au dernier ! Et quand elle en aura fini avec les Nisse, ce sera au tour des humains…
Bien loin de ces considérations, Malte, un jeune garçon de 12 ans, vit des moments difficiles ; il se réfugie dans un monde imaginaire peuplé de Nisse… avant de réaliser que ce monde existe vraiment, et qu’il a besoin de son aide pour survivre. En effet, grâce à un pacte secret passé il y a fort longtemps, deux siècles en fait, les humains devront sauver les Nisse. Il va devoir faire équipe avec Lyda, elle-même lutin de son état ; leur amitié encore naissante leur permettra de braver les dangers et ainsi avoir une chance de vaincre Iselin…
DR2 aussi donne dans la rediffusion, mais toujours en s’adressant à un public adulte, comme c’est désormais la tradition. Jul på Vesterbro est son choix cette année, comme il l’était à l’origine il y a très exactement 10 ans, lors de la première diffusion de ce Julkalender. La série est directement inspirée du programme radio d’Anders Matthesen, un comédien de stand-up qui s’est réorienté vers l’humour après une carrière ratée dans le rap (je n’invente rien). Chaque épisode de la série doit directement son nom à un personnage de Matthesen, mais le héros est Stewart Stardust, un capitaine qui vient de sortir de prison et qui n’a trouvé qu’un job de vendeur de hot dogs pour boucler ses fins de mois, d’autant qu’il vit avec sa femme et son fils. Malheureusement, le stand, pourtant bien localisé face à Christiansborg (vous savez, le Borgen où siège le parlement danois), a été mystérieusement détruit ; un inconnu propose alors que lui et ses amis aident Stardust à le reconstruire, mais ce que Stardust ignore, c’est qu’il s’agit en fait d’une équipe de terroristes !
A noter qu’au départ, DR2 ne devait pas diffuser de Julkalender cette année, et que la chaîne a finalement changé d’avis en novembre ; Jul på Vesterbro ayant été la série la plus populaire jamais diffusée par la chaîne à cette période de l’année, cela explique en partie pourquoi la comédie fait son retour sur les écrans. Ca, et le fait qu’apparemment, les accords signés avec Matthesen permettent les rediffusions sans débourser un sou… c’est ça aussi, l’esprit de Noël !
Sur TV2 en revanche, on nous proposera de l’inédit. Le Julkalender de cette année s’appelle Tvillingerne og Julemanden, c’est-à-dire « les jumeaux et le père Noël » ; il s’agit d’un spin-off d’un autre Julkalender, Ludvig & Julemanden, que la chaîne a diffusé 2 ans plus tôt. De nombreux membres de l’équipe originale ont repris du service, parmi lesquels Lars Hjortshøj, qui enfile à nouveau les habits du père Noël.
Un bonhomme loin de l’image joviale qu’on lui connaît, d’ailleurs. Il y a deux ans déjà, le vieil homme avait failli ruiner Jul en refusant de remplir sa mission si on ne lui offrait pas le cadeau qu’il voulait pour son anniversaire quelques jours plus tôt. Imaginez un peu ça ! Il avait fallu que le jeune Ludvig, un petit garçon heureux mais pour qui les fêtes de fin d’années étaient si importantes, s’en mêle, afin que tout rentre dans l’ordre.
Cette fois, ce n’est pas le poil dans la main qui va arrêter le père Noël, mais un homme mystérieux, le Dr Schwartz. Cet homme austère promet en effet qu’en échange d’une toute petite faveur, il aidera notre héros à faire sa tourner ; l’offre arrive à point nommé puisque le père Noël est justement en train de courir les magasins avec son épouse Julie. Les jumeaux Signe et Peter, qui eux aussi procédaient à quelques emplettes avec leurs parents, sont témoins de la scène. Quelle est cette faveur, vous demandez-vous ? Eh bien, tout ce que veut le Dr Schwartz comme cadeau, c’est une pierre de lumière… et pour s’assurer qu’il va l’obtenir, il kidnappe Julie ! Voilà donc le père Noël, Signe et Peter lancés dans une course contre la montre afin d’aider le vieux bonhomme afin qu’il puisse procéder le coeur léger à la fameuse distribution de cadeaux de Jul…
Tournée intégralement dans la péninsule du Jutland, Tvillingerne og Julemanden commençait également aujourd’hui.
En Suède, sur SVT1, c’est Barna Hedenhös uppfinner Julen qui sera le rendez-vous de ce mois-ci, à raison d’un quart d’heure par jour. Il s’agit, ô miracle, d’une série totalement inédite, diffusée deux fois par jour, et qui a commencé ce matin.
