Belle à en mourir de jalousie

29 décembre 2012 à 21:36

C’est en cherchant le pilote de la série pour la jeunesse Dead Gorgeous pour le boulot que je suis tombée sur celui du drama Drop Dead Gorgeous ; ce sont des choses qui arrivent. Comme je ne suis pas une malpolie, j’ai donc regardé celui de Drop Dead Gorgeous ! Sérieusement, vous m’avez déjà vue refuser de tester un pilote ? Bilan des opérations, me voilà avec une nouvelle série dans mon planning !
Comment on en est arrivés là ? Pour mieux comprendre ce phénomène, revenons sur ce pilote…

Lancée en 2006 par BBC Three, Drop Dead Gorgeous raconte comment une jeune adolescente, Ashley Webb, est découverte complètement par hasard par un bel après-midi, et comment elle devient mannequin. Jusque là, rien de très affolant ; j’irai même jusqu’à dire que sur le papier, il n’y a aucune raison de regarder Drop Dead Gorgeous plus qu’il n’y en avait de s’infliger The Beautiful Life.
Mais ce qui fait toute la différence, c’est que Drop Dead Gorgeous est profondément authentique, à la fois dans sa façon de développer l’histoire, et dans le ton qu’elle emploie pour le faire. Bien que passant par quelques clichés vraisemblablement incontournables, le pilote va entièrement se dérouler du point de vue de la famille d’Ashley, plus que d’Ashley elle-même, permettant ainsi à la fois aux personnages et surtout, aux spectateurs, de garder les pieds sur terre. On ne cherche pas ici à vendre du rêve, mais plutôt à se demander ce qu’il se passerait si une adolescente parmi tant d’autres se voyait offrir un embryon d’opportunité.

Les Webb sont en effet un couple de la classe moyenne complètement normaux, habitant une modeste barraque toujours en bordel avec leurs trois enfants, et travaillant dans des boulots assez peu glamour (elle travaille dans une cantine scolaire, il est garagiste). Les deux filles ainées, Ashley et Jade, s’entendent à merveille ; il faut dire que Jade est une adolescente très assurée, assez fière de ce à quoi elle ressemble, et qu’Ashley de son côté est un peu renfermée et toute disposer à laisser sa soeur jouer la star de la famille ; elles ont aussi un petit frère qui se situe dans ce que mes parents avaient coutume d’appeler « l’âge con », avec lequel elles se chamaillent régulièrement. Rien que de très classique, donc… jusqu’à ce qu’un jour, alors qu’elle sont en train de papoter dans un troquet, Jade et Ashley sont approchées par une découvreuse qui promet que l’une des filles pourrait tout-à-fait faire carrière dans la mode. Mais cette fille, c’est la grande et élancée Ashley ; Jade est trop petite pour le mannequinnat. Imaginez la claque, un peu.

A partir de là, le pilote de Drop Dead Gorgeous va donc consciencieusement surveiller la façon dont les choses évoluent : le premier coup de fil, la viste d’un manager venu d’une agence locale pour signer Ashley, le premier contrat…
Les choses vont assez vite mais, l’épisode durant la bagatelle de 56mn, on aura aussi le temps de vivre, aux côtés des parents Webb, les questionnements inhérents à la situation : faut-il laisser Ashley s’embarquer là-dedans ? Et sa santé ? Et ses études ? Et sa soeur ? Et on n’y connait rien !
Ces parents modestes se retrouvent à prendre des décisions qu’ils n’avaient pas prévues ; et une fois qu’elles sont prises, encore faut-il les assumer, car entre accepter qu’Ashley signe hypothétiquement avec une agence, et le moment où il faut accompagner celle-ci en plein milieu de la journée à un photoshoot calé dans l’urgence, il y a une différence.
Toute la famille se retrouve changée par la nouvelle vie d’Ashley ; il y a les copines qui sont super fières, les « ennemies » au lycée à qui on peut maintenant river le clou, bien-sûr, mais il y a aussi le fait que le partage des tâches à la maison a changé maintenant que Pauline, la mère, suit Ashley dans tous ses engagements pour veiller sur elle, et que c’est le père, Terry, qui doit assumer la préparation du dîner, par exemple. Ce n’est pas grand’chose en théorie, mais dans l’intimité de cette petite famille, c’est vraiment déstabilisant, même si tous s’adaptent, dans un premier temps, de bon coeur.

