Mais whisperintherain et moi-même n’allons pas nous laisser abattre (…pas vrai, whisper ?), et voici aujourd’hui une nouvelle review de pilote, vaillamment écrite en bravant le froid, la neige, et l’ennui.
Comme dans les parages, on essaye de ne pas être sexiste, je ne vous dirai pas que Banshee est une série sévèrement burnée. Mais il ne fait nul doute qu’elle a été pensée comme ça, en tous cas. Le public de Cinemax n’étant apparemment pas d’une grande finesse, il fallait apparemment que quelqu’un, Alan Ball pour ne pas le citer, se dévoue pour leur traduire Justified ou même Longmire pour mal-comprenants.
Pas de méprise : Banshee n’est pas une odieuse merde. Au contraire, il y a deux-trois relatives bonnes idées, tout bien considéré. Mais clairement, l’innovation n’était pas dans son cahier des charges. Par contre, les charges de C4, si.
Tout commence avec la sortie de prison d’un mec qui ressemble à s’y méprendre à l’enfant illégitime de Chris Pine et Scott Speedman. Visiblement avare de ses mots, il fonce ni une ni deux dans le salon d’un… est-il supposé être un ami ? Est-il supposé être travesti ? Est-il supposé avoir du goût ? Ce n’est pas clair. Notre homme n’a en tous cas qu’une idée en tête : trouver une adresse, qu’apparemment l’autre essaye de lui cacher. Et bien que notre ami travesti de bon goût (ou pas, d’ailleurs, vu qu’il s’appelle Joe) tente de l’en décourager, c’est sans effet sur notre héros qui décide donc de prendre la route et rejoindre ladite adresse, qui, apprend-on, est celle d’une femme. Mais à peine se met-il en chemin qu’il est suivi par deux hommes étranges qui tentent de l’en décourager à leur tour, sauf que eux, c’est en lui tirant dessus. S’en suit une course-poursuite au centre-ville avec explosion de bus et tout le tralala. Heureusement, notre héros en réchappe et taille donc la route.
L’air de rien ça doit bien faire 10 minutes qu’on regarde Banshee, et on ne sait rien du personnage principal, surtout qu’il n’a ouvert la bouche que deux fois (le reste du temps, son visage est plus qu’impassible, et il s’exprime en martyrisant du matériel informatique ou en volant une moto). Si quelqu’un a dit son nom à voix haute, je ne l’ai pas entendu. Et surtout, on n’a pas la moindre idée sur la personne qu’il veut trouver, ni pourquoi, ni du coup pourquoi on veut l’en empêcher, ni même pour quoi il vient de faire de la prison.
Inutile de préciser qu’à ce stade, on comprend qu’on est là pour les explosions et les yeux fixes de Chris Speedman, et ça s’arrête là. Autant se faire une raison.
FAUX ! C’est quand Scott Pine arrive dans le bled paumé de Banshee en Pennsylvanie, en plein pays Amish, que les choses commencent à devenir intéressantes. Et pas que parce qu’on est en pays Amish (mais ça joue).
Après avoir tenté de retrouver la femme qu’il cherchait avec tant d’énergie au début du pilote, dont on comprend qu’il l’a aimée et qu’accessoirement il lui a laissé une petite fortune en diamants qu’ils ont volés ensemble (ah, c’est bien, ça répond à une question du pilote, déjà), sauf qu’elle ne les a pas et que, oh oui, il y a un détail aussi, elle s’est mariée pendant qu’il était en prison et a eu deux enfants.
Retour à la case départ, donc, pour notre ténébreux héros apathique, qui va donc noyer sa déception dans un bon whisky, comme un vrai homme. Mince, c’est vrai, on avait dit pas de sexisme. C’est dans le bar pouilleux du coin qu’il va rencontrer un vieux Afro-Américain, dont l’interprète ne doit son emploi qu’au fait que Morgan Freeman n’était pas tellement dans la bonne fourchette de prix de Cinemax.
C’est donc là que les choses se précisent car deux vilains méchants font irruption dans le troquet pour en racketter le patron, au nez et à la barbe de Scott Pineman et d’un autre client présent sur les lieux, le futur shérif de Banshee (mais il commence seulement lundi). S’en suit une nouvelle scène de baston où Chris Speedine se comporte en héros (même s’il le fait sans cligner une seule fois des yeux, parce qu’on lui a dit qu’il les avait beaux comme des pectoraux), et du coup, voilà notre brave type en train d’enterrer secrètement le cadavre du futur shérif… quand le téléphone du défunt sonne : c’est juste pour vérifier si tout va bien et s’il est prêt à prendre son poste ! Toujours sans ciller (c’était visiblement dans son contrat), notre ancien détenu va donc accepter d’endosser le rôle du shérif, prenant l’identité de Lucas Hood. OH MON DIEU CA Y EST IL A UN NOM ! Bon c’est pas le sien, mais ça aide quand même pour les reviews.
