En l’absence d’une connexion décente, je me suis tournée vers mes DVD, ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose. Ça a notamment été l’occasion de rattraper la saison 2 de Downton Abbey, que je n’avais pas encore vue et qui somnolait sur une étagère depuis un peu moins de deux mois. C’est parfait, comme ça je serai au point quand la série reviendra le mois prochains sur les écrans ! Ne me manquera plus que le Christmas Special que je suis assez pingre pour ne pas vouloir acheter au prix d’une saison complète, donc ça va probablement se finir en cagoulage.
C’est étonnant, d’ailleurs. Je me rappelle avoir dévoré la première saison de Downton Abbey en quelques jours, après que Livia nous ait incité à tester la série pour le SeriesLive Show. Et pourtant quand la saison 2 a été diffusée, j’ai énormément traîné la patte avant de m’y mettre, si bien qu’elle est passée d’une catégorie à l’autre ; vous savez, il y a les séries qu’on suit, comme dirait Nakayomi, en « sortie d’usine », en parallèle de leur diffusion, et puis il y a celles pour lesquelles on a son propre rythme, le mien étant alors souvent calqué sur l’acquisition des DVD. C’est un peu la voie de garage mais c’est mieux que d’être abandonnée totalement. Eh bien en l’espace d’une année, Downton Abbey est passée au rang de « seulement 7 épisodes ? » à « ouais, ouais, c’est ça, plus tard » et je n’ai aucune idée d’où ça vient.
Alors en fin de compte, vive les déconnexions de longue durée, parfois c’est peut-être un mal pour un bien.
Le problème c’est que même une fois devant cette deuxième saison de Downton Abbey, j’ai eu du mal à me rappeler ce que j’aimais dans la série. Et c’est en fait très préoccupant parce que si je suis tout-à-fait du genre à avoir une relation de type loin des yeux loin du cœur avec une série, en général une fois devant un épisode, la mémoire me revient rapidement. Mais là, le désamour était frappant.
Il ne signifie pas que cette saison est mauvaise.
En fait, j’avais lu pas mal d’impressions négatives (principalement sur Twitter, ayant évité les reviews avant mon propre visionnage) et je n’ai pas très bien compris d’où émanait cette sensation apparemment généralisée que cette nouvelle saison était inférieure à la première. Pour moi, les éléments de la première saison étaient présents, et bien que les changements de contexte (notamment du fait du contexte de la Première Guerre mondiale et des quelques séquences sur le champs de bataille) offrent effectivement un angle un peu différent de celui qui nous avions connu à l’origine, on ne peut pas dire qu’il y ait de virage dans cette nouvelle saison dans le ton, la façon de traiter les personnages ou les intrigues. Pas de façon tangible en tous cas.
Les personnages semblent fidèles à eux-mêmes (peut-être à l’exception de Lord Grantham dont j’ai eu énormément de mal à avaler le comportement en fin de saison), on continue de se prendre la tête sur les questions d’héritage, de mariage et d’amour, alors que ces trois axes s’entremêlent sans fin, et la série se balade comme avant à tous les étages de la somptueuse demeure de Downton afin de saisir diverses réalités d’une époque en pleine transition.
Et pourtant j’ai passé pas mal d’épisodes de cette nouvelle fournée à me demander si Downton Abbey avait toujours été aussi soapesque.
C’est comme si les amours étaient juste un tout petit peu sirupeux, comme si les démêlés étaient juste un peu plus longuets, comme si le suspense était juste un tout petit peu plus prévisible. Ça se joue vraiment à pas grand’chose, en réalité. Une simple question de degré et d’intensité.
Downton Abbey a pourtant toujours été une série assez « lente » (en tous cas rapporté à son nombre d’épisodes par saison) où on prenait énormément de temps pour explorer les sentiments de chacun, ralentis qu’on était par la liste interminable de conventions sociales qui empêchaient les protagonistes d’agir sans attendre trois épisodes. Cela faisait partie de son charme, à vrai dire. La série a toujours eu une valeur contemplative, s’absorbant aussi bien dans la beauté lumineuse de ses protagonistes féminines que dans le flegme de la vie de noble britannique.
Le plus bizarre c’est que je me suis goinfré cette deuxième saison en l’espace d’un weekend, en partie par désespoir (j’attends la livraison de mon DVD de la saison 6 de Gilmore Girls et je n’ai pas internet chez moi pour agrémenter mon quotidien téléphagique avec un épisode de Suits, Bunheads ou même Single Ladies histoire de varier les plaisirs), et que j’étais pressée de rentrer chez moi hier soir pour voir le dernier épisode. C’est bien la preuve que cette saison en question n’était pas si catastrophique, qu’elle avait de bons côtés et que l’attachement aux personnages fonctionnait toujours.
Mais j’avais aussi l’impression de ne plus regarder un costume drama, mais un simple soap, et c’est un peu comme si j’avais simplement admis que Downton Abbey n’est pas une série fabuleuse qui fait fantasmer la téléphage que je suis, mais simplement un feuilleton que je suivais ce weekend et dont je voulais aller au bout. Sachant que je n’aime pas le terme « feuilleton », que je trouve péjoratif.
En fin de compte, même si je n’ai pas vraiment compris les réactions hostiles à cette nouvelle saison, que j’avais lues via Twitter, je les comprends assez bien. Sans être écœurée par la série, sans être révoltée par une baisse de qualité, ou repoussée par un changement drastique, je dois reconnaître que je n’ai pas été emballée plus que ça.
Peut-être tout simplement que Downton Abbey ne mérite qu’une partie des fleurs qui lui sont régulièrement jetées, et qu’à l’instar de la deuxième saison de Game of Thrones, avec laquelle j’ai également du mal (je n’en viens pas à bout, c’est atroce), cela a été l’occasion pour moi de réaliser que je ne l’aime pas autant que ce que le buzz laisse croire. C’est si facile de transformer une impression positive en enthousiasme dithyrambique avec le bouche-à-oreille…
Du coup, je ne déteste pas Downton Abbey, mais ce visionnage l’a remis à sa place. Je n’ai jamais eu un coup de cœur franc et massif pour la série, mais je la tenais en plutôt haute opinion ; ce n’est plus le cas. C’est une série parmi tant d’autres qui possède un plutôt bon cast, une apparence raffinée qui est presque obligatoire pour une série historique, mais ça s’arrête là.
Je ne suis pas fâchée, et je regarderai probablement le Christmas Special prochainement, et sans doute que je finirai par l’acheter quand son prix aura baissé (parce que franchement, payer un SP au prix d’une saison me retourne l’estomac), et ainsi de suite pour les saisons suivantes, mais pas comme une priorité.
Downton Abbey n’est pas une grande série à mes yeux, et quelque part ça me déçoit que je ne sois pas plus enthousiaste à son sujet. Peut-être que c’est ce que la série a toujours été, et peut-être que son buzz extrêmement positif (notamment depuis que la série se taille la part du lion aux Emmy Awards) a joué contre elle…