Il faut que jeunesse se passe

7 janvier 2013 à 23:44

Lentement mais sûrement (c’est un défi annuel, donc pas la peine de se bousculer dés la première semaine), j’avance dans mon défi du Secret Diary of a Cinephile.
Aujourd’hui, c’était le tour de Moonrise Kingdom, un film à la fois tendre et désabusé, qui pour une raison folle, collait parfaitement à mon humeur du jour, alors que la seule raison pour laquelle je l’ai regardé, c’est parce que Timekeeper me l’avait chaudement recommandé (je n’avais même pas lu de résumé !). Quand un cinéphile averti vous dit que c’était le film de toute son année 2012, on ne discute pas !

Le visionnage étant passé, je dois dire que pour ce soir, outre mon « enthousiasme blasé » pour ce film étrange (j’essaye d’assortir au ton du film), j’ai surtout une question : quelle est l’explication de notre fascination pour les enfants qui se comportent en adultes ?

Films, séries, littérature… la fiction déborde à ras bords de personnages jeunes mais se comportant avec la maturité des adultes… le sous-entendu étant souvent, d’ailleurs, qu’ils en ont plus que les adultes (lesquels ont perdu soit la tête, soit leurs illusions).

Le pire c’est que bien souvent, plus l’enfant est jeune, plus il est intelligent et mûr. Rappelez-vous du bagoût de personnages comme Olivia dans le Cosby Show ou Punky Brewster dans la série du même nom ? Le phénomène à la télévision concerne énormement de personnages de moins de 10 ans, parfois même moins de 5, capables de river le clou aux plus âgés, dotés d’une grande culture (rappelez-vous de Franklin dans Ma famille d’abord… oh mon Dieu je n’ai pas encore réussi à éliminer tous mes souvenirs de Ma famille d’abord, à l’aide !), bref, n’ayant rien à nous envier, bien au contraire. On parlait de ce genre de personnage avec Spy il n’y a pas si longtemps. Ces personnages conservent immanquablement une part de naïveté adorable qui fait d’eux, instantanément, des créatures charmantes, au lieu d’être des monstres MENSAïesques.
Et si vous croyez que le phénomène est circonscrit aux séries à vocation comique, détrompez-vous : n’est-ce pas aussi sa maturité qui est l’atout principal de Rory Gilmore ? C’est ce qui lui permet de comprendre et parfois consoler sa mère, et permet de tisser ce lien incroyable entre les deux Gilmore Girls, qui est à la base de la série…
La maturité de ces enfants qui ont grandi [trop] vite est également au coeur de multiples intrigues à fendre le coeur, comme dans Mother (le mythe de l’enfant mature est particulièrement vivace, d’ailleurs, dans nombre de fictions asiatiques ; d’ailleurs le fait que désormais on attribue des rôles d’adultes incarnés par des enfants, comme dans Kodomo Keisatsu ou Kodomo Keisha, est assez parlant).

Evidemment, plein d’autres exemples peuvent être trouvés, dans toutes sortes de médias. Mais je me rappelle m’être déjà fait la réflexion pendant la lecture du livre X-Men and Philosophy : chaque fois qu’un personnage est d’une grande maturité ET capable d’immenses pouvoirs, il s’agit de quelqu’un de jeune (une jeune femme, même) à l’instar de Rogue et surtout Layla Miller. De qui dépend le monde ? Quand même vachement d’elles, comme en témoignent les histoires capitales de la franchise où elles tiennent un rôle essentiel…

Pourquoi tant de fictions aiment-elles donc jouer avec l’idée qu’il existe des êtres ayant, en quelque sorte, le meilleur des deux mondes : la connaissance du monde adulte, et l’innocence de l’enfance. Il y a une part d’identification, je suppose : on incite le spectateur ou lecteur à imaginer être lui aussi un être intelligent, mais encore pas tout-à-fait creux et vide comme la plupart des adultes endurcis apparaissent l’être dans beaucoup de médias. Il y a également le problème du jeunisme, qui est vendeur. Mais au-delà de ça, je pense qu’il y a une vraie fascination, et une partie de son mystère me reste insondable.
Moonrise Kingdom aurait pu être écrite avec pour héros des adultes un peu détachés et blasés mais qui s’aiment d’un amour vrai. Choisir de le faire avec des enfants (et de peupler le film entier avec des enfants s’exprimant de façon monocorde, et des adultes hystériques ou à tout le moins expressifs) n’est pas, pardon pour le jeu de mots, innocent.

Juste une suggestion, mais… et si on laissait les gosses être des gosses ? C’est évidemment un procédé qui fonctionne sur le coup, mais je sais pas, à bien y réfléchir, ça me fait un peu de peine.

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1 commentaire

  1. bw dit :

    ça me fait penser à south park qui allie très bien l’innocence et la naïveté des gosses ayant à composer avec la réalité dure des mondes des adultes, j’y vois aussi une façon de faire avaler la pilule au spectateur sans trop le culpabiliser car après tout on se dit que c’est des enfants et qu’en grandissant eux aussi verront leurs idéaux baffoués…

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