Hana no Zubora Meshi faisait partie des séries que je surveillais si peu en cette saison, que je n’avais même pas percuté qu’elle démarrait le mois dernier ! Mais bon, euh, ça y est, je suis rentrée dans le rang, j’ai fait mes petites lectures et tout, je suis parée.
A la lecture du pitch, j’ai en fait eu le temps de me demander si c’était du lard ou du cochon. Jugez plutôt : Hana no Zubora Meshi raconte les tribulations d’une femme au foyer brouillonne (limite souillonne) qui ne fait pas le ménage ! Et quand son mari rentre à la maison, eh bien, c’est la pagaille.
Euh, alors, comment vous dire ? Déjà que je me soupçonne de devenir féministe ces derniers mois, mais là je vois pas comment ça va s’arranger ! Ohé, le Japon ? Les années 50 ont appelé, elles veulent qu’on leur rende leur sujet de série.
Les choses sont légèrement plus compliquées que cela, pourtant. Comme souvent.
Le pilote de Hana no Zubora Meshi commence avec une petite séquence animée reprennant le point de départ du fameux conte sur Momotarou. La légende veut en effet qu’une vieille femme lavant son linge aperçoive une énorme pêche flotter ; en l’attrapant, elle découvre qu’un petit garçon est à l’intérieur, et, avec son vieil homme de mari, elle l’appelle Momotarou. Mais ce petit garçon est un peu paresseux, et en grandissant, il développe un don sans pareil pour des actions radicales afin de s’éviter tout effort, aussi un seigneur, histoire de lui apprendre à se bouger le derrière, l’envoie affronter des démons. En chemin, il rencontre des animaux qui deviendront ses amis, il vainc les démons, et hop, une légende est née.
Mais dans notre version, la vieille femme n’a pas fait sa lessive depuis très longtemps, car c’est une flemmarde. Elle finit cependant par aller à la rivière, et quand elle voit la pêche flotter, elle n’a pas envie de tendre la main pour l’attraper. En dépit des cris surexcités de son mari qui lui explique que si elle n’attrape pas le fruit géant, l’histoire ne peut continuer, eh bien, la pêche continue de s’éloigner, et point de Momotarou.
Que voilà une idée sympathique pour parler de la flemmardise, qui est le thème central de Hana no Zubora Meshi ! Et qui reprend avec ironie un conte lui aussi supposé parler de flemmardise, d’ailleurs. Bien joué pour cette scène d’ouverture originale, donc. Mais je n’étais toujours pas convaincue.
Plus classique, la scène suivante nous présente notre héroïne, Hana, notre fameuse femme au foyer qui ne glande rien, alors qu’elle est au téléphone avec son mari, qui travaille au loin et la laisse donc longtemps toute seule à la maison. Ce qui explique l’état de l’appartement ! C’est là que la série tombe exactement dans le travers prévu, et tente de nous intéresser aux tribulations de la pauvre épouse qui fait rien que de ne rien faire, et qui vit comme un cochon dans sa porcherie. Ce furent quelques affligeantes minutes de télévision, je ne vous le cache pas. Je sais que la société nippone (j’ai dit nippone ? je voulais dire asiatique en général) est assez sexiste, mais là, wow ! Vraiment ça mériterait presque des applaudissements si je n’avais pas déjà les majeurs occupés. Et pourtant, tout en se vautrant dans son exposition insupportable sur le fond, Hana no Zubora Meshi se montre plutôt taquine sur la forme, avec quelques minis idées de réalisation intéressantes et, plus généralement, un sens du montage assez dynamique et frais.
C’est que, aha ! Hana no Zubora Meshi n’a pas encore dit son dernier mot, bien décidée à lutter avec toutes les armes qui sont à sa disposition pour me convaincre. Et vous savez quoi ? C’est une qualité que j’admire dans un pilote.
Car une fois l’exposition achevée, l’épisode repart dans une série de petits délires franchement sympathiques. Par exemple, Hana est une souillon, mais voudrait réussir à faire quand même un peu de ménage chez elle ? Eh bien la série se transforme en évènement sportif, dans lequel un présentateur et un expert observent sa prestation et donnent des éclaircissements techniques sur la façon dont se passe le combat Hana VS crasse. Et c’est proprement (hm…) hilarant, en plus d’être assez bien vu ! Le ton rappelle l’absurdité placide des séries Yuusha Yoshihiko, et la façon dont cette séquence est commentée est d’un humour indubitable.