Grâce à ce léger mouvement de scénario qui prend un peu par surprise ceux qui piquaient du nez en pensant qu’il n’y aurait que des scènes d’action, Banshee sauve légèrement la face. Lucas Hood va donc devoir se faire passer pour un homme de loi, évidemment il prend ses fonctions dans la ville où vit son ex et les enfants que soi-disant elle a eu bien après qu’il ait été en prison (mais bien-sûr !) et où elle vit avec son mari, tout en mettant à profit ses compétences et connexions avec un monde pas très recommandable (dont Joe le tranvesti, qui a un collier qui envoie du bois, je vous laisse découvrir ça, mais qui surtout est capable de lui faire toutes sortes de faux-papiers pour qu’il devienne officiellement le vrai Lucas Hood). Tout cela en gardant à l’oeil le Tony Soprano local, un homme détestable qui s’appelle Proctor et qui tient en respect toute la ville de Banshee avec quelques hommes de main peu recommandables, tout en étant le plus affable possible avec chacun. La seule personne qui à ce stade connait le secret de Lucas Hood est ce bon vieux succédané de Morgan Freeman, qui ne va pas le trahir parce qu’il a aussi fait de la prison avant et qu’il comprend. Et par-dessus le marché, il est cherché par la mafia bulgare.
Si avec tout ça, Banshee vire au bête procedural, franchement, je plaque tout et je pars faire du fromage de chèvre dans le Larzac…! Forcément le Larzac.
Bon, clairement, Banshee n’a pas inventé l’eau chaude. J’aurais presque envie de dire qu’elle ressemble bigrement à une série des années 90, genre Le Rebelle, ce que tendent à confirmer les scènes de baston, l’épaisseur du personnage principal, et les choix esthétiques de Joe. Mais grâce à l’emprunt d’une fausse identité par son héros, les questions autour de son ex (qui, ah oui je vous ai pas dit, est mariée au procureur du coin ; joie) et potentiellement de sa marmaille, et les rapports avec Proctor, Banshee promet un peu plus qu’un format répétitif qui pue du script.
Pour être sincère, dans ce cocktail, finalement c’est Lucas Hood qui se retrouve être le plus ennuyeux de tout l’épisode ; il est creux, ne semble pas avoir de background si ce n’est qu’il sort de prison, n’exprime aucune forme d’émotion (c’est son ex, pourtant mariée et heureuse en ménage, qui pense encore à leurs étreintes passées ; ah oui parce qu’évidemment il y a quand même une scène vaguement sexy, il faut justifier d’être sur le câble), et si encore il avait de l’humour, ça passerait, mais comme « Lucas Hood » doit avoir prononcé un grand maximum de 200 mots dans tout le pilote, ça semble difficile à apprécier pour le moment. Je comprends bien que pour le viril public de Cinemax, il est supposé représenter le point d’entrée, le héros universel auquel on peut s’identifier (on est humble comme ça quand on regarde Cinemax !), et donc moins il a de caractéristiques trop particulières, mieux c’est. Mais même un personnage universel et passe-partout peut avoir, vous savez, ce petit truc qui s’appelle de la personnalité. Bon déjà il a des yeux clairs et de beaux pectoraux poilus, on peut pas tout avoir dans la vie.
Mais pour ceux de ma génération qui ont grandi devant les séries d’action pas trop compliquées qui envahissaient les écrans à une époque (et le public de Cinemax est pile dans la bonne tranche d’âge), nul doute que Banshee remplit parfaitement sa mission d’être pas trop prise de tête, pas trop intelligente, pas trop raffinée. Qu’importe le grain, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Il s’agit avant tout de passer une heure à gratter les co-… pardon, se gratter les attributs génitaux de votre choix, en regardant un truc qui bouge, qui fait du bruit, et avec un petit téton qui frétille ici et là éventuellement.
Cependant, de vous à moi, et cette dernière phrase est à prendre sur le ton de la confession, avec toute l’indulgence que ça implique… je commence un peu à me demander si Alan Ball n’a pas sous-traité l’écriture de Six Feet Under.
Alors en fait, Alan Ball est juste producteur exécutif de la série. A savoir à quel point il a participé à la série ou a juste confié son nom pour que la série soit vendue un peu dessus… Sinon j’ai pas trouvé ça transcendant. On essaie de rendre des persos iconiques un peu comme dans les séries HBO, dont on partage un ton très sérieux et adulte… Pour une série très 1er degré.
Quoique, Alan Ball… Comme dans SFU et True Blood, il aura pas fallu 5 min (j’exagère à peine) pour qu’on ait une scène de cul pas dans un lit, et puis il y a l’ultra-violence de la série. Les années 90, oui, peut-être, mais Chuck Norris et ses combats mous du genou prennent un petit coup de vieux quand même…
Sinon, l’acteur principal, j’ai cru au départ que c’était J.R. Bourne, vu dans Teen Wolf et The Secret Circle !