Comme vous le savez, à chaque trimestre, dans la rubrique Dorama Chick, je fais le tour des séries japonaises sur le point de commencer. C’est à vrai dire la raison pour laquelle il y a certaines séries que je n’ai aucune intention d’aborder un jour en review : quand on voit les pitches de certaines, on s’évite les frais. Pour vous en convaincre, jetez donc un œil au thème de 49 ou Taberudake, pour ne citer que des séries récentes qui me viennent à l’esprit.
C’est plus ou moins la raison qui, au départ, m’avait fait éviter Legal High avec l’énergie du désespoir. D’abord parce que le sujet est d’une banale banalité ; très franchement, niveau legal dramas, c’est difficile de rivaliser avec l’excellence de The Good Wife. Mais enfin, je m’étais promis ce weekend d’essayer de me trouver une saison entière d’un dorama de qualité à m’envoyer. Et, Legal High ayant gagné une seconde saison cet automne, il y avait une petite chance, infime, mais l’espoir tient parfois à peu de choses, que la série corresponde à ce que je cherchais ce weekend.
J’ai tout de suit regretté ma décision, parce que Masato Sakai.
Quel est mon problème avec Masato Sakai ? Si vous avez vu JOKER ou Hanzawa Naoki, vous savez tout. Mais si ce n’est pas le cas, dans le doute, permettez que je vous donne ce lien.
Je n’y peux rien, chaque fois que je vois sa tête apparaitre quelque par, je me dis « ah non, pas lui ». Même quand je SAIS qu’il va apparaitre quelque part.
Et ça n’a pas loupé : dés que j’ai vu sa tronche dans le pilote, j’ai été prise d’un urticaire violent. Ce n’était pourtant que le début de mon sacerdoce car Legal High est loin d’avoir cette seule erreur de casting à se reprocher.
Car aux moues peu fines de l’acteur principal, il faut ajouter le scénario qui l’est à peine plus. Legal High est finalement plutôt une comédie légale, dans laquelle Sakai incarne maître Komikado, un avocat véreux qui exige des tarifs exorbitants pour gagner ses procès (il faut dire qu’il a la réputation de ne jamais en avoir perdu un seul), auquel va faire appel une jeune avocate qui est naïve et idéaliste (normal, c’est une femme dans une série japonaise grand public). Dans le premier épisode, elle veut sauver un client qu’elle croit fermement innocent du meurtre dont il a été jugé coupable en première instance, et engage ses fonds propres afin de payer l’avocat pour remporter le procès. Komikado a évidemment des méthodes douteuses (engager quelqu’un pour servir de témoin, lancer une campagne médiatique pour se mettre l’opinion publique de son côté, influencer un autre témoin véritable qui ne se souvient pas bien être l’alibi de l’accusé…), auxquelles l’avocate va objecter mollement…
Il y a une ou deux répliques qui valent la peine d’être entendues, mais l’humour de Legal High repose quasi-intégralement sur le surjeu épouvantable de Sakai, et la mine surprise de Yui Aragaki qui est là pour jouer les faire-valoir, et qui accomplit si bien sa mission.
Le procès en lui-même n’a pas vraiment d’intérêt. Ca fait un bout de temps que je n’ai pas vu de série légale japonaise, et j’espérais donc pouvoir me pencher sur les spécificités du droit japonais, ou de sa procédure. Nenni. Rien de tout ça, puisque les artifices de Komikado empêchent la plupart du temps de profiter du cœur du procès ; pire encore, les quelques points de l’intrigue dépendant réellement de ce qui se passe pendant le procès relèvent des effets de manche.
Je dis souvent qu’il n’y a rien de plus inexcusable qu’une série légale qui n’est pas intelligente ; c’est un absolu impératif pour le genre. Celles qui échouent à faire montre de cette intelligence sont heureusement rares, mais offensent de façon impardonnable, car elles trahissent combien les scénaristes compensent l’absence d’intelligence par les retournements de situations fort commodes et les gadgets narratifs qui sauvent le procès, donc l’avocat concerné, mais pas l’intrigue.
Legal High est paresseuse, voilà la vérité.
Si toute la première saison est de cet acabit, je ne me vois pas la regarder. Et du coup, je trouve encore plus odieux que le scénariste Ryouta Furusawa ait récolté un Television Drama Academy Award pour son travail sur Legal High.
Prochaine série dans ma ligne de mire ayant gagné cet automne une nouvelle saison : Doctor X. Souhaitez-moi bonne chance…