Mais on n’a finalement pas encore atteint le coeur de notre sujet. Car Hana no Zubora Meshi est l’adaptation d’un manga (or moi, les manga…), et que ce manga est du même auteur que, tenez-vous bien… la série culinaire Kodoku no Gourmet ! En fait j’ai même cru comprendre que les héros des deux manga étaient en réalité mariés.
C’est donc le dernier tiers du pilote qui va parler de bouffe. Ce qui signifie qu’à partir de là, forcément, on ne va pas se raconter des histoires, j’étais fichue, hein ; on se rappellera que j’idolâtre méchamment Shinya Shokudou entre autres parce qu’il y est question de nourriture, par exemple, c’est à peine mieux pour Pasta, et ça a quand même bien joué pour Oishii Gohan.
Tout le concept de Hana no Zubora Meshi est en fait d’expliquer pourquoi cette femme au foyer qui a tout le temps du monde pour cuisiner de savoureux petits plats compliqués se retrouve en réalité, par accès de flemmardise, à bricoler des trucs vite fait dans sa cuisine. Vite fait, mais bien fait.
Dans le présent épisode, comme Hana n’a évidemment pas été faire les courses, et qu’on est dimanche (mais à ce stade, il y a de fortes suspicions pour que ce soit la même chose le reste de la semaine), elle tente donc de se bricoler un repas avec les fonds de placard. Et ça donne… ça.
Fracture simultanée de l’œil et de la mâchoire. Brutal.
Pourtant sa formule est, à ce stade, diablement originale : il n’y a, en gros, pas d’histoire ! L’action du pilote se déroule intégralement à l’intérieur de l’appartement en désordre de Hana (avec quelques séquences originales et/fantasmées, comme on le disait, pour aérer un peu l’action), il y a un seul personnage (les rares autres visages de passage étant eux aussi imaginaires), et le but du jeu, c’est juste de voir l’héroïne cuisiner un truc étrange et hautement calorique (dans la version manga, Hana est d’ailleurs beaucoup plus potelée), puis de la regarder se baffrer pendant que mentalement on liste ce qui reste dans NOTRE placard.
Et c’est pile au moment où vous remarquez qu’il reste encore quelques minutes d’épisode que le pire est à venir, avec un segment totalement hors-histoire (…dans une série qui n’en a pas, donc) dans lequel l’acteur qui interprétait l’expert dans la fausse séquence sportive mentionnée ci-dessus commence à donner les détails d’une recette de cuisine pour nous aussi faire des toasts couverts de vice et de fromage. Je ne serais pas surprise d’apprendre qu’il y a un partenariat avec Weight Watchers là-dessous.
Totalement inutile d’un point de vue dramatique, Hana no Zubora Meshi se révèle au final être une comédie rafraîchissante, avec de bonnes idées de réalisation n’ayant en réalité qu’un seul but, totalement assumé : vous donner faim, et vous pousser à cuisiner un truc calorique au possible au beau milieu de la nuit, puisque la série est diffusée à 00h55 en plein milieu de la semaine. Du vice, je vous dis !
Loin d’être à même d’entrer dans la légende comme d’autres séries culinaires capables d’exploiter leur ambitions gastronomiques à des fins dramatiques et poétiques (Shinya Shokudou en étant un sublime exemple), la série donne, à tous les niveaux, dans le guilty pleasure. Mais à la limite, pourquoi pas, à partir du moment où on sait qu’on va crever la dalle au bout de 10 minutes d’épisode. Mon conseil : faites vos courses avant de regarder, et faites-vous péter la panse de mauvaise bouffe et de mauvaise téléphagie. Personne ne vous jugera.
Sauf si un présentateur sportif et un expert observent secrètement ce qui se passe dans votre salon.
Alors là, c’est suffisamment rare chez moi pour être signalé : j’ai abandonné après le visionnage du pilote. Regarder une femme au foyer désespérée flemmarder dans son canapé dans un appartement bordélique, survivre en raclant ses fonds de frigo pour se préparer des casse-dalles de célibataire, ça aurait pu être drôle (y avait même pas d’ingrédients moisis), mais j’ai vraiment pas accroché.
Tu as vu Kodoku no Gourmet ? Je viens de poster ma review ; vu que c’est le même auteur, et le même concept, mais que le traitement est un peu différent, la comparaison vaut le coup d’œil.