Lévrier absent

10 février 2013 à 22:03

Pour autant que j’aimerais vous parler de séries sur la bouffe indéfiniment (et Dieu sait que l’envie ne manque pas), à un moment je commence à manquer de matériel, rapport au fait que j’ai fini de rattraper les épisodes de dinner déjà sous-titrés, et que les saisons de Raw sont terriblement courtes. Retour, donc, à un menu gastronomique plus frugal, mais téléphagiquement tout aussi engageant je l’espère, avec cette fois une série néo-zélandaise, puisque TV3 a fait démarrer quelques nouveautés en ce mois de février, et notamment, depuis vendredi soir, Sunny Skies.

Ami téléphage, tu connais sûrement cette sensation : une série te plaît, tu la dévores avec délice, et quand vient la fin de sa saison et/ou de sa diffusion, tu es en deuil. Tu voudrais continuer à avoir des épisodes inédits à regarder, mais voilà : la source s’est tarie, c’est fini. Alors tu passes à la seconde phase de ton engouement pour la série, ce moment où tu cherches désespérément quelque chose de similaire, qui puisse servir de dérivatif. Le problème c’est que, et ça tout téléphage le sait, une série similaire, ce n’est quand même pas la même chose. Alors, une fois que tu l’as réalisé, tu peux tourner la page, regarder quelque chose de différent, et aller de l’avant.
L’an dernier, j’avais pu vous parler d’une comédie absolument charmante, Hounds, et j’avais pu vous dire combien son sens de l’équilibre était rafraîchissant, car, en dépit du fait qu’elle ait choisi, osons les mots, un sujet plouc, elle avait réussi à maintenir une certaine élégance dans son humour, et plus généralement dans ses situations. Après quoi je m’étais commandé le DVD, fait une intégrale pour la route, puis j’avais bien été obligée de passer à autre chose.

Mais chez TV3, par-delà les mers, on m’avait entendue. Et à défaut de renouveler Hounds (insérer ici quelques onomatopées peu amènes soulignant à quel point il serait quand même chic de renouveler Hounds), la chaîne a commandé un Hounds bis.

Voici donc Sunny Skies, une série dont le pilote fonctionne à peu de choses près sur exactement la même structure.
C’est-à-dire que dans le pilote de Sunny Skies aussi, un homme meurt, et son enterrement péquenaud est l’occasion pour sa famille de découvrir l’existence d’autres membres de la famille. Dans le cas qui nous occupe, le défunt, propriétaire d’un camping (on va y revenir), laisse derrière lui deux fils adultes qu’il ne connaissait pas, et qui ne se connaissaient pas. L’un est un père célibataire qui tente d’être bon copain avec son adolescente de fille mais qui n’a pas vraiment de plan dans la vie, l’autre est un snob aigri qui ne pense qu’à l’argent. Ca vous rappelle quelque chose ? Eh oui, là encore, on retrouve pas mal d’éléments présents dans le pilote de Hounds, avec deux personnages masculins centraux et diamétralement opposés, et une adolescente pour arbitrer. Là où Sunny Skies innove fondamentalement, c’est avec le personnage ombrageux de l’employée du camping, Nicki, dont l’équivalent est inexistant dans Hounds. Voyez, on n’est pas non plus dans la copie conforme…
Evidemment, le vieil homme a laissé à ses deux fils la responsabilité du camping, et évidemment, l’un ne peut vendre sans l’accord de l’autre. Evidemment.

Alors, ça fait plusieurs fois que j’ai prononcé le mot « camping », je vous vois commencer à vous affoler, et je veux vous rassurer : finalement, l’épisode parle beaucoup plus du camping qu’il ne le montre. Tout le pilote va consister à déterminer si oui ou non les frères vont tomber d’accord pour s’en débarrasser, ce qui ne semble pas une idée si exotique partant du principe qu’aucun d’entre eux n’y a posé les pieds avant cela et qu’on ne peut pas dire que l’endroit soit très glamour. C’est Nicki, qui tient à conserver son job et qui est aussi très attachée à l’endroit, qui va faire tout son possible pour défendre l’idée que le camping conserve ses deux propriétaires ; mais sans son insistance, soyons clairs, il n’y aurait pas de série !
On va également côtoyer quelques personnages vivant au camping, comme l’employé chargé de la réparation, Gunna, qui éprouve d’immense difficultés à porter un pantalon (ce sera le running gag le moins fin mais le plus récurrent de l’épisode) et qui ne fume vraisemblablement pas que du tabac, ou deux vieux habitués grisonnant qui s’avèrent être un couple gay (l’un de ces deux personnages est incarné par Mick Innes, déjà vu dans l’un des rôles principaux de… Hounds. I kid you not). On ne peut pas dire que l’originalité soit de la partie, et les personnages sont là où on les attend. Mais en choisissant immédiatement de personnifier le camping à travers ces personnages, Sunny Skies part du principe que cela va se jouer plutôt sur l’affectif que sur des gags impersonnels sur le public des campings ; on est dans une attitude finalement assez tendre où tout le monde est gentillement doux-dingue… là encore, ça rappellera comment Hounds traitait son sujet très populaire.

Vous le voyez, beaucoup de points communs entre Hounds et Sunny Skies, donc. Mais qu’avons-nous appris, ami téléphage, depuis des années que nous pratiquons ? Que : « une série similaire, ce n’est quand même pas la même chose ».

Et Sunny Skies va le prouver en manquant dramatiquement de finesse, aussi bien dans sa façon d’amener son sujet (comment ces deux types ignorent-ils qu’ils ont un frère ?!) que dans sa façon de le traiter. On est loin du numéro périlleux d’équilibrisme de Hounds au niveau des gags comme de l’émotion ! Ce pilote très précipité ne va à aucun moment prendre le temps de rendre un seul de ses personnages sympathiques, ou même simplement cohérent avec lui-même ; les dialogues agissent comme des gadgets pour faire avancer une intrigue cousue de fil blanc : à la fin de la demi-heure, il faut impérativement que les deux frères aient accepté de gérer le camping ensemble, et peu importe ce qu’il faut faire pour en arriver là. C’est sinistrement téléphoné, et en dépit d’une ou deux ponctuelles bonnes idées, ou en tous cas pas trop mauvaises idées, Sunny Skies va désespérément manquer de personnalité et de substance.

Dans ces conditions, j’ai un message personnel à l’attention de TV3 : RENOUVELEZ HOUNDS. Bordel, c’est pourtant pas compliqué, il suffit de préférer l’original.
Et d’ailleurs, puisque je vous tiens, vous avez déjà tenté Hounds ? C’est une petite série néo-zélandaise, je sais pas trop si je vous en ai parlé…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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