whisperintherain, je n’en doute pas un instant, se chargera également de vous donner ses impressions sur le pilote, et à ce moment-là, la bannière au cas de ce post vous y conduira ; en attendant, souffrez que je vous dévoile ma review du premier épisodes des Revenants.
On l’attend comme le Messie. Encore et encore et encore. Chaque fois qu’une série décente apparait à la télévision française, on parle de faire un pas en avant. Quand c’est une série qu’on peut qualifier de bonne, je peux ressentir l’euphorie générale jusque dans ma tanière solidement taillée dans une montagne d’a priori en anti-fiction française brute. Il y a quelques mois, j’avais réussi, pour la première fois, à me mettre au diapason de cette violente envie d’espoir, avec Ainsi Soient-Ils.
Mais ce n’est jamais assez. Ce n’est jamais la série que l’on attend. Ce n’est jamais le coup de poing que l’on voulait se prendre dans les gencives. Il y a toujours les petites choses qui ne vont pas, les acteurs plus laborieux que les autres, les lignes de dialogues un peu plus raides qu’il ne faudrait, le twist un peu plus simpliste qu’on ne le voudrait. Alors, une série française passe et on se tourne vers la suivante. Et pour moi qui ne me suis sérieusement mise à tester des séries françaises qu’en 2012 (c’était mon défi de l’année, pourrait-on dire), il y avait cette impression de se joindre au mouvement de téléphages-tournesols qui suivent la courbe du soleil mais finissent toujours par rebaisser la tête quand la nuit tombe ; il n’y a jamais assez de lumière, pour les téléphages exigeants, qui vienne des séries françaises. Le terme « fiction française » est autant porteur d’espoir, que de lourds sous-entendus sur l’incapacité de notre télévision à le concrétiser.
Cet automne, je trouvais qu’arte se débrouillait plutôt bien avec Ainsi Soient-Ils. Et puis j’ai vu le final de la saison 1 et j’avoue avoir eu un soupir désabusé : non, Ainsi Soient-Ils n’était pas la série française que j’attendais de voir un jour.
Allez, chère télévision française, jouons encore ! …Peut-être que ce sera cette fois le cas des Revenants ?
En tous cas, au regard du pilote, il y a de fortes présomptions pour qu’enfin, on puisse dire qu’une série française est vraiment très, très, très solide, sans réprimer l’envie de faire venir un « mais » juste derrière. Les Revenants, c’est une série de genre qui fait tout ce que font les meilleures séries de genre : être un bon drama. Et ça, forcément, ça ne pouvait que me charmer.
Tout commence avec une scène glaciale, en ouverture du pilote, avec un car rempli d’adolescents, qui quitte la route. Plus tard, une jeune fille qui était à bord du bus réapparait ; elle remonte en toute hâte, à pieds, le chemin qui la conduit chez elle, ignorant qu’elle y est pleurée depuis 4 années.
C’est dés sa première séquence qu’il est clair que Les Revenants ne nous laissera aucune forme de répit. Les personnages auront beau respirer l’air pur des montagnes, l’épisode va intégralement exhaler une oppressante odeur d’ozone ; sous les néons qui palpitent, la tension est présente à chaque instant, une impression renforcée d’ailleurs par l’excellence du thème musical secondaire (qui relève à vrai dire assez souvent du bruitage, comme les respirations sifflantes et étouffées d’Oz savaient le faire). Alors que quelque chose semble aspirer l’énergie vitale de cette petite ville ordinaire, le spectateur retient instinctivement son souffle…
Comme l’annonce très clairement le panneau qui ouvre l’épisode avec le prénom de Camille (c’est notre fameuse « rescapée »), la série fait aussi le pari de ne pas tout-à-fait se la jouer ensemble show, et son pilote affiche des ambitions de semi-anthologie. Les Revenants sera l’histoire de plusieurs revenants, à n’en pas douter, c’est quand même dans le titre, et nous en effleurerons les vies (ou plutôt, les re-vies) au cours de cet épisode, mais de façon très fugace. Seule Camille fait vraiment l’objet des attentions scénaristiques.
