Quand je pense à l’amour, la fraternité et l’attachement émotionnel, je pense à Oz.
Attendez, non. Pas du tout.
Pourtant c’est bien sur le terrain de l’affectif que nous emmène la série pour le final de sa 5e saison. Difficile à croire quand on voit comment la plupart des saisons précédentes se sont achevées, et pourtant…
Bien malin celui qui n’aura pas versé une larme pendant cet épisode placé sous le signe de l’émotion. En matière de surprise, en voilà une belle : la série ne nous avait pas habitués à tant de tendresse… Enfin, bon, tendresse, tendresse, il ne faut rien exagérérer, c’est toujours Oz !
Tenez, dans les premières minutes de l’épisode, Robson décide de s’auto-amputer des gencives ! Eh oui, pour les petits coeurs et les zolies fleurs, on repassera, quand même. Après avoir agressé le dentiste qu’il soupçonnait de lui avoir joué un mauvais tour, Robson revient en effet auprès de Schillinger et la bande des odieux nazillons, pour découvrir que ses gencives lui valent d’être devenu un paria. Qu’à cela ne tienne, pour ne pas être mis à l’écart, il va donc se mutiler. Derrière l’anecdote tragique se cache quelque chose que jusque là Oz n’avait que peu dit sur le besoin d’appartenance qui résulte du communautarisme de la prison. Quand vous n’êtes pas dans un groupe, vous êtes un outsider ; quand vous n’êtes plus dans un groupe, vous êtes une cible… mais aussi tout simplement une brebis égarée. Et Robson, qui a si souvent été un personnage unidimensionnel, parvient par cet acte de désespoir à se montrer touchant.
Schillinger quant à lui connaitra un revers de fortune (Beecher balance en effet ce qu’il sait sur le viol de son ex-protégé) qui lui ouvrira la porte d’une cellule en isolement. Là où beaucoup de personnages ont atterri parce qu’ils sortaient déjà du rang, Schillinger, un mec plutôt « intégré » selon les critères de la prison, se retrouve donc mis à l’écart et ce sera intéressant, pendant notre ultime saison, de voir si cela a des effets sur lui.
Beecher, lui, tente comme il peut de trouver la paix avec ses propres actions. Influencé par Kareem Saïd (qui ne s’est jamais caché de son homophobie), il avait juré de ne plus voir Keller, mais évidemment toutes ces bonnes résolutions s’envolent lorsque Beecher réalise que son bel amour est désormais dans le couloir de la mort.
Cela nous donne l’occasion d’une belle discussion entre les deux vieux amis, Beecher arguant que Dieu n’est qu’amour, Saïd insistant sur les limites morales imposées par son Dieu. Rarement un débat théologique aura été plus intéressant qu’ici, même si la position de Beecher est un peu partiale ; quand Tobias a commencé à expliquer que lui et Saïd s’aimaient, j’ai eu envie d’applaudir. Bien qu’outrancier, l’argument est valable, et ça fait des saisons qu’on peut sentir le rare respect que se portent les deux hommes, après tout.
Les retrouvailles de Beecher et Keller, on les attendait (on a un peu été dressés pour les anticiper avec impatience !), mais pour l’instant on voit mal ce qu’elles vont donner. Keller a l’air un peu borderline en ce moment (avec cette histoire de peine de mort et tout), Beecher se met-il émotionnellement en danger ?
Mais comme d’habitude, même en matière de couloir de la mort, c’est le tandem Ryan/Cyril qui est le plus émouvant. Pendant que tout le monde écrase une larme devant Cyril et sa chaussette Jericho, c’est l’exploration de la personnalité de Ryan qui se montre la plus fascinante. Après avoir eu tant de mal avec tout le processus judiciaire dans lequel son frère était plongé, après avoir voulu lutter pour le sauver, puis avoir baissé les bras devant les difficultés rencontrés et la solitude éprouvée, Ryan reprend à nouveau du poil de la bête. Il est décidé à tout faire pour empêcher l’exécution de Cyril, le seul être de toute la planète qu’il aime de toute son âme. S’il y a une personne qui peut donner une telle niaque à Ryan, c’est bien lui ! J’avoue que je comprends mal l’histoire de la petite soeur Carolyn. Enfin je comprends bien la tournure des évènements, et je comprends même le poids que cela joue dans la confrontation que Ryan a avec leur père, mais je ne comprends pas bien pourquoi on avait besoin de cette intrigue tirée de nulle part, quand on a eu tant d’éléments pour alimenter la rage de Ryan contre son paternel, celle qui lui permet de rebondir et de se recentrer sur Cyril.
Ce qui importe, c’est qu’au bout du compte, les deux frères seront une fois de plus inséparables ; ce sont eux les vrais « homards » de la série, eux qu’on aime voir ensemble, dans leur petit monde. Personne n’aime Cyril comme Ryan, et personne n’idolatre Ryan comme Cyril (excepté peut-être moi ?). Nous avons eu maintes fois, tout au long de la série, l’occasion de voir ces deux-là se quereller, s’exaspérer, et se meurtrir aussi, l’un pour l’autre, l’un à cause de l’autre. Rarement le lien entre deux frères aura été aussi bien dépeint dans une série qu’entre les frères O’Reily. Je redoute énormément les quelques souvenirs que j’ai de cette intrigue…
Après avoir traîné en longueur pendant la saison, l’histoire de Rebadow trouve quant à elle une conclusion. Enfin ! Malheureusement, s’il y a des moments extrêmement poignants dans cet épisode, ils seront complètement gâchés par une chute totalement improbable et stérile, digne des plus grands soaps.
Il était cependant particulièrement magnifique de ressentir la façon dont ce vieux bonhomme qu’on aime tous, sent sur lui le poids de son karma. Son monologue alors qu’il s’apprête à sortir visiter son petit-fils à l’hôpital, sa réflexion sur la coupure de courant qui l’a sauvée et celle qui, 35 ans plus tard, a coûté la vie à Alex, semblent répondre à la même logique que celle qui, en première saison, lui permettait d’entendre Dieu. Rebadow traîne toujours avec lui, outre son petit sourire misérable, une part de spiritualité ; ce n’est pas de la foi, mais c’est une croyance en un mécanisme un peu absurde qui donne un sens à toute action, et qui ajoute à sa souffrance l’impression que tout a un prix, tout est une ironie du sort. Et cela semble se vérifier…
mpossible de rester de marbre pendant ces scènes, ainsi que pendant le chapelet de petites séquences qui le montrent vidé de toute sève. Je ne me rappelle plus trop quel est son sort pendant la saison 6 (je n’ai vraiment vu que la toute fin de la série, et c’était en 2005 ou 2006), mais j’ai fini la saison avec l’impression que cette fois, Rebadow avait atteint le bout du bout.
Mais de toutes les causes d’impuissance énoncées dans les monologues d’Augustus Hill, la seule qui n’ait pas été mentionnée est pourtant la plus évidente dans cet épisode : l’amour. Et difficile en effet de ne pas se sentir complètement vidé par la conclusion tragique de la saison, alors que Hill et Burr fêtent des retrouvailles de courte durée.
Le silence qui a sans aucun doute empli les salons des membres de la #EmCrew en a alors dit plus long qu’aucun monologue déchirant sur le sentiment de vide que laisse cette fin de saison…