Tous ceux qui ont eu une activité rémunérée au moment des fêtes de fin d’années le savent bien : s’il n’y a pas de pot de Noël, c’est vraiment la fin de tout. Qu’on soit dans le privé ou le public, le pot de Noël, c’est la tradition qu’on considère comme faisant partie des obligations de l’employeur, le petit plus dont on ne saurait se résoudre à se priver, le bonus tenu pour acquis.
Dans la fonction publique, naturellement, nous savons pertinemment qu’il peut être mal vu de festoyer avec l’argent public ; mais enfin, si on nous annonçait que rien n’est prévu, on se sentirait quand même méchamment floués. Il y a une vraie hypocrisie sur ce genre de choses, dans le privé comme le public, admettons-le collectivement… Le pot de Noël, ce n’est pas politiquement correct de le dire, mais on ne peut pas y toucher. Je ne suis pas loin de penser qu’on serait prêts à sacrifier une partie de notre salaire pendant l’année plutôt que de devoir faire une croix dessus. Les assistantes, parmi lesquelles je suis, estiment que ça fait partie des maigres à-côtés dont il est légitime de profiter (une fois l’an, ça va quand même, c’est pas la ruine ! On rationnalise pas mal à cette période de l’année, de toute façon) vu que c’est pas comme si on était payées des mille et des cent, et comparé aux conseillers qui accompagnent la ministre à des déplacements à l’étranger ou qui ont droit à des trajets en taxi, ça va, on n’est pas non plus les plus profiteurs. Alors le pot de Noël, zut hein, on n’y touche pas !
Mais bon… cette année, ce ne sera pas nécessaire d’imaginer s’en priver.
Eh oui, cette semaine, mon cabinet faisait son pot de Noël, et à cette occasion, j’ai voulu vous offrir un nouveau florilège de petites vignettes sur ce que ça signifie que de gueuletonner au cabinet quand on fait partie des petites mains. Évidemment, ces expériences ne font pas référence qu’à cette année, mais cumulent diverses petites choses dont je pense pouvoir dire qu’elles sont généralisées.
Quand on a droit à un discours du ministre avant l’apéro…
…et que ce discours inclut des plaisanteries…
…quand le discours est fini
Quand l’intendance a prévu un mini-bar
Quand les gens commencent à discuter
et que tout le monde ne parle que de boulot…
…quand quelqu’un vient ME parler de boulot
Quand avec les collègues qu’on aime bien,
on se met dans un coin et on observe
Quand les intendants préparent le buffet
et que personne ne sait quoi faire en attendant…
…quand le buffet est servi et que l’intendance s’est surpassée
Quand tout le monde se jette sur le buffet comme des morfales
Quand au buffet je me suis servie de la salade
alors qu’il y avait de la langouste fumée juste à côté
Quand j’ai pas dîné la veille en prévision du pot
Quand le ministre décide de s’asseoir à côté de nous pendant qu’on mange
pour faire genre-il-se-mêle-aux-assistantes
et que tout ce qu’il trouve à dire, c’est : « alors, c’est bon ? »…
…et que les minutes passent sans qu’il ne se décide à changer de table
Quand les intendants me servent des trucs qui ne sont pas compris dans le buffet
parce que j’ai été gentille avec eux toute l’année
Quand un conseiller se plaint que le champagne est un vulgaire mousseux
Quand on a atteint le degré d’ébriété
où les langues se délient…
…quand je passe de table en table pour écouter
Quand un collègue arrive à la bourre
et qu’il ne reste plus rien à grailler…
…quand JE suis arrivée en retard au pot
et qu’il ne restait que les petits fours les plus dégueulasses
Et voilà pour aujourd’hui !
Mais évidemment, tout ça est sur le ton de l’humour. Si, plus sérieusement, vous avez des questions sur la façon dont tout ça se passe, délestez-vous de toutes vos interrogations existentielles en commentaires, et j’y répondrai dans le prochain post !
Hey, Lady : je suis dans le privé, je paye mes impots, et je suis content qu’ils servent aussi à vous payer votre pot de fin d’année : arrête de prendre 30 lignes à le justifier, c’est *normal* ! ENJOY !
Bizzzzzzz !