Chose promise, chose due, j’ai donné une nouvelle chance à Longmire. Je passe rapidement sur la déception qui a suivi la découverte de l’absence d’un générique (sérieusement, quand sortira-t-on de cette mode ridicule ? Comment est-il possible que tant de producteurs n’aient toujours pas recouvré leurs esprits et réalisé ce que peut faire un bon générique pour une série médiocre ?), pour m’étendre sur les pistes que je surveillais en particulier à l’issue du pilote.
Déjà, l’entrée en matière digne du plus cliché des épisodes des Experts, c’était mal barré. La découverte d’un corps s’est fait avec encore moins d’élégance que dans le premier épisode. En fait on réalise vite que la quasi-totalité de l’épisode, en-dehors de 2 à 3mn maximum, est consacrée à l’enquête, ce qui a tendance à refroidir.
Ainsi non seulement l’exposition est finie et bien finie, mais les pistes montrées dans l’épisode inaugural sont copieusement ignorées.
La rivalité avec Connally, notamment, est mise à l’arrière-plan. C’est une grosse déception parce que non seulement ça permettait d’avoir une intrigue sortant du format procédural, mais en plus il était intéressant d’assister à cette campagne pseudo-politique dans un petit patelin perdu, loin des habituelles élections qu’on a déjà vues être racontées pendant de longs épisodes, voire de longues saisons. Longmire refuse nettement, dans ce nouvel épisode, d’avancer sur ce terrain, même si le trailer annonçant l’épisode suivant semble y faire légèrement plus référence. Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il est hors de question de traiter cet angle plus dramatique que policier de façon prioritaire. Le procedural l’emporte, et c’est un véritable inconvénient à mes yeux. On a bien trop soupé de séries de ce genre pour que j’accepte de m’en cogner une de plus, surtout si elle fait si peu d’effort.
L’amitié avec Henry est elle aussi largement mise de côté. C’était plus prévisible, par rapport. Cette amitié étant ancienne, et visiblement inébranlable, il n’y avait pas de raison pour qu’elle occupe le devant de la scène chaque semaine. Dans cet épisode, elle est majoritairement employée en tant qu’outil pour les investigations du Shériff Longmire, d’une part dans son enquête professionnelle, et d’autre part pour ses interrogations personnelles vis-à-vis des relations de sa fille. Clairement, Henry est plus un informateur qu’autre chose, un petit gadget scénaristique qui ne donne pas toujours les renseignements cherchés de façon litérale, mais qui permet à l’intrigue de progresser tout de même.
D’ailleurs on notera que les conflits avec la réserve indienne ont totalement été mis de côté cette fois-ci, au profit d’un passage par la communauté Amish (guère plus accueillante, avouons-le). Il faut croire que ce n’était qu’un prétexte et non un véritable axe de la série.
Tout n’est pas à jeter dans Longmire, cependant.
Déjà parce que la blessure de son héros se manifeste de façon plutôt intéressante, même si très rare dans ce second épisode qui n’en fera mention que sur la fin.
Et puis surtout, et d’une façon plus générale, je ne suis pas restée insensible à la façon dont le héros semble porter le deuil de ceux sur lesquels il enquête. La tristesse du personnage m’a semblé plus palpable, plus permanente que dans le pilote. Une attention soutenue est également accordée à la façon dont les différents protagonistes réagissent à l’annonce d’un décès. J’ai mentionné plus haut Les Experts, mais c’est quelque chose que ce procedural n’a à mes yeux jamais réussi à faire : maintenir une forme d’émotion au long des enquêtes. Parce que le personnage est lui-même brisé par son veuvage, il est plus attentif à ses choses-là et j’ai trouvé ces différentes scènes très réussies. La série n’a pas peur de prendre le temps de montrer cette part-là des enquêtes, et je trouve ce choix plutôt courageux. Il ne fait aucun doute que si je devais poursuivre Longmire, cet ingrédient serait l’élement majeur de ma persévérance.
Mais à l’heure actuelle, je ne suis pas trop sûre de continuer. J’ai beau être particulièrement réceptive à la façon dont Longmire s’attache à tirer une émotion véritable de ses affaires, les affaires elles-mêmes ne revêtent pas grand intérêt. Pire encore, Katee Sackhoff nous gratifie dans ce second épisode d’une très gratuite scène dans un club de strip tease (ah, tous mes lecteurs de sexe masculin viennent de lancer le cagoulage de l’épisode ; bon, ça aura au moins servi à ça…) qui n’apporte strictement rien à l’intrigue si ce n’est quelques regards lubriques de vieux spectateurs qui commençaient à roupiller devant l’enquête.
Au bout du compte, le véritable point fort de cet épisode, c’est que je regrette infiniment qu’aucun drama ne nous ait emmené en terre Amish durablement jusqu’à aujourd’hui. Je crois notamment que le rite de rumspringa (déjà mentionné ponctuellement dans plusieurs fictions, mais c’est la première fois que j’en mémorise le nom) ferait un bon sujet de mini-série. Et puis, si c’est possible pour les Mormons, ça devrait l’être aussi pour les Amish, non ? Je doute qu’il y ait grand’chose à attendre de Banshee étant donné son pitch sur le sujet, mais ce deuxième épisode de Longmire m’aura au moins permis d’attendre avec juste un degré d’impatience supplémentaire le lancement de la série d’Alan Ball… Ce qui, en soi, est déjà un exploit. On fait avec ce qu’on a.