Il y a 712 pilotes qui apparaissent cette semaine.
La rentrée nippone est sur le point de vraiment commencer.
Mon disque dur regorge de pilotes plus ou moins antiques que je me suis promis de tester.
Il y a même des DVD reçus plus tôt ce mois-ci qui sont encore emmitoufflés dans leur cellophane.
Et pourtant, au beau milieu de la nuit, alors que je repense au deuxième épisode de Bunheads, que je songe au deuil et aux souffrances passées, tout d’un coup, j’ai envie de revoir un film. Ce film.
Je ne sais pas pourquoi ce film-là surgit tout d’un coup. Des films sur le deuil, la mort, et l’autodestruction, j’en ai vu plein. Surtout en 2010. Celui-là était bon… je suppose ? Il ne m’en est resté que des flashes, des images de certains plans, de certaines scènes. Même pas de dialogue. Même pas de son. Encore moins d’émotion. Je suis un peu obligée de relire mon commentaire pour me souvenir précisément de ce que j’en ai pensé ce jour-là. Ou peut-être était-ce un soir ? Pourquoi suis-je capable de me rappeler de la configuration dans laquelle j’ai découvert tant de pilotes, et pas des quelques films que j’ai vus…
A part peut-être une ou deux fois à l’occasion desquelles j’ai parlé du film, probablement pendant mon défi de 2010, je ne suis même pas certaine d’y avoir repensé depuis. Est-ce que le film m’a émue ? On dirait que oui. Pourquoi il surgit maintenant ?
Et pourtant j’ai envie de tout arrêter, de fermer toutes mes fenêtres, tous mes boîtiers de DVD, de cesser de réfléchir au sujet du prochain post. J’ai envie d’aller me rouler en boule sur un coin de sofa devant Wristcutters: A love story. J’ignore pourquoi mais c’est l’impératif du moment.
Il y a pourtant tant de choses à voir. Dans un monde où les possibilités de faire des découvertes sont quasi-infinies, REvoir n’est-il pas absurde ?
A quel moment est-il un petit peu moins fou de tout lâcher pour regarder à nouveau un film, par opposition à la folie qui me fait lancer un nouveau pilote, ou un très ancien ? En tous cas, de l’inédit. Quelque chose qui me ferait aller de l’avant plutôt que de retourner faire une expérience qui a déjà eu lieu.
Ca a du sens pour une série, un revisionnage : il s’agit de donner une nouvelle chance à un pilote (dans la perspective de se lancer dans toute une saison, voire plus), ou de revoir toute une série avec cette fois une vision d’ensemble (afin de relire des évènements passés avec un regard différent après certains développements).
Mais un film ? Ca n’a pas de sens de revoir un film qui ne dure qu’1h28.
Si encore le film signifiait quelque chose pour moi, comme peut le faire The Fall, disons, mais même pas. Ce film ne m’a même pas marquée tant que ça. Et pourtant maintenant je ne pense qu’à lui.
Alors, j’ignore pourquoi mais c’est l’impératif du moment.
Si je ne m’en saisis pas maintenant, dans quelques minutes, ce sera évaporé, je le sais.
C’est toujours comme ça. Il y a une phase pendant laquelle l’envie subite est incroyablement puissante, comme une sorte de force d’attraction, et pendant cette phase, résister est ridiculement difficile. J’essaye de le faire mais j’en suis souvent incapable. C’est mon plus gros défaut en matière de visionnages : ce n’est pas que je n’aime pas finir les choses, c’est que je suis facilement tentée par l’idée d’en commencer une nouvelle, et que j’ai du mal à être raisonnable, à reporter. Je sais que du moment où je reporte, je suis bonne pour les Calendes grecques. C’est tout de suite, ici, maintenant.
Je fonctionne beaucoup au coup de coeur et je voulais essayer de partager avec vous l’un de ces moments où je dois lutter contre la force d’attraction d’un visionnage qui vient tenter de s’imposer à moi, parce que c’est comme ça que je le sentais. Je n’ai pas toujours une bonne raison de me lancer (pas toujours une mauvaise non plus), mais j’ai envie.
Et cela prend toute mon énergie que de me dire : non, ce n’est pas le bon moment.
A ce stade, je suis absolument incapable de vous dire comment les choses vont tourner pour cette envie soudaine.
Peut-être que je vais rester 5 minutes de trop devant l’ordinateur, à décortiquer ce soudain coup de tête, et que je vais en oublier d’aller chercher le film dans ma réserve. L’heure va passer et à 3h du matin, je vais réaliser que je dois être au travail dans 7h, et je vais remettre à plus tard. Et mais « plus tard » est une promesse d’ivrogne car je sais bien que c’est le moment ou jamais.
Peut-être que je vais me lever, aller chercher le film dans mes réserves, et m’émouvoir à nouveau devant ce film dont j’ignore complètement par quel procédé il a soudain refait surface dans mon esprit. Quelle notion étais-je en train d’effleurer pour en arriver là ? Quelle image de Bunheads m’a fait faire le lien ? Où se trouve l’association d’idées ? Peut-être que je vais effeuiller ma réserve de films en me demandant comment j’en suis arrivée là.
Même moi, je n’en ai aucune idée. Et vous voulez que je vous dise ? En toute modestie, dans des moments comme ça, pardon, mais c’est chouette d’être moi.