Bien que se déroulant en 2013, Barna Hedenhös uppfinner Julen se déroule dans un monde parallèle, une dystopie où la Suède est gouvernée par un Premier ministre maléfique, Erland. Quant à Jul ? Ça n’a pas encore été inventé ! La vie n’est donc agréable pour personne, et Stella, 11 ans, est bien placée pour en parler puisqu’elle vit avec sa grand’mère Farmor, une femme extrêmement stricte qui travaille dans un musée, et à laquelle elle a été confiée en ce début décembre. Pourtant, tout ce que Stella veut, c’est avoir une famille aimante, avec laquelle se réunir pour passer des moments heureux et chaleureux !
Dans le musée, Stella découvre une pierre magique qui fait apparaitre la famille Hedenhös… qui arrive tout droit de l’âge de pierre ! Ensemble, progressivement, ils vont non seulement vivre des aventures palpitantes, mais aussi inventer Jul et donner aux habitants de la Suède une raison d’être heureux.
Barna Hedenhös uppfinner Julen (« les enfants Hedenhös inventent Jul ») est l’adaptation de livres pour enfants de Bertil Almqvists, publié dans les années 50, dont les Hedenhös sont les héros. La petite famille néandertalienne avait déjà eu l’occasion d’apparaître sur SVT en 1972, lorsque leurs aventures avaient été transformées en dessin animé, mais c’est la première fois qu’ils s’invitent en version live à la télévision suédoise. Le ton est plus proche de la comédie que la plupart des autres séries du Julkalander cette année. Au passage, on y retrouvera Lotta Tejle, récemment nommée aux International Emmy Awards pour sa performance dans 30° i Februari ; elle est également, si j’en crois mes oreilles, la narratrice en voix-off.
D’ailleurs, si la curiosité vous ronge, vous pouvez découvrir le premier épisode sur le site de SVT (et vraisemblablement les suivants, au fur et à mesure de leur diffusion quotidienne), bien que, évidemment, il vous faudra parler le Suédois pour tout comprendre. Mais bon, ça fait tellement plaisir, un site proposant le replay sans barrière géographique ! En tous cas pour le moment, à la fin du premier quart d’heure de Barna Hedenhös uppfinner Julen, la famille Hedenhös n’a pas encore débarqué dans le futur, donc tout peut arriver !
Un petit mot pour finir sur la Finlande, ou on n’arrête pas une équipe qui gagne. Le Joulukalenteri Tonttu Toljanteri est de retour afin de nous permettre de profiter, dans la bonne humeur, des pitreries de Joulumuori (le père Noël finlandais) et sa fine équipe, alors qu’ils préparent Noël. C’est exactement la même recette que l’an dernier, et la même équipe, aussi ; l’interprète de Joulumuori est l’acteur Kunto Ojansivu, qui officie depuis 1998 dans ce rôle !
L’idée est d’offrir un quart d’heure thématique, totalement inscrit dans la tradition avec ce qu’il faut de lutins aux joues roses et de neige artificielle, et pas vraiment de se donner du mal ; les gags sont simples, les décors peu imaginatifs, et pour l’histoire, on repassera, il n’y en a pas vraiment. Les moyens sont d’ailleurs clairement inférieurs à ceux de la plupart des autres chaînes sus-mentionnées (à l’exception peut-être de DR2 au Danemark).
Les épisodes, évidemment diffusés en finnois, sont visibles depuis ce matin sur le site d’YLE, détentrice de la quasi-exclusivité des festivités télévisuelles de la fin d’année. Si jamais vous voulez tout de même y jeter un oeil…
Mais quoi qu’on en dise ou qu’on en pense, je reste convaincue que cette tradition de fin d’année, quand bien même elle n’est pas forcément à l’origine d’investissements dans la fiction (et cette année l’illustre bien), reste une jolie habitude télévisuelle. Plusieurs pays lui préfèrent les « Christmas specials » (le Royaume-Uni bien-sûr, mais aussi, dans une moindre mesure, l’Allemagne), et c’est tout aussi valable. L’essentiel est d’avoir un rendez-vous annuel qui participe à la joie des fêtes de fin d’année, qui crée des souvenirs, et donc du lien avec la télévision.
J’ai beau me creuser, mes souvenirs d’enfance de la télévision française, ce sont uniquement des rediffusions de téléfilms vieillissants et des best ofs… Je reste éperdument jalouse des traditions télévisuelles des autres pays de la planète, mais fort heureusement, elles deviennent un peu les miennes aussi maintenant !
Rendez-vous, donc, l’an prochain, pour la prochaine salve de séries de Jul…