Puisque nous sommes arrivés à la mi-décembre, je vous propose de faire un propose de faire un petit « point Julkalender », histoire de voir un peu ce que les chaînes des pays scandinaves ont à offrir…
Le Julkalender ? C’est cette tradition qui remonte à l’année 1960 ; à l’époque, en Suède, SVT met en place une sorte de calendrier de l’Avent télévisuel. Le concept est simple : il s’agit d’inventer une série sur le thème de Noël, regardable par toute la famille, et d’en diffuser un épisode chaque jour à la même heure, jusqu’à la fameuse journée de Jul, avec un total de 24 épisodes (puisque dans ces pays, on fête Jul le 24 décembre, et non Noël le 25). Progressivement, l’idée a fait son chemin ; DR, au Danemark, a repris l’idée, puis YLE en Finlande, et NRK en Norvège avant la fin des années 60. Si bien que désormais, c’est une tradition dans toute la Scandinavie que de se rassembler, chaque jour, devant la télévision, pour apprécier un conte de Noël… pardon : de Jul… en famille.
Loin d’être des productions au rabais, ces séries de l’Avent sont souvent de belles productions soignées, tant à l’écriture qu’à la réalisation, et se taillent bien souvent une place de choix à la fois dans le coeur du public et de la critique. Certaines obtiennent même des nominations, voire des récompenses lors des cérémonies télévisuelles comme les Gullruten ou les Kristallen ! En un mot : ce sont de véritables évènements.
Si vous le voulez bien, voyons donc ce que les principales chaînes proposent depuis le 1er décembre.
En Norvège, d’abord, c’est Julekongen qui a démarré sur NRK Super (la chaîne publique dédiée aux enfants) à 18h25. La série raconte comment Kevin, un petit garçon un peu solitaire mais passionné par le bricolage, voit Jul tourner au désastre alors que des champignons ont été découverts dans sa maison, et que le 20 décembre, leur famille sera donc mise dehors. Comment célébrer la fête la plus importante de l’année dans ces conditions ? Pire encore, la famille de Kevin est invitée à célébrer Jul avec la famille de son pire ennemi Peder… Mais heureusement, avec son amie Eiril, Kevin va découvrir une grotte qui mène à un royaume secret, dans lequel ils vont devenirs des rois en combattant auprès de preux chevaliers contre un terrible sorcier. Il y a peut-être encore un espoir pour sauver Jul !
Pour ceux qui sont curieux, le site de NRK propose (sans aucune barrière géographique) de visionner les épisodes de Julekongen en streaming (avec sous-titres uniquement norvégiens, je vous l’accorde), et il faut bien admettre que le pilote est une petite merveille. Entre son côté délicieusement rétro (la ville de Sølvskogen, où se déroule en partie la série, ressemble à celle d’Edward aux Mains d’Argent, par exemple), son esprit malicieux (Kevin est un petit garçon pas forcément très expansif, mais très malin), et son incroyable soundtrack (qui n’a rien à envier à des films comme Hook, par exemple), c’est une petite demi-heure pleine de charme que propose la chaîne publique, parfaitement dans l’état d’esprit de la saison, et regardable par toute la famille sans que qui que ce soit ne s’ennuie. Si vous avez envie de passer un bon moment pour vous plonger dans l’esprit de Noël, je recommande !
Julekongen a d’ailleurs ravi le public d’entrée de jeu : son pilote a été regardé par 908 000 spectateurs, c’est-à-dire qu’on estime que 89% des enfants norvégiens l’ont vu !
Pour l’anecdote, la série est produite par Sven Clausen, déjà responsable d’une autre série de fin d’année, Jul med Clevin, en 1992 ; il est également le producteur de séries tout-à-fait pour adultes, et primées à l’occasion des International Emmy Awards, telles qu’Ørnen, Livvagterne (qui d’ailleurs va sortir au Royaume-Uni en DVD au printemps) ou Rejseholdet.
