Ah, si, ça me revient : je voulais qu’on parle de Legit ce soir.
Parfois il m’arrive d’avoir l’illusion d’être bon public en matière d’humour trash. C’est une croyance que j’ai héritée de quelques visionnages de trop de séries comme Action!, et hélas, j’entretiens cette auto-fiction depuis lors. J’en suis la première victime, croyez-moi. Parfois je lance un pilote où l’humour est franchement de mauvais goût, et je m’attends à aimer, mais pas du tout. Parfois ça marche encore, cependant, alors ça fait perdurer le mythe et c’est encore pire.
Avec Legit, curieusement, j’étais dans les deux situations. A certains moments, j’étais tellement mal à l’aise que j’étais à un clic d’éteindre l’épisode et juste oublier que j’avais vu ce pilote. Et d’autres fois, j’ai sincèrement ri.
Le passage le plus difficile de ce premier épisode a été… le début. Un début de pilote, c’est un moment important, qu’il ne faut pas rater ; quand un début de pilote est raté, il faut le dire, et c’est le cas de Legit. C’est lamentable. La scène au service de l’immigration traine en longueur et n’est pas drôle.
Clairement, l’épisode a commencé volontairement sur cette scène histoire d’annoncer la couleur tout de suite, et de frapper un grand coup, indiquant ainsi dans quel type d’humour on était. Sauf que ce n’est pas juste une blague de mauvais goût, c’est une blague de mauvais goût pas drôle… Ce sont les pires.
Fort heureusement, à partir du moment où Jim commence à s’occuper de Billy, le frère de son meilleur ami Steve, les choses commencent à s’arranger. Enfin, disons… ponctuellement. Il y a des passages où la blague continue d’être de mauvais goût et pas drôle, mais il y a aussi des moments sincèrement drôles, notamment parce que Billy est joué par D.J. Qualls qui derrière son apparence maladive (ainsi que le prouve son CV) cache un solide comique.
Il y a dans le seul pitch de cet épisode beaucoup de choses qui sont douteuses ; après tout, il s’agit d’emmener un paraplégique sur le point de mourir dans un bordel afin qu’il se fasse dépuceler avant de rencontrer son Créateur. Pas très classe, il faut l’admettre. Mais étrangement, le road trip qui s’en suit est à la fois drôle et touchant, et il y a de vrais bons moments même pendant la séquence avec les prostituées… même si tout cela est en minorité, noyé dans un épisode pas franchement futé. Et quand c’est drôle, c’est essentiellement parce que, même quand Jim Jefferies met à côté, les moues de D.J. Qualls remettent tout de suite la bonne ambiance (un peu aidées par le montage, certes).
En fait, plus j’y pense, plus c’est à Qualls et non à Jefferies qu’il faudrait offrir d’avoir son propre show, mais bon…
Alors on passe l’épisode dans une situation d’inconfort, avec, parfois, un rire qui s’échappe, dont on aurait presque honte, pour un peu. Mais personne ne nous regarde, alors ça va.
Même quand on a traversé tout ça, au final, Legit reste assez peu claire sur ses intentions. On sait juste que Jim est un connard fini qui veut vaguement essayer d’être un chic type (il le fait parce qu’il espère que ça lui permettra de faire tomber les filles, bon, c’est une raison qui en vaut une autre…), mais l’épisode n’est pas très clair sur la structure à attendre derrière : va-t-il dorénavant uniquement être bon vis-à-vis de Billy (et tirer partie de son statut de paraplégique pour attendrir les femmes) ou essayera-t-il d’aller au-delà ? En tous cas on n’est clairement pas dans un épisode de My Name is Earl, ça c’est clair ; le personnage n’est pas spécialement motivé pour améliorer ses actions, il n’y a ni évènement déclencheur qui l’y pousse initialement, ni vague gimmick pour lui rappeler sa bonne résolution ensuite, et puisqu’on en est à faire des comparaisons, le personnage n’a rien de sympathique et son meilleur ami Steve n’a rien d’un sidekick amusant non plus.
Au final, en dépit d’un très mauvais démarrage, et de passages parfois tombant à côté de la plaque, le pilote de Legit est… regardable. Tout juste. Disons qu’il y a deux, peut-être trois scènes qui méritent d’être vues. Mais je ne continuerai pas à regarder la série, ça c’est sûr. Qu’on soit bien clairs : les termes du défi, c’est juste regarder le pilote ! Hors de question que je m’en inflige plus.
Vous voilà prévenus.