Eh bien, j’ai une mauvaise nouvelle…
Peu de choses m’horripilent autant, sur le sujet de la télévision, que la télé réalité. Je suppose que ça fait de moi une vieille conne. J’y suis tout simplement allergique ; dans la majorité des cas, elle me semble reposer sur le principe d’une humiliation (souvent couplée à du voyeurisme, mais ce n’est même pas mon problème essentiel, paradoxalement) et j’ai énormément de mal avec l’idée de regarder quelque chose juste pour y voir des gens s’humilier ; j’ai énormément de mal avec l’idée qu’on considère que je me divertis de l’humiliation des autres, et que ça suffit pour me maintenir devant mon écran (et les écrans publicitaires), j’ai aussi énormément de mal avec l’idée qu’on puisse regarder quelque chose qu’on méprise, soi-disant au second degré, pendant plusieurs mois d’affilée. Une fois, peut-être. Pendant toute une saison, et même pendant plusieurs saisons, non, désolée, on ne trompe personne. Et le pire, c’est que des dizaines de parasites font (plus ou mons durablement) fortune en s’humiliant à la télévision semaine après semaine, saison après saison, pendant que tout le monde les critique et les enrichit dans le même mouvement, et qui ne vivent que grâce à ces deux éléments.
Comme d’habitude ce n’est que mon opinion, je ne cherche à rabaisser personne et chacun fait bien ce qu’il lui plait, mais sur le sujet, elle est inébranlable, et rien ne me fera changer d’avis.
Cela explique d’ailleurs aussi pourquoi j’ai du mal avec le mockumentary, en fait, dont la mission première est de souligner la dichotomie entre les paroles d’un personnage qui se sait filmé, et sa réalité, celle qui tente de ne pas apparaitre devant les cameras. Ce genre, là encore, me semble reposer sur l’humiliation ; mais cette fois c’est l’humiliation d’une personne imaginaire, ce qui, je suppose, permet à la fois plus de choses et en même temps, en permet peut-être parfois trop parce qu’on est certain de ne blesser personne. Le mockumentary a, en outre, la faculté assez incroyable de systématiquement me sembler très caduque : qui veut voir, encore et encore, les mêmes personnages prouver, saison après saison, ce qu’on sait déjà, à savoir qu’ils ne parviennent pas à être ce qu’ils voudraient paraître ? Préserver désespérément les apparences semble un gag vite usé au bout d’un épisode, pour moi.
Zach Stone is gonna be famous partage assez naturellement un peu de ces deux univers. On y découvre un adolescent, Zach Stone donc, qui a décidé qu’il deviendrait célèbre parce que. Il a donc décidé de passer tout son argent dans une équipe de télé réalité qui va le filmer 24 heures sur 24 dans sa vie très banale, espérant que cela suffira à le faire remarquer.
Que MTV diffuse pareille série prête à sourire. Malheureusement, l’épisode, pas tellement.
On y retrouve l’habituel numéro du personnage qui voudrait paraître (fun, talentueux même s’il ne sait pas trop en quoi, etc…) et qui n’a même pas encore commencé à être. Les quelques passages supposés hors-camera (un principe hypocrite puisqu’évidemment, si c’était hors-camera, le spectateur n’en saurait rien) tentent de nous faire croire, par brefs moments, qu’il y a aussi quelque chose d’authentique chez ce garçon, un peu blessé aussi. On aimerait y croire et on aimerait fouiller ces passages, et sincèrement ils sont plutôt bons, mais la structure-même de la série et son principe l’interdisent et on se retrouve bloqués avec une série qui humilie son personnage principal avec l’énergie du désespoir.
Oui, j’aimerais une série qui me parle de cette quête de célébrité qui est devenue la norme (merci à la fiction moderne pour l’encourager dés le plus jeune âge, d’ailleurs), mais la formule choisie par Zach Stone is gonna be famous ne le permet pas. Il aurait fallu, sûrement, trouver une méthode qui montre à la fois les prouesses de Zach devant les cameras qu’il paye à le suivre, et entendre ce qui se dit de lui pendant qu’il fait le pitre. Hénaut Président avait, en cela, trouvé une formule très efficace, en mettant plutôt les commentateurs près de la camera, plutôt que la fame-whore elle-même.
Pour que j’en arrive à préférer une série française, c’est vraiment que je me fais vieille !