Au Danemark, DR fêtait les 50 ans de sa tradition télévisuelle, et pour l’occasion a décidé d’offrir un 25e épisode à sa série annuelle. Julestjerner, c’est son nom, est plutôt orienté vers les préados et les ados. Il s’agit de l’histoire de Sus, une jeune fille passionnée par le vélo acrobatique (mais tout aussi passionnée par son instructeur, un type qui se surnomme The Whizz), qui s’apprête à fêter avec ses parents, John et Maria, son dernier Jul en tant que fille unique, puisque Maria attend un enfant. Problème : le 1er décembre, une terrible tempête imprévisible vient ébranler leur immeuble ; comme la structure est désormais dangereuse, ils sont évacués et partent en urgence s’installer à la campagne, là où la famille a hérité d’une vieille bâtisse ; Sus peut dire adieu à sa vie à la ville ! Cependant, dans ce nouvel endroit qui ne lui plait pas, elle fait la rencontre de Bob, un passionné en astronomie qui passe son temps dans un observatoire désaffecté. Avec lui, elle va découvrir que les choses étranges qui se passent en ville, comme la tempête, proviennent en réalité de l’apparition d’une nouvelle étoile dans le ciel…
Si vous n’êtes pas trop fan des contes de fées du genre de Julekongen, Julestjerner et son temps bien plus sérieux pourraient être plus pour vous. Cependant, la mise en place de l’histoire est beaucoup plus lente ; il faut attendre la fin du 2e épisode avant que la famille de Sus n’arrive seulement dans son patelin campagnard paumé, et il n’a encore même pas été question d’étoiles ! Un peu gênant pour une série dont le titre contient le mot danois pour « étoile », quand même. Cependant, ça change des clichés sur Noël. Là encore, DR vous permet de visionner les épisodes sur son site, si vous voulez aller jeter un oeil.
Avec 1,16 million de spectateurs pour son premier épisode, samedi 1er décembre, soit 53% des spectateurs, Julestjerner n’en est pas moins un joli succès. C’est le meilleur démarrage pour un Julekalender sur DR depuis 1993, rien de moins.
Si Julstjerner a pris la tête des audiences danoises, le 1er décembre à 19h30, un petit mot tout de même sur le Julkalender de la chaîne concurrente TV2, qui rediffusait Jul i Valhal, une série déjà dévoilée au public dans les mêmes conditions, en 2005. On y découvre Sofie, à laquelle sa mère apprend qu’à la fin du mois de décembre, elles devront déménager pour Singapour pour des raisons professionnelles ; en attendant, comme leur appartement est rapidement vendu, la mère et la fille vont vivre pendant le mois de décembre avec la grand’mère Ragnhilde. Mais la vieille dame est pleine de surprises : elle habite juste à côté d’un dolmen sous lequel on dit que nul autre que le dieu nordique Loki est enchaîné. Et effectivement ! Sofie découvre Loki, lequel lui promet d’exaucer son voeu de ne pas avoir à aller vivre à Singapour, si elle veut bien le libérer…
La rediffusion peut sembler être un procédé un peu parasseux, mais Jul i Valhal est un véritable succès international dans la catégorie des séries de l’Avent (elle a été diffusée en 2006 en Norvège, en 2007 en Suède et en 2008 en Finlande !) ; comme les épisodes sont également sortis en DVD, il est assez facile de les trouver en streaming, par exemple sur Youtube (ici le pilote). L’originalité essentielle de la série, c’est qu’elle inclut des numéros musicaux (ou plutôt des clips) chantés par les personnages de la série, aussi bien sur le thème de Noël, que sur ce que le personnage alors mis en vedette traverse. Ainsi, voici la chanson de Loki sur ses années d’enfermement sous le dolmen :
Il ne faut pas oublier une troisième chaîne publique danoise, DR2, qui a elle aussi son Julkalender… mais comme chaque année, elle s’adresse à un public légèrement plus âgé. Avec Jul i Kommunen, une satire politique qui se déroule dans une petite ville où le maire est égocentrique au possible, doit gérer la tradition des fêtes de Noël même si, en réalité, il s’intéresse bien moins aux citoyens de sa petite commune qu’à sa propre personne.