Son cas est à la fois emblématique (une mort tragique, des parents endeuillés qui ne sont que joie à son retour, du moins passée la surprise) et, on le sent, exceptionnelle (le retour des autres personnages n’a rien du happy end). La storyline fonctionne donc parfaitement pour un épisode d’introduction, qui cherche à nous dresser les grandes lignes des interrogations suscitées par ces retours à la vie. Les aspects mythologiques, car il y en a (cette seule nouvelle devrait faire frémir de joie jusqu’au moins captivé d’entre vous par le pitch de la série), sont également caressés l’espace de quelques scènes-clés, mais volontairement limités.
Car ce que veut faire Les Revenants, ce n’est pas simplement vous pousser à vous demander comment ces anonymes reviennent à la vie, ni même pourquoi (ce qui suppose une réponse encore plus terrifiante, d’ailleurs). Evidemment, ces questions sont incontournables, ainsi que quelques autres, notamment en rapport avec Victor (si je fais des cauchemars à base de petit garçon de 8 ans, je saurai qui blâmer). Mais ce n’est pas vraiment ce sur quoi s’appuie majoritairement l’épisode.
A la façon de ce que faisait Babylon Fields (à propos de laquelle vous pouvez d’ailleurs vous rafraîchir la mémoire à l’aide des tags), le retour de ces personnes pose la question du temps qui passe, leurs proches ayant poursuivi leur vie, et pansé leurs blessures.
A cet égard, le cas de Camille, une fois de plus, est le plus parlant, puisque la jeune fille a une soeur jumelle qui n’était pas dans le bus ce jour-là, Lena, et qui a continué de grandir. La scène pendant laquelle les deux soeurs se croisent est terrible, et bien plus violente, en fait, que la plupart des images volontairement plus choquantes de cet épisode, et il y en a quelques unes. On ressent dés ce premier épisode, par procuration via les personnages qui ont survécu à leurs proches décédés, une sorte de culpabilité d’être en vie, une cassure non seulement venue du fait que l’autre est mort, mais aussi du fait que quand il revient, on ne l’a pas attendu ; on l’a trahi.
C’est évidemment une sensation très puissante, et elle imprègne les différentes storylines de ce pilote à différents degrés, tous rendant extrêmement palpable cette question du deuil qu’on voudrait continuer de porter, mais qu’on ne peut pas ; des douleurs qu’on voudrait nourrir, mais qui s’apaisent juste assez pour qu’on s’en veuille. Il y a les revenants, et il y a ceux vers lesquels ils sont revenus. Ce sont eux, les héros de ce pilote, à mes yeux (et puis en toute franchise, la plupart des revenants ne semblent pas avoir conscience de ce qui leur arrive).
La différence majeure avec Babylon Fields (outre l’ambiance beaucoup plus étouffante et, paradoxalement, réaliste), c’est que les circonstances de la mort de la plupart des chers disparus n’ont qu’assez peu d’importance (même si la fin de l’épisode a semé le doute dans mon esprit).
On sait comment Camille a trouvé la mort, puisque deux scènes, au début et à la fin du pilote, le montrent explicitement, en revanche on ne le sait pas pour la plupart des autres, et on ne se pose même pas la question. J’aime que cet aspect soit si peu intéressant pour les scénaristes à ce stade, même s’il ne fait pas grand doute dans mon esprit que, selon les cas, la question vaudra peut-être la peine d’être évoquée, comme dans l’histoire de Monsieur Costa.
Les prochains épisodes, à n’en pas douter, nous permettront d’avancer plus avant dans le mystère de ces retours, ainsi que sur l’identité et/ou la nature de Victor, qui se pose immédiatement comme un revenant à part. La plongée dans les eaux troubles du barrage voisin réserve également, c’est certain, bien des surprises. A ce stade, je n’ai l’impression qu’aucune réponse ne se pose comme une évidence, et cela me plaît, car c’est un sentiment rare.
Les épisodes nous permettront aussi, c’est une promesse et au vu du pilote, c’est celle qui a le plus de chances d’être la mieux tenue, de pénétrer l’intimité de chacun de ces revenants, y compris dans l’intrigue qui se crée vers la fin de l’épisode, et qui très franchement est, avec l’histoire de Camille, celle qui m’attire le plus d’un point de vue dramatique (là encore, une image choc bien saisie, d’ailleurs). Mais d’une façon générale, il est clair que ce sont ces éléments qui ont la préférence des scénaristes, ce qui me les rends immédiatement sympathiques, car il s’avère que c’est une préférence que je partage.
