Les rumeurs de remaniement, on connaît. Sous le Gouvernement précédent, il en venait tous les 6 mois en moyenne (et le remaniement avait, en effet, lieu à peu près tous les ans, preuve que la rumeur n’était pas infondée une fois sur deux). Depuis que la majorité a changé de côté, on se demandait un peu tous ce qu’il allait se passer sur ce front ; en-dehors de l’habitude française de remanier après les législatives, pour l’instant, le Gouvernement semblait plutôt stable. Lorsque le ministre CAHUZAC a quitté le Gouvernement, les changements ont été vraiment minimes et la plupart des cabinets, qui avaient eu un gros weekend de frayeur au grand maximum, ont poussé un soupir collectif et sont retournés au « business as usual ».
Cette fois-ci, on joue un peu moins à se faire peur ; l’ambiance dans le cabinet et, d’après ce que je sais, dans quelques autres, s’est considérablement rafraîchie. L’Apocalypse approche, tous les signes concordent !
Voici donc, pour vous, les QUATRE signes qui annoncent que les conseillers du cabinet prennent les rumeurs au sérieux… si tant est qu’on puisse prendre au sérieux la vie de cabinet !
1 – L’agenda ministre s’éclaircit
Aussi sûrement qu’une grenouille sur son échelle, la teneur de l’agenda ministre donne la température ambiante. Dans les plannings, les apparitions dans les médias se raréfient, les options ne se confirment plus, les entretiens s’annulent, les déplacements ne s’organisent pas. Nul ne sait ce que fait le ministre de tout ce temps mais ce n’est sans doute pas des parties de Candy Crush. En tous cas, les agendas qu’on envoie à la presse chaque semaine commencent à comporter un peu moins de texte ; ils tiennent tout d’un coup sur une page, puis une demi-page…
2 – Beaucoup de portes fermées
D’ordinaire, un cabinet, ça bouge. C’est quand même l’intérêt premier ! Les Conseillers passent d’un bureau à l’autre, mais aussi gardent leur porte ouverte afin de faciliter les déplacements des secrétaires ou, tout simplement, pour garder un oeil (et une oreille) sur ce qui se passe aux alentours (méfiance étant mère de sûreté). Mais depuis quelques jours, les Conseillers ont curieusement besoin de « travailler au calme », ce qui, une fois traduit du conseiller au français, signifie : « porte fermée, je peux passer mes coups de fil tranquillement ». Eh oui, c’est le moment de renouer de vieilles amitiés, de brasser des cartes de visite, éventuellement de rappeler d’anciennes faveurs s’il le faut : en un mot, l’heure de se recaser. On ne va sûrement pas attendre l’annonce officielle du remaniement pour ça ! Il sera alors trop tard. Rappelons qu’un Conseiller (et toutes les espèces similaires observables dans leur milieu naturel, le cabinet), sauf s’il est fonctionnaire et ce n’est pas franchement la règle, se retrouve au chômage à la seconde où le remaniement est annoncé. Alors chacun pour soi, et le téléphone pour tous !
3 – Le téléphone pleure
Mais en silence. Les Conseillers étant très occupés à s’inquiéter de leur prochaine source de revenus, ils ont un peu tendance à zapper tout ce qui n’est pas urgent. C’est-à-dire beaucoup de choses ! Par exemple les services de presse mettent la pédale douce sur les communiqués, et les ministres faisant d’ailleurs un peu moins de déplacements, il n’y a plus vraiment d’invitation presse à envoyer non plus. Des actions de communication ? C’est ptet pas le moment d’en lancer. Des réunions ? Sûrement peuvent-elles attendre. Résultat, les secrétaires sont moins appelées. BEAUCOUP MOINS. On n’en est pas encore au stade où on s’emmerde, mais avec les jours fériés de la semaine prochaine, c’est sûr, ça va arriver. C’est pas grave, à nous aussi, ça laisse du temps pour mettre nos CV à jour.
4 – Les premiers rats quittent le navire
Il y a du mouvement dans les effectifs des cabinets toute l’année, mais quand les Conseillers commencent à mettre les voiles en plein milieu de rumeurs de remaniement, le sens est différent. Chez nous, la palme revient en plus à un membre plutôt important dans le cabinet, plus par son rôle dans les rouages de notre fonctionnement que par l’importance de son titre (les mots « bras droit officieux » ont peut-être été prononcés par le passé). C’est un peu le top départ, et désormais il est assez clair que c’est le début de la fin du monde tel que nous le connaissons. Même si notre cabinet n’est pas touché par le remaniement en fin de compte, tout aura changé.
« Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles »…
C’est cool, ça, je serais pas en congés, ça m’aurait permus d’aller jouer au « mieux sachant que les autres » à la pause café !
« Vous savez, moa, je sens bien venir un remaniembt dans les semaines qui ciennent; voys sâvez, j’ai des reulations ! »
Félicitations, hein, c’est pas comme si tu passais pour un devin, maintenant 🙂