Vraisemblablement inspirée par la formule de séries comme The Office, la série, ainsi que c’est souvent le cas pour un Julekalender de DR2, est clairement tournée avec peu de moyens. Vous pouvez tenter d’aller la regarder sur le site de DR, où elle est disponible en streaming, mais sans sous-titres, elle perd énormément d’intérêt (c’est le problème des comédies en VOSTM).
Chez SVT1, en Suède, le 1er décembre était l’occasion de diffuser la suite de Mysteriet på Greveholm, dont la première diffusion datait, tenez-vous bien… de 1996 ! Mais en 2007, cette série a été élue « meilleur Julkalender de tous les temps », alors forcément… Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst, ce sequel un peu tardif, Greveholm est un manoir hanté par Le Comte, à l’abandon depuis 16 longues années, quand les Olsson (la famille qui était l’héroïne de la première série) sont partis, et qui est mis en vente. Saga et Benny, les deux enfants de la famille qui achète le manoir pour le remettre en état, vont progressivement découvrir les secrets de cette étrange demeure…
Diffusée quotidiennement à 7h15 et 18h45, Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst est comme son aînée, un grand succès : 2,57 millions de spectateurs étaient réunis devant le premier épisode (pour comparaison, c’est un peu plus que les 2,13 millions qui avaient assisté au démarrage de Tjuvarnas Jul l’an dernier à la même époque). Sachez que si jamais vous êtes amateur de torrents, on peut trouver les Julkalendern récents de SVT dans la fameuse baie des pirates ; et contrairement aux autres pays scandinaves, les Julkalendern de SVT durent seulement un quart d’heure.
En Finlande, c’est un peu différent. Tonttu Toljanteri n’est pas une superproduction, et ce n’est pas vraiment une série feuilletonnante non plus, mais plutôt une sorte de comédie à sketches, et les épisodes durent 10 minutes seulement. Avec cette série peu originale, YLE nous emmène en effet dans la maison de Joulupukki (l’équivalent finlandais du Père Noël), qu’il partage avec son épouse Joulumuori et divers autres personnages typiques de l’univers de Joulu (comprenez : Noël), préparant, devinez quoi, son travail annuel de distribution de cadeaux. Si vous voulez jeter un oeil au Joulukalenteri de cette année, YLE a la bonne idée de mettre, elle aussi, les épisodes en ligne sur son site.
Voilà pour l’essentiel de ce que les grandes chaînes scandinaves proposent en ce mois de décembre. Je vous avoue avoir une énorme préférence pour Julekongen, qui est vraiment parfaite pour la saison, et parfaitement réalisée. J’ai déjà mentionné que je vous la recommandais ? Dans le doute, souffrez que je me répète : ça vaut vraiment que vous y jetiez un oeil.
Pendant ce temps, nous nous amusons à compter le nombre de rediffusions d’Une Nounou d’Enfer sur les nouvelles chaînes de la TNT. Ca fait chaud au coeur de se dire qu’il y a des pays où la télévision sait fêter dignement les fêtes de fin d’année, non ? Chaque année à la même époque, entre les Christmas Specials des plus importantes séries britanniques du moment et le Julkalender, je suis prise d’une interrogation douloureuse : et à la télévision française, où sont nos traditions en matière de fiction ?
…Ensuite je me souviens qu’on n’a pas vraiment de tradition télévisuelle en matière de fiction le reste de l’année non plus, et je vais pleurer un bon coup. Espérons que dans mes chaussettes cette année, on trouve des DVD de séries scandinaves, ça pourrait me remonter le moral !
Rien que pour ce genre d’articles, ton blog est une merveille.
Bon, maintenant, je veux voir Julekongen…
Une tradition qui s’avère dans l’idée bien sympa… Et que nos chaînes pourraient importer (bah tiens, Arte par exemple…). Dans la liste, j’ai un penchant pour Julekongen et Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst, qui ont l’air dans les tons de ce que je peux apprécier en général (avec en plus un petit esprit de Noël que j’aime retrouver en cette période ! ^^)