The clouds come and go, the mountains still high

5 novembre 2012 à 23:38

Quand il est devenu évident que j’étais incapable de trouver des sous-titres pour le pilote de Hellfjord (ce qui se comprend vu qu’ils n’existent pas), deux choix se sont ouverts à moi : soit je laissais tomber le pilote d’une série dont je suis le développement depuis de nombreux mois… soit je regardais en VOSTM.
Hm. Suspense, suspense.

Hellfjord raconte l’histoire de l’officier Salmander, un pauvre type qui menait tant bien que mal sa carrière dans la police montée jusqu’à présent, et qui, à la défaveur d’un évènement pour le moins particulier, se retrouve muté sur l’île étrange de Hellfjord, un patelin perdu au milieu de la mer et de la brume.
Et quel évènement. Les premières minutes du pilote sont entièrement dédiées à revenir sur la raison de cette brutale mutation, qui est un peu une mise au placard qui ne dit pas son nom. Contrairement à The Strange Calls, qui en apparence traite d’un sujet similaire, Hellfjord va passer de longues minutes, de douloureuses minutes, d’hilarantes minutes, à expliquer qui est son héros, et à donner le ton. Tout ça pendant une séance d’interrogatoire par son supérieur qui n’en finit pas.
Et personnellement j’étais pliée de rire, je vous le dis tout de suite. Je vous raconte ? Allez, je vous raconte.

Salmander officie donc sur un magnifique cheval, superbe créature qui l’accompagne alors qu’il est déployé pour assister un cortège public (j’ai pas bien compris, mais ça ressemble à la fête nationale, en gros). Donc autour de lui, il y a énormément de monde, des femmes, des enfants, des tout ce que vous voulez. Or, d’une part, il ne maîtrise pas sa monture, mais surtout, la malheureuse bestiole finit par se briser la patte contre un trottoir. Alors que l’équidé s’affaisse sur la chaussée, les passants commencent à se retourner. N’écoutant que son courage et le fascicule de procédure, Salmander décide donc de mettre fin aux souffrances de l’animal. Mais le premier coup ne fonctionne pas. Le second non plus. Et pendant ce temps les badauds, et notamment les enfants, qui regardent, forcément intrigués par les bruits des coups de feu. Quand Salmander n’a plus de munitions, il emprunte un trombone à un musicien faisant partie de la parade. C’est la boucherie (chevalline, donc). Et pourtant l’animal n’est pas mort. Donc Salmander réquisitionne une voiture et… Quand yen a plus, oh Seigneur, yen a encore. Rien que de l’écrire je me remets à rire. Nan c’est énorme, franchement. Et ça fonctionne magnifiquement bien parce que cette explication est remise dans le contexte de l’interrogatoire par son supérieur, où tout le monde reste impassible. Ca marche formidablement bien.

En tous cas la nouvelle finit par tomber au bout de 5 hilarantes minutes, et voilà Salmander muté sans grande possibilité de faire marche arrière.
Le problème c’est que Hellfjord est non seulement un petit bled paumé au milieu des montagnes et d’une mer hostile, mais c’est un endroit franchement bizarre.
J’en veux pour preuve le fait que pour accéder à l’île/la ville, il faut passer en bateau, et pour que le bateau passe sans encombre, il faut, hm, lâcher une tête de mouton dans l’eau. Bien bien bien. Tout de suite ça met à l’aise. Donc notre Salmander (qui n’a d’ailleurs pas le pied très marin…) se retrouve à traverser une mer habitée par une quelconque créature aimant le gigot, pour arriver dans un petit coin perdu où désormais il est supposés être en poste. Sauf que là encore, les surprises sont nombreuses. En particulier, il est accueilli par le milicien du coin, Kobba, un vieillard bien péquenaud, laid, et pas forcément très vif, qui habite un bâtiment officiel de Hellfjord avec son épouse, une jeune femme magnifique qui semble le désirer en permanence, et qui au contraire semble du plus haut dégoûtant aux yeux du vieillard crachottant.
Salmander doit vivre avec eux dans la maison du bourg, qui sert également de commissariat… et pour cause, la seule chambre de libre, c’est une cellule aménagée avec un lit de camps, des rideaux, une méchante peinture à la chaux, et comme toute baignoire, une minuscule bassine où il tient à peine assis (et qui sert également pour la vaisselle). Là encore, ambiance. Bref c’est vraiment un endroit chaleureux et sympathique, et on sent que la punition de l’officier est à la mesure de la faute !

