Ce soir, c’étaient deux épisodes de notre Ozmarathon qui étaient au programme. Il faut dire qu’avec l’été, notre planning va s’en trouver assez bouleversé, alors qu’il l’avait déjà pas mal été au printemps.
Alors, comme pour profiter de ces derniers instants communautaires, la saison 5 prend son envol, et nous offre quelques bons moments. Ca fait du bien.
Vous l’attendiez, Oz l’a fait : Chris Keller est de retour ! Malheureusement, l’épisode va assez peu s’apesantir sur la question, et surtout, les retrouvailles avec Beecher, que tout le monde attend (y compris les deux amants), n’ont pas lieu : comme pour punir Keller (de nouveaux éléments ont été apportés aux dossiers de ses meurtres homophobes), Beecher n’a pas de droit de visite, et, apprendra-t-on plus tard, pas le droit non plus d’échanger des lettres. Comme le souligne Keller, c’était finalement bien la peine de revenir à Oswald si c’était pour se sentir encore plus séparé de son cher et tendre…
Un autre retour, moins enthousiasmant cette fois (mais il faut dire que la série a du mal à nous introduire à de nouveaux personnages attachants depuis quelques temps), est celui du Chinois Jia Kingmin, dont très franchement on ne se souvient plus trop comment la haine pour Ryan O’Riley est apparue. Mais en tous cas elle est tenace, et le voilà qui commence à caresser l’idée d’utiliser sa mère pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
C’est d’ailleurs très touchant ce qui se passe avec la mère biologique de Ryan. Cela nous ramène le personnage là où il s’est finalement toujours trouvé le plus touchant, c’est-à-dire sous l’angle de la famille ; d’ailleurs les intrigues amoureuses avec Gloria, sans être balayées et oubliées, ont mis la sourdine, comme pour mieux me donner raison. Clairement, Ryan est un « family guy », aussi dysfonctionnel soit-il, et sa façon de vouloir protéger sa mère lui ressemble bien. Même quand elle se manifeste de façon maladroite et irréfléchie. Encore plus touchante était la petite interaction avec Cyril, ce gros ours en peluche au coeur toujours triste qui voudrait bien lui aussi avoir une maman, et qui propose à Ryan d’échanger sa possession la plus chère (sa paire de gants de boxe ; pour une fois, très, très belle façon d’utiliser le passé de la série) contre l’affection d’une mère. Réponse de Ryan sans une hésitation : « oh non, pas la peine de procéder à un échange, on n’a qu’à partager ma maman ». Sérieusement, comment ne pas avoir une énorme envie d’adorer Ryan O’Riley dans ce genre de situations ? C’est tellement lui, et tellement une belle facette de lui… On sait bien que c’est un enfoiré et un manipulateur, mais comment lui en vouloir quand on sait qu’il ne cherche jamais qu’à protéger ce genre de choses ?
Le retour sans conteste le plus inutile de l’épisode (mais pas de la saison, car il y a vraiment du level) est résolument celui de Brass, le CO sans tendon d’Achile. Déjà dans l’épisode précédent on ne voyