Avec la fin du mois de novembre, les derniers upfronts des grandes chaînes australiennes sont tous passés. ABC, retardataire, bouclait en effet la marche cette semaine, alors que la concurrence avait fait part de ses plans dés le courant octobre. Le moment est donc venu, maintenant que nous avons toutes les cartes en main, de dresser le tableau de ce qui se profile à la télévision australienne en 2014.
Ce soir marque également la fin de la mesure d’audience en Australie. Pour ceux qui pionçaient dans le fond quand je l’ai expliqué la dernière fois (non-non, pas vous, je parle des mauvais lecteurs !), rappelons que les audiences sont mesurées en Australie seulement 40 semaines par an ; en été, puisque dans l’hémisphère sud l’été est pendant notre hiver, les audiences ne sont pas mesurées pendant 10 semaines consécutives ; 2 autres semaines d’interruption ont lieu à Pâques.
C’est donc maintenant que l’année télévisuelle australienne touche à sa fin… et donc qu’on peut penser à la suivante ! Avec, comme toujours en ces lieux, un biais certain envers les séries. Prêts ? Let’s go !
ABC1
Avec la confirmation d’une nouvelle comédie de Chris Lilley, Jonah From Tonga, sur laquelle il entretenait un suspense de polichinelle depuis plusieurs jours (et qui est probablement l’annonce la plus « buzzable » de ces upfronts), le network public prévoit de diffuser de nombreuses séries pendant l’année à venir. En fait, je ne prends pas beaucoup de risques en disant que le plus gros fournisseur de séries originales australiennes reste la chaîne publique. Et avec de la variété, en plus ! Jugez plutôt.
Ainsi, son projet de série historique ANZAC Girls, à l’occasion du centenaire de la bataille de Gallipoli, suivra un groupe de jeunes infirmières plongées dans les horreurs de la bataille.
A l’opposé, Code sera un thriller politique se déroulant dans le désert australien et à Melbourne ; 6 épisodes au total sont prévus et on trouvera à son générique Dan Spielman (Offspring), David Wenham, Adam Garcia, Lucy Lawless, Dan Wylie et Aden Young (Rectify). La comédie The Moodys est évidemment en chemin ; ce spin-off de la comédie A Moody Christmas nous permettra de suivre plus régulièrement la petite famille. La mini-série sur une famille aborigène The Gods of Wheat Street est également au menu.
Plus conventionnel, Old School sera un procedural en 8 épisodes dans lequel deux « vieux de la vieille » font équipe afin de résoudre des enquêtes ; Sam Neill et Bryan Brown en tiennent les rôles principaux. Toujours dans le registre policier, Don Hany (East West 101) sera le héros de The Broken Shore, aux côtés des incontournables Claudia Karvan (Puberty Blues, Spirited…), Anthony Hayes (The Slap) ou encore Catherine McClements (Wentworth). Adaptée d’un roman de Peter Temple (déjà « papa » de Jack Irish), cette série s’inscrira dans le monde de la police et touchera à la fois aux questions de corruption mais aussi de racisme.
A noter que la mini-série en deux épisodes Carlotta, sur la transsexuelle du même nom, est devenue un téléfilm. Devrait enfin arriver, également et c’est pas trop tôt, le legal drama Janet King, spin-off de la courte Crownies.
Sur le plan des renouvellements, Rake reviendra pour une troisième saison (assez prévisible) ; The Time of our Lives (comme annoncé précédemment), Upper Middle Bogan et The Doctor Blake Mysteries pour une seconde.
Jack Irish a également gagné une seule enquête supplémentaire intitulée « Dead Point » (à noter que les producteurs se sont plaints plus tôt cette année qu’il leur serait plus facile de travailler avec une commande plus conséquente, similaire à celle que peut avoir Wallander en Suède, par exemple).
En revanche, pas un mot sur un éventuel renouvellement de Miss Fisher’s Murder Mysteries ; le problème pour prendre la décision ne viendrait pas tant des audiences (excellentes, c’est un hit) ou des ventes à l’étranger, que du budget amoindri, comme un peu partout, de l’audiovisuel public, qui imposerait de faire des choix dans la grille. A noter que pour la soirée d’annonce des upfronts d’ABC, l’actrice Essie Davis avait été invitée mais n’avait pu être présente, ce qui ne donne pas vraiment de signes encourageants. Une pétition a été lancée afin que les nombreux spectateurs de la série puissent peser de tout leur poids ; les fans internationaux ont déjà commencé à signer également, et Toeman est probablement en train de le faire en ce moment alors que je n’ai même pas encore fini ma phrase.
ABC3
La chaîne dédiée à la jeunesse a essentiellement un projet dans ses manches : The Worst Year of My Life – Again!, dont la promotion a déjà commencé. La série se présente comme une comédie fantastique, dans laquelle un adolescent revit la pire année de sa vie, l’année de ses 15 ans… mais peut-être a-t-il une chance de changer le cours des choses ? La plupart des autres annonces concernent des émissions de divertissement ou des émissions éducatives.
Seven
Le network n’est pas trop en reste, et proposera également plusieurs séries originales. Du côté des nouveautés, il faut évidemment mentionner la mini-série en deux épisodes INXS: Never Tear Us Apart, qui comme vous l’aurez compris est un biopic sur le groupe, se déroulant dans les années 80. Luke Arnold (qui sera prochainement dans Black Sails également) y est rejoint par Damon Herriman (Love My Way), Hugh Sheridan (Packed to the Rafters) et la candidate du X Factor australien Samantha Jade. Apparemment, les critiques prédisent un avenir radieux à Arnold dont la performance serait exceptionnelle.
L’actrice Rebecca Gibney est quant à elle à la fois la star et la productrice (quelque chose d’encore rare en Australie) de The Killing Field, une série policière dans laquelle une équipe est envoyée dans un petite patelin afin d’enquêter sur une affaire perturbante. Bon à savoir : Rebecca Gibney regarde donc la télévision scandinave…
Du côté des renouvellements, ce sont clairement les audiences qui ont déterminé les choix du network. Les séries à grand succès sont donc de retour : ainsi, Winners & Losers décroche une quatrième saison, et A Place To Call Home en obtient une seconde. Le soap Home and Away fait également son retour. Faites semblant d’être surpris, pour la forme…
Nine
Le network se lance lui aussi dans les period dramas se déroulant pendant le 20e siècle, qui semblent être la tendance du moment. Love Child sera ainsi son drama-phare, mettant en scène Jessica Marais (ci-contre ; Packed to the Rafters, Magic City…) face à Jonathan LaPaglia (The Slap) à la toute fin des années 60, période de transition par excellence. Loin d’être totalement sombre, la série sera au contraire plutôt positive et chaleureuse.
S’inspirant du succès de la franchise Underbelly, la série Fat Tony & Co. reviendra sur l’histoire vraie du criminel Tony Mokbel, qui s’est fait la belle à l’occasion de son procès en 2006 et dont l’évasion puis la fuite ont tenu l’Australie en haleine pendant un an et demi. Sur une information obtenue par hasard, la police finit par découvrir qu’il se cache en Grèce… mais comment lui mettre la main dessus ? Shane Jacobson, Stephen Curry, Debra Byrne et Steve Bastoni sont quelques uns des acteurs au générique de la série.
La mini-série Schapelle s’est transformée en téléfilm (sans doute à cause des disputes autour du projet par la famille directement concernée par ce biopic), mais en revanche, Gina, une mini-série en deux parties, prendra le relai ; il s’agit également d’un biopic, mais autrement plus glamour. Dans les années 50, Gina Rinehart, son héroïne, est l’héritière d’une riche dynastie mais un revers de fortune la force à reconstruire tout l’empire légué par son père…
Concernant les renouvellements, seule la nouvelle saison de House Husbands a été annoncée, ou plutôt confirmée.
Mais surtout, ce qu’il faut retenir des upfronts de Nine, c’est la série Gallipoli qui s’annonce afin de célébrer le centenaire de la campagne. Huit heures de fiction sont prévues, résultat de plus de 3 années de développement et de production de la part de John Edwards et son équipe. Bien que la série ne fasse probablement pas ses débuts à l’écran avant 2015, il est fort probable qu’on en entende excessivement parler au cours de l’année à venir.
Ten
Quelques nouveautés pour le network, qui prépare ce qui est son évènement principal depuis un bout de temps déjà : Secrets and Lies. Ce thriller en 6 épisodes mettra en scène Martin Henderson (ci-contre) dans la peau d’un peintre en bâtiment qui découvre le corps d’un jeune garçon. La série a été acquise pour une diffusion au Royaume-Uni et en Norvège, et est déjà en projet d’adaptation aux USA, tout ça alors que pas un épisode n’a encore été vu par le public australien…
Asher Keddie et Rodger Corser, déjà partenaires dans Offspring, se retrouveront dans Party Tricks, une série produite par le producteur à succès John Edwards dans lequel une politicienne se retrouve confrontée du jour au lendemain à un présentateur télé et radio qui entre en campagne dans le parti d’opposition.
Plus original, l’offre de replay de Ten (appelée imaginativement tenplay) offrira une série exclusivement disponible sur internet : Lost With The Boys. La websérie, au format anthologique, reviendra sur des expériences de jeunes filles inspirée par de vraies anecdotes.
Et puisque je parlais d’Offspring, la série revient pour une 4e saison avec un nouveau personnage ; la seconde saison de Puberty Blues sera enfin diffusée (rappelons qu’à l’origine elle devait l’être courant 2013). Ten a également commandé une deuxième saison à la série Wonderland, diffusée plus tôt cette année.
Eleven
Pas grand’chose à signaler du côté de la petite sœur de Ten, qui continue de diffuser le soap Neighbours qu’elle a récupéré il y a bientôt trois ans maintenant.
Le reste de la programmation fiction est dominée par des imports notamment américains, parmi lesquels on compte des perles absolues et indispensables comme How To Live With Your Parents et 1600 Penn. Et puis prometteuses, avec ça.
SBS
La chaîne proposera, comme souvent par le passé, assez peu de fictions originales (en échange ses achats de séries comptent Borgen, Masters of Sex, Rectify ou encore Vikings, donc pas franchement le fond du tiroir téléphagique). Elle a annoncé une comédie pour l’instant sans titre, mettant en scène Chas Licciardello, Dan Illic, Joel Creasey et Matt Okine, ce qui ne nous parle pas beaucoup, d’autant qu’on n’en connaît pas encore le thème. Du coup je vous ai mis une photo de Masters of Sex, because of reasons.
SoHo
La chaîne payante n’a jamais vraiment eu de grille particulièrement fournie en matière de productions locales. Mais avec Wentworth, elle a vraiment décroché le jackpot, d’autant que la série a déjà été vendue pour diffusion dans 20 pays, et qu’un remake est en cours en Allemagne (le cycle de la vie !). Pas étonnant donc que la chaîne renouvelle la série pour une deuxième saison.
Est également en cours de tournage à Sydney la mini-série Devil’s Playground, qui fait suite au film éponyme sorti en 1976. La série se déroulera dans le même séminaire catholique, 35 ans après l’intrigue du film (lequel se déroulait en 1953… faut suivre). On y trouvera Don Hany (oui, encore), Toni Collette (qui n’a pas mis tous ses jetons sur Hostages), John Noble (Fringe), ainsi que l’acteur Simon Burke, qui incarnait déjà un rôle dans le film original, et qui incarnera un ancien élève devenu psy au sein de l’établissement. Un total de 6 épisodes est prévu.
On n’aura hélas pas l’occasion d’en reparler à l’avenir, puisque je ne traite pas les téléfilms, mais sachez que Rachel Griffiths (oui, oui, on connaît la liste : Six Feet Under, Brothers & Sisters, Paper Giants, Camp, tout ça…) est attachée à un projet de biopic dans lequel elle incarnerait l’ancienne Première ministre Julia Gillard ; le téléfilm n’a pas encore de diffuseur, de toute façon, mais s’annonce comme une fiction autrement plus sérieuse que la série précédente dédiée à la femme politique, At Home With Julia, dont je vous avais déjà touché un mot.
Comme toujours, si vous ou l’un de vos… pardon, mauvais disque. Comme toujours, si de nouvelles séries venaient à être annoncées ultérieurement, vous savez où me trouver ! Et pour tout le reste, il y a les tags, puisqu’une immense partie des séries citées aujourd’hui ont déjà été évoquées dans ces colonnes par le passé.