De Hellfjord, on en saura cependant assez peu dans ce premier épisode. Quelques explications nous seront données par Kobba dans un aperçu rapide des habitants (apparemment on aime fumer à tous âges, et fréquenter en famille Kjells Kitchen, le club de strip tease local ; accessoirement le garagiste est aussi gynécologue), et on apprendra très rapidement que l’économie locale dépend uniquement des pêches de Hellfish, l’entreprise locale dirigée par Bosse Nova, un type en costard cravate n’inspirant pas la confiance.
Lorsque le maire présente officiellement Salmander aux habitants de la commune, l’ambiance est assez fraîche, son arrivée étant accueillie avec une joie particulièrement dissimulée ; une seule personne semble curieuse, la journaliste Johanne, qui l’invite rapidement à prendre un café à Kjells Kitchen pour une rapide interview.
Les premiers jours de Salmander à Hellfjord sont beaucoup plus calmes ; sa première mission est de faire le guet toute une journée sur un bord de route totalement désert dans l’espoir de prendre au moins un flagrant délit de vitesse avec son radar portable, mais en-dehors d’un laborieux tracteur, la journée se passera totalement en isolement au milieu des montagnes.

Pour une série qui se réclame de l’héritage de Twin Peaks, et qui se vend comme une comédie d’horreur, Hellfjord se montre donc assez réservée dans ce premier épisode, qui a avant tout comme fonction d’établir une ambiance, un style, et des personnages. On est dans l’exposition la plus totale pendant les 27 premières minutes de cet épisode qui en dure à peine 29. Mais entre les choses bizarres, dérangeantes (très dérangeantes, la scène de la bassine je m’en remets pas) et tout simplement ridicules (Salmander n’a pas l’air de bien maîtriser ses bras et ses jambes, l’abruti), on passe quand même un fichu bon moment.
Je ne vous cache pas que le cliffhanger est un peu atroce/absurde/intrigant, mais globalement, on sent bien que l’intention de Hellfjord n’est pas tellement de faire un truc qui fait peur, et que c’est la comédie qui l’a emporté dans cet étrange mélange. Une comédie formidablement bien servie par un esthétisme superbe (ces paysages rocheux, ça me chavire ; d’ailleurs ça m’a redonné envie de revoir Buzz Aldrin), une musique qui effectivement, a puisé son inspiration de toute évidence du côté de Twin Peaks, et un cast assez varié (par exemple, Kobba est interprété par un acteur grossièrement grimé et jouant dans l’outrance, Salmander est tout en retenue et en regards), mais une comédie quand même.
Le problème c’est que le mystère lancé en fin d’épisode n’a finalement pas grand intérêt. Alors, c’est à se demander si… et je dis pas ça souvent, Hellfjord n’aurait pas plutôt gagné à être un peu plus procedural, surtout vu sa courte durée (7 épisodes au total), on va à peine commencer à se captiver pour le mystère découvert en fin de pilote que la saison va toucher à sa fin.

Bon, je suis sceptique sur la durée de vie du concept, en gros, même si j’ai passé un bon moment (bien que m’écriant « ah nan, naaan, mais quelle horrrrreur, ah ah ah, ah nan ! » à intervalles réguliers). Je suis convaincue qu’il aurait été meilleur si j’avais compris les dialogues, mais franchement ça valait quand même le coup quand même, en dépit de mes doutes sur la longévité du truc.
Du coup, j’ai fait mes petites recherches, évidemment, le DVD doit sortir tout début janvier en Norvège. Pour l’instant pas de trace de sous-titres anglais (rha la poisse !) mais d’ici janvier, des détails peuvent encore s’ajouter à la description du produit. Si les sous-titres apparaissent magiquement quelque part (par voie légale… ou pas), je regarderai les suivants, histoire de voir comment Hellfjord parvient à concilier ses ambitions horrifiques avec le ton qu’elle a donné à son pilote. Qui a tué Løra Palmer ? C’est ce que nous apprendrons peut-être dans un post futur…

A part ça, côté Norvège, ma prochaine mission sera de mettre la main sur Hjem, qui a commencé la semaine dernière et sur le pilote de laquelle je ne suis même pas fichue de mettre la main, ne parlons même pas des sous-titres. Qu’est-ce qu’il y a, j’ai offensé le Dieu de la Téléphagie récemment, ou quoi ?!

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