Mais je triche. J’essaye de vous dire que j’ai apprécié le pilote des Revenants, et qu’une fois arrivée à son terme, je me suis enfoncée dans mon fauteuil, je me suis gratté le menton, et je me suis dit : « alors, je l’ai aimé, ce pilote ? Il était bon ? Pour la suite, ça semble prometteur ? ». Et ce n’est pas vrai. Ce n’est pas du tout comme ça que ça s’est passé.
J’ai su que j’allais aimer Les Revenants… quand j’ai vu les papillons. Quelqu’un qui a cette idée magnifique ne peut pas faire une mauvaise série, j’en suis convaincue. Le pilote l’a confirmé ensuite.
Maintenant excusez-moi, il faut que j’aille dans ma FNUC réserver le coffret DVD de ma nouvelle série française préférée, qui sort mercredi. Pardon, je me corrige : le coffret DVD de ma première série française préférée.
Alors c’est donc vrai. L’espoir fait vivre.
J’ai personnellement complètement décrochée des séries françaises depuis des années.
J’ai jeté l’éponge. Aucun espoir…
À quoi est dû cette nullité??? Du mépris pour le média??? Pourquoi la création télé peut-elle être si florissante à l’étranger et si pathétique en France?
Aurais-tu des pistes d’explication?…
A aucun moment tu ne fais allusion aux 4400 (excellente série) ça n’a donc rien a voir ?
Je craignais un twist final où tu nous révélais de grosses réserves sur la série. Content que tu aies aimé aussi du coup ^^
La série m’a eu aussi avec la scène des papillons je crois. Couplée avec la musique (BO impec’ au passage), rien que cette séquence, c’était fantastique. J’en ai eu des frissons. Et plein d’autres après d’ailleurs. Des frissons que je n’aurais jamais cru possibles devant une série française. L’impression se confirme 8 épisodes plus tard. Jamais une série française ne m’a fait autant vibré. J’ai pensé un moment que c’était justement, parce que c’était une série française et donc que mes attentes étaient plus basses que ça passait. Mais à la vue de l’impressionnante gestion du large cast, de l’écriture efficace des twists et cliffs, de la mise en scène toujours sublime et même du jeu des acteurs, qui a peut-être pu poser problème pour certains; je maintiens: Les Revenants va bien au-delà de tout ce que je pouvais espérer pour une série française. Aller, je vais même dire que c’est la meilleure nouveauté de cette rentrée que j’aie vue. Bien sûr, il faut bien reconnaître que tout n’est pas parfait, je l’ai surtout noté en milieu de saison avec pas mal de raccourcis de certaines intrigues pendant que d’autres connaissaient des sortes « d’errements » (notamment avec le cas de Lena) Il y a aussi la crainte que la série ne s’empêtre dans les questions qu’elle multiplie… mais dans ce cas là, même si par la suite elle ne s’en sort pas au niveau des réponses, elle a déjà le très grand mérite pour une série française de développer une riche mythologie, comme tu dis. En dehors de ça, je n’ai vraiment pas de grands reproches à faire à la série et je pense que le phénomène qu’elle engendre et même les éloges qui en font peut-être trop, sont tout à fait mérités. J’en suis très heureux, parce qu’une série française aussi réussie, ça se crie sur tous les toits tant c’est rare et tant il faut que les gens sache que c’est possible.
Je ne l’ai pas fini mais j’ai commencé la série grâce à ton billet ! Il m’a intrigué et je ne regrette pas – pour le moment ! -. J’ai beaucoup aimé le pilote. Une atmosphère très sombre et très simple… Et surtout très réaliste alors que l’idée des revenants est loin de l’être. N’ayant jamais vu de série avec ce thème, j’ai été plutôt troublée… Beaucoup de questions ont été soulevées et j’ai hâte de voir les réponses qui vont être données ! Par contre, à la fin du pilote, j’avais du mal à considérer que Simon, Camille et les autres étaient morts.. Il y avait quelque chose de tellement naturel…