Depuis que je jongle entre deux boulots et que je me suis fait la promesse solennelle de continuer à tenir ce blog, regarder des séries est devenu… une nouvelle aventure, paradoxalement.
Permettez que je raconte ma vie téléphagique deux minutes (mais eh, c’est un peu à ça que sert cette rubrique !) : en gros, outre les heures toujours aussi longues à effectuer dans l’ancien job, parfois même plus (une joie de chaque instant chroniquée du côté de ladymnistration), j’ai une « revue téléphagique » hebdomadaire à tenir pour mon nouveau boulot qui consiste à regarder plein de séries, et notamment de pilotes, pour dresser un panorama télévisuel à peu près réaliste des télévisions de la planète, plus quelques missions ponctuelles plus thématiques que je vous épargne (et qui pour le moment ne constituent qu’une part minime du boulot). Bon. Là-dessus il faut ajouter le suivi de l’actualité télé du monde que je faisais déjà, quelques autres petits projets, et ce truc, là, le… mais si, vous savez ? Vie privée, voilà. Notamment parce qu’en ce moment j’ai quelqu’un qui squatte mon canapé. Et je vous épargne mon bouquin hebdomadaire (généralement sur la télévision), la lecture de la presse, etc… J’ai l’impression de me résumer à mon cerveau en ce moment (mais un cerveau qui boit de la Suze pink à 2h du mat avec mon colocataire du moment en matant Ted).
Avec tout ça, il a fallu que je m’impose une certaine rigueur en matière de visionnages. Et on va être clairs, la rigueur téléphagique n’a jamais été mon genre.
Mon genre, c’est regarder tout ce qui me passe par la tête quand j’en ai envie. Si j’ai tout d’un coup envie de m’enfiler 7 saisons de Gilmore Girls comme cet été, je le fais, par exemple. Que j’aie déjà 712 séries en cours n’entre pas une seconde en ligne de compte, même si je les adore. Une fois mon marathon fini, je reprends certaines de ces séries, d’autres attendent encore, et/ou un nouveau coup de coeur intervient parce que je continue de mater des pilotes. Si tout d’un coup je décide que je n’ai vu la première saison de House of Lies que trois fois cette année, et que ça me semble peu, eh bah vogue la galère, on est repartis pour un tour. Deux jours plus tard, à un épisode du final de la saison de House of Lies si ça se trouve, je vais me rappeler que Homeland reprend bientôt et me piquer d’en faire un post To be continued… qui va me pousser, en faisant les captures, à en fait revoir la première saison de la série. Mais patatras, en plein milieu de l’intégrale de Homeland, je me redécouvre une frigale de pilotes et ne vais jamais au bout de mon revisionnage de la saison 1, enchaînant les pilotes de la rentrée US. Là-dessus, la rentrée nippone débarque et ça continue niveau pilotes ; j’en viens même à mettre en pause le suivi de séries comme The Good Wife par exemple. Mais quelques semaines plus tard, en un aprem, c’est rattrapé, alors c’est pas grave. Et ainsi de suite. C’est mon fonctionnement habituel. Ca, c’est bien mon genre.
Et, qu’on soit, mais alors, absolument limpides sur le sujet : je suis tout-à-fait décomplexée vis-à-vis de ça. Même pas honte. Me laisser porter par mes envies, mes humeurs et le sens du vent, ça fait même partie de mon plaisir. Chaque fois que j’ai essayé de me forcer à regarder un truc parce que « bah j’ai commencé c’est trop con » ou « j’ai du retard sur la diffusion US » voire même « c’est pas la quatrième fois que je me fais une intégrale cette année ? j’ai pas mieux à faire de mon temps ?! », je dis bien à chaque fois, ça tourne mal. Soit parce que je finis par en vomir la série, soit tout simplement parce que je la regarde du coin de l’oeil alors que mon cerveau chante en boucle : « 99 séries plus intéressantes à regarder, j’en regarderais une à la place de ça, ça ferait 98 séries plus intéressantes à regarder ! », un peu comme Patrick Swayze dans Ghost.
Le problème c’est que quand on a quelqu’un qui vous paye pour regarder des pilotes/séries et vous faire un compte-rendu, vous ne pouvez pas prendre votre plus beau clavier et écrire un mail au boss : « cette semaine… rien. J’ai eu envie de revoir le pilote de Threesome et je suis tombée dans une intégrale de la série. L’accident con. Du coup, j’ai rien vu de neuf. Rendez-vous la semaine prochaine pour une revue des pilotes turkmènes du moment. (Peut-être). PJ : mon RIB pour le salaire de la semaine ».
J’ai donc fait preuve de sérieux, d’organisation, et de persistance. Je me bloque tel jour de la semaine pour voir x pilotes. Tel autre pour m’enfiler toute une saison d’une série dont je sais que la thématique entre dans les attentes de mon patron en ce moment. Le lendemain c’est une lecture soutenue des dernières news (très contente pour le renouvellement de Redfern Now par exemple, d’ailleurs on parle du pilote très vite). Certains jours je vais jusqu’à manger et dormir. Et ainsi de suite.
Là-dedans, j’ajoute la rédaction des posts pour ce blog. Parce que j’y tiens.
Parce que d’une part, si je ne le fais pas, ça me manque ; déjà. C’est trivial mais c’est comme ça. Ensuite parce que j’aime bien avoir un retour sur les séries que je vois, et croiser les points de vue et les ressentis (oui alors en ce moment les commentaires ne se bousculent pas, certes, mais bon, on va faire comme si, pour les besoins de la démonstration).
J’avais envisagé de réduire la cadence et ne plus poster en quotidienne. Je l’avais envisagé environ pendant dix secondes : la vérité c’est que si j’écris au quotidien, c’est aussi parce que si je ne le fais pas, il y a plein de choses que je n’ai pas le temps d’aborder (en fait, déjà en écrivant tous les jours, je n’ai pas le temps de tout aborder, alors imaginez un peu ; tiens, il faudrait que je vous parle de In Deriva à un moment, la version roumaine de BeTipul et In Treatment, j’ai maté le pilote, c’était une expérience intéressante, d’ailleurs assez destabilisante dés la première séquence). Et ce que je n’ai pas le temps d’aborder eh bien, ce n’est pas documenté dans ces colonnes, ce qui veut dire que c’est assez rarement documenté ailleurs mais si un autre blogueur veut parler du pilote de Suburbia, faut pas qu’il se prive, au contraire ce serait dommage de passer à côté. Et puis, d’une façon générale, ce blog est parfois, aussi littéralement que possible, un blog, au sens où je le traite aussi comme un journal de visionnages, et que dans six mois, un an, je ne pourrai pas lire mes impressions sur un pilote si je ne les écris pas sur le moment. Or ça peut être intéressant de comparer par la suite ; c’est le cas pour The Good Wife, par exemple. Aujourd’hui je ne vois plus ce pilote du tout de la même façon, et j’ai envie de dire que c’est normal, mais me relire est intéressant quand j’aborde un épisode ou un arc de la série dans un post ultérieur.
Alors avec tout ça, le problème c’est que même quand on veut jouer à la professionnelle sérieuse, sous les lunettes et le tailleur violets, il y a encore un coeur de téléphage qui bat.
La semaine dernière, je ne sais plus pourquoi, j’ai soudain repensé à Scrubs. J’ai eu envie de voir le pilote : je me suis dit que ça me détendrait et que j’en avais bien besoin.
Donc j’ai regardé toute la première saison, fidèle à moi-même.
Du coup, j’ai dû batailler encore plus avec mon emploi du temps pour quand même faire mon travail n°1, mon travail n°2, et suivre les séries qui me tiennent à coeur dans la mesure du possible (je suis un peu en retard sur Tu m’aimes-tu?, par exemple), tout en adressant au moins une fois par jour la parole à la personne qui est à la maison en ce moment.
Et du coup j’avais encore plus besoin de me détendre. Et du coup j’ai entamé la saison 2 hier.
C’est un truc qu’on ne vous dit pas forcément, quand vous commencez à être payé à faire ce que vous aimez : les limites entre l’agréable et le désagréable se brouillent un peu. Juste un peu. Pas au point que ce qui est agréable devienne désagréable (au contraire, les jours où on est motivé pour rien, ça aide drôlement à se trouver un truc sympa à regarder malgré tout), pas du tout, je vous rassure.
Il y a un équilibre à trouver, c’est clair, et ce n’est pas en deux semaines qu’il va m’apparaitre comme par magie. Mais je voulais partager ça avec vous quand même. Déjà parce que je pense que ça fait partie de l’expérience : on en a tous rêvé, de réussir à recevoir un (petit) chèque pour regarder des séries, eh bien voilà à quoi ça ressemble aussi, même si d’un autre côté je m’éclate, et je n’arrêterrais de mener cette vie en ce moment pour rien au monde. Et puis aussi parce que j’aime bien partager avec vous, tout simplement. Et ça non plus, je n’arrêterais pour rien au monde, quand bien même en ce moment j’ai très peu de temps pour Twitter où je sais pouvoir retrouver la plupart d’entre vous…
J’adore ton fonctionnement : le crédo « je regarde ce que je veux quand je veux » semble tout à fait évident, mais j’ai l’impression qu’il n’est pas si souvent mis en pratique, en tout cas chez les blogueurs. J’ai tendance à le faire également, mais d’une façon pas si décomplexée : j’ai encore des efforts à faire !
Bon courage !
la lecture de ton post me fait me demander: mais quand dors-tu??
bon courage dans cette nouvelle voie, et continue à te faire plaisir en suivant tes impulsions télévisuelles!
@Saru : je pense que le simple fait de tenir un blog pousse à une certaine régularité. Quand un blogueur a fait le choix d’écrire des reviews épisode par épisode, forcément je pense que l’idée que les lecteurs se demandent « mais où est l’épisode 6×07 ? » est présente, même s’ils ne vont pas forcément jusqu’à écrire un commentaire pour le dire, et que le blogueur sent certainement une sorte de pression invisible pour poursuivre une série qu’il aurait certainement mise en pause s’il n’y avait pas eu les lecteurs. Personnellement, j’ai fait le choix de ne pas faire de review épisode par épisode, sauf ponctuellement comme dans le cas du Ozmarathon, et ça me « simplifie la vie » (en revanche, je n’ai pas de contenu récurrent qui apparaisse comme une évidence de semaine en semaine pour alimenter le blog, tout système a ses inconvénients), et il est assez rare que, même quand je suis une série chaque semaine pendant toute une saison, j’écrive régulièrement à son sujet, par choix et par goût. Et du coup, j’ai pas l’impression d’avoir un souffle dans la nuque pour me dire de persister sur Homeland ou autre, et ça me permet d’être plus libre, je pense, de mon programme. Je sais pas si je suis claire ^_^;
@capecodmiss : dormir… dormir-dormir-dormir… Attends, ne me dis rien, je le savais…