Avant de passer à la saison automnale japonaise, je ne voulais pas laisser passer l’occasion de vous parler plus en avant de Hanzawa Naoki, le grand succès de la télévision nippone de… bah, quasiment de tous les temps.
Avec cette review du pilote de la série, je n’ambitionne pourtant pas absolument de vous la faire regarder également ; à vrai dire, en ce qui me concerne, j’ai choisi de ne pas poursuivre le visionnage au-delà de ce même pilote, donc ce n’est pas moi qui vous jetterai la pierre ! En revanche, je crois que les thèmes de la série et le succès rencontré par celle-ci méritent de l’intérêt, et je m’apprête, outre la review elle-même, à vous exposer pourquoi. Aussi, si vous avez une minute… voici la plus belle escroquerie de l’été !
L’intrigue de Hanzawa Naoki se déroule dans le milieu bancaire ; le monde économique n’a rien d’une innovation dans les séries japonaises, et sur bien des tons, des dorama se sont attaqués à cet univers par le passé, sur tous les tons, à l’instar de Karei Naru Ichizoku.
La série, qui porte le nom de son protagonistes principal, le banquier Naoki Hanzawa, suit ce dernier alors qu’il a gravi les échelons au sein de la Tokyo Chuo Bank ; désormais responsable des prêts dans une filiale de l’entreprise, il s’est intégré dans la hiérarchie, partageant son temps entre son travail et ses dîners d’affaires avec d’autres camarades de promotion ayant intégré la banque en même temps que lui. Sa jeune épouse Hana, au caractère vif, assure comme c’est souvent le cas les relations avec les autres épouses des collègues de Hanzawa, qui résident dans le même bâtiment qu’eux.
Alors que Hanzawa ne souhaite rien tant que d’accorder des prêts modestes à de petites entreprises méritantes, arrive sur son bureau une demande de prêt d’une grosse entreprise métallurgique demandant un énorme prêt. 500 millions de yen, une paille ! Pire encore, le président de cette entreprise prend les choses terriblement à la légère, se montre grossier, et donne l’impression de faire une faveur à la banque en lui empruntant de l’argent. Hanzawa, qui a le nez fin (non, ce n’est pas une référence à l’air pincé de son interprète), sent qu’il y a anguille sous roche, mais sa hiérarchie lui force la main, allant même jusqu’à récupérer le dossier final sur son bureau avant qu’il ne l’ait relu, et alors qu’il a été rédigé par un subalterne totalement inexpérimenté qui a été désigné d’office. Toute l’affaire pue. Et, évidemment, les choses tournent mal. L’entreprise métallurgique met la clé sous la porte, son président se fait la malle, et les 500 millions de yen sont perdus.
Aussi prompt à trouver un coupable qu’à transmettre le dossier de prêt au siège social, le patron de la filiale et supérieur de Naoki Hanzawa se dépêche de faire de lui la tête de turc de toute l’affaire. Dans un système où le moindre écart est sanctionné par une mise au placard (y compris une maladie, comme on le verra pour un camarade de promo de Hanzawa), le destin de notre héros semblé scellé, et les espoirs de son épouse de vivre dans sa propre maison et non plus un immeuble corporate ne seront jamais réalisés (les femmes étant des êtres très simples dans Hanzawa Naoki).
Mais Hanzawa n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et il est bien décidé à défier l’autorité de son organisation afin de blanchir son nom. Pour cela, il va lui falloir retrouver la piste du président de la société métallurgique, aujourd’hui en fuite, et mettre la main sur les 500 millions de yen, qui n’ont peut-être pas été dépensés comme tout le monde le croît.
Difficile à première vue de croire que plus de Japonais ont regardé cette série que toute autre pendant le trimestre passé. Son sujet n’est pas ce qu’on imaginerait instinctivement être « grand public » !
Pourtant, Hanzawa Naoki est extrêmement habile dans sa façon de présenter son intrigue bancaire pas très sexy. Ainsi, la série va rapidement mettre en place (dans les premières minutes du pilote, puis dans son derniers tiers) un axe empruntant beaucoup plus au revenge drama. Hanzawa, qui vient lui-même d’une famille qui faisait tourner sa propre affaire de fabrication de vis, était aux premières loges, pendant son adolescence, pour constater que les banques ne sont pas exactement les meilleures amies du tout venant ; il a depuis intégré une banque, on le comprend bien, avec une idée derrière la tête. Le pilote n’explicitera pas quelle est cette intention, mais on a une petite idée !
On est dans une vision très caricaturale de la société ici : d’un côté, les grosses banques qui font des cadeaux aux grosses corporations, et de l’autre, les petits entrepreneurs qui souffrent. Le spectateur n’est donc pas, comme on pourrait le penser au départ, invité à s’inquiéter pour les 500 millions de yen de la pauvre banque, mais bien pour les « petits » de ce monde, dont il est prouvé que Hanzawa, malgré sa réussite, fait partie, et qui vont devoir se dresser face à une organisation tentaculaire capable de l’écraser. David contre Goliath : un thème là aussi qui n’a rien de nouveau à la télévision japonaise.
Outre le revenge drama, Hanzawa Naoki, enfin, s’assure que son propos sera bien compris en redoublant de pédagogie. Ca m’a par moments rappelé le drama Nankyoku Tairiuku : une voix-off est omniprésente, qui réexplique le contexte qu’on vient de voir à l’écran, qui s’efforce d’ajouter de la dramatisation là où on n’en manquait pourtant pas, qui, en un mot, mâche tout le travail de visionnage au spectateur. Ainsi pris par la main, celui-ci n’a aucune excuse pour ne pas se passionner pour Hanzawa Naoki, même si on l’y pousse en fait avec de grossières ficelles.
A cela va encore s’ajouter, de façon très exceptionnelle, une voix-off qui sera celle de Naoki Hanzawa, pour nous faire part de ses pensées parce que la production a dû s’apercevoir que son interprète avait toujours un peu la même tête (là encore, jurisprudence JOKER).
Le résultat, c’est une intrigue qui se veut complexe dans un milieu complexe, mais avec des outils qui rendent le tout presque simpliste, surtout quand en plus la réalisation n’est pas spécialement subtile de son côté. Et voilà comment, mesdames et messieurs, on peut s’assurer que jusqu’à 42% des spectateurs japonais seront assis devant le final de Hanzawa Naoki : en leur donnant une illusion d’intelligence. Alors, qui est piégé maintenant ?
Je n’ai pas forcément été impressionnée par la série (d’autant que j’ai peu d’affinités pour le revenge drama en général), mais j’admire la technique !
Je dois t’avouer qu’en regardant Karei Naru Ichizoku au bout d’un moment j’ai eu du mal à suivre… Peut-être parce que je n’avais pas les sous-titres 😀 Cela dit Hanzawa Naoki ne me dit rien pour autant, les histoires d’argent à la limite je les préfère à la « Last Money » 🙂
C’est parce que Last Money a un pan beaucoup plus dramatique, on explore la situation des gens au lieu de se contenter d’un revenge drama simpliste avec les gents et les méchants. Enfin, c’est mon point de vue de téléphage pas très réceptrice aux revenge dramas dans leur majorité (Zeni Geba étant une exception).
Après Karei Naru Ichizoku était beaucoup plus soapesque dés le pilote, pas étonnant qu’entre les différents membres de la famille tu te sois perdu XD