Enfin, non : pas tous. Le personnage de Jade, en particulier, est au moins aussi important dans la série que celui d’Ashley ; profondément blessée par le fait qu’elle n’ait pas été considérée plus belle que sa soeur (ou, au pire, aussi belle), elle va passer une bonne partie de ce pilote à être à la fois ravie pour sa frangine, jalouse, et en même temps, peinée par les retombées sur sa propre vie, qu’il s’agisse d’aider un peu plus à la maison pour les tâches ménagères ou de voir que son petit copain regarde Ashley bien différemment maintenant qu’il sait qu’elle est prise en photo par des professionnels. Jade va donc se retrancher à la fois dans un comportement passif-agressif, et régulièrement envoyé des piques à sa soeur sans raison valable apparente, et aussi souffrir secrètement. On sent vraiment l’adolescente meurtrie au dernier degré, qui n’est pas mauvaise par nature et qui donc aimerait se réjouir sincèrement pour ce qui arrive à sa soeur et meilleure amie, mais qui n’y parvient pas tout-à-fait et qui a besoin de l’exprimer d’une façon ou d’une autre (ce sera donc les remarques assassines en public, et les larmes quand elle est seule). Qui plus est, depuis qu’Ashley fait l’objet de tant d’attentions, Jade, qui était auparavant la petite reine des abeilles de son entourage, devient aussi, progressivement, transparente. Alors certes, cette opportunité va faire des merveilles pour la confiance en soi d’Ashley, qui en avait bien besoin, mais elle va aussi causer du tort, on le sent bien dans cet épisode, à sa soeur, désormais obligée de vivre dans son ombre… quand bien même Ashley se contente pour le moment de faire quelques photos de maillots de bain pour une pub dans les pages locales.

Outre des personnages très touchants (essentiellement Jade et Pauline, très présentes dramatiquement), Drop Dead Gorgeous, c’est aussi voire même avant tout une façon de filmer la famille Webb qui est incroyablement tangible. Rarement une série aura été capable de me donner l’impression d’être aussi réaliste. Si vous êtes comme moi et que, quand vous pensez au quotidien dans votre famille, dans votre enfance, vous vous souvenez des dîners préparés vite fait dans une poëlle, de la lumière un peu jaune de la cuisine le matin au petit déjeuner, des bisbilles avec la fratrie sur le canapé après l’école, les disputes mais aussi les silences, les conversations qui sont un peu creuses mais qu’on a forcément, juste parce qu’on vit ensemble… bref, de tout ce qui n’est jamais montré dans 99,999% des séries sur le quotidien des personnages, et qui forme pourtant 99,999% de leur quotidien, eh bien c’est ça, ce que tient Drop Dead Gorgeous.
D’une façon rare et difficile à expliquer, la série parvient à vous donner l’impression de partager tout ce qui constitue les banalités triviales de la vie de famille, de la vaisselle qu’on n’a pas envie de faire à grand’mère qui regarde ses feuilletons à la télé, alors que, quand même, la vie de la famille Webb n’a justement plus grand’chose de banal…

C’est ce qui rend la série profondément attachante, finalement, bien plus que son sujet. En choisissant de rester extrêmement humble, et de s’intéresser dans le détail à la façon dont vit et fonctionne cette famille, Drop Dead Gorgeous instaure immédiatement, plus encore qu’une mécanique d’identification (même si effectivement les Webb pourraient être absolument n’importe quelle famille, donc la vôtre), une ambiance de proximité et d’authenticité.
En fait c’en est même destabilisant, parce que dans les premières minutes du pilote, je passais mon temps à attendre qu’il se passe « quelque chose », je sais pas, un truc important et tragique, genre Ashley devient immédiatement une superstar, ou les Webb refusent qu’elle signe et Ashley doit faire des photoshoot en secret, ou Ashley se fait violer pendant une prise de vue, ou Ashley meurt et Jade doit prendre sa place, ou j’en sais rien !!! Mais quelque chose de gros, quoi. C’est triste à dire : je suis encore trop formatée par les séries américaines ! Mais progressivement, j’ai compris que ce n’était pas ce dont parlait Drop Dead Gorgeous, et qu’on n’était pas sur la CW ou même ABC Family. Et ça m’a plu, quand je l’ai compris.

Bon alors, cette histoire de poursuivre la série, donc, que j’évoquais plus haut. Oui, je vous l’accorde, c’est pas exactement le moment, avec le marathon Jack & Bobby, les reviews entamées qu’il faut que je finalise, et tout et tout… plus le fait que j’ai décidé de refaire un challenge ciné en 2013. C’est clair, ça tombe mal. Mais pour ma défense, les deux saisons de Drop Dead Gorgeous durent respectivement 4 et 6 épisodes… donc je devrais m’en sortir. Et pour être tout-à-fait franche avec vous, j’adore quand ce genre de coup de coeur me tombe dessus, donc je râle surtout pour la forme. Qu’est-ce qu’on fait, on se retrouve pour un bilan de la série quand j’ai fini ?

Voilà et maintenant, un vote à main levée : combien de fois, en lisant le titre de Drop Dead Gorgeous, avez-vous pensé à Drop Dead Diva ? Soyez pas timides, dites-le moi franchement ; en ce qui me concerne, au cours de la rédaction de ce post, mon clavier a fourché trois fois.

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2 commentaires

  1. Timekeeper dit :

    Je lève la main.

  2. Scarlatiine dit :

    Je lève aussi la main… et me mets à la recherche du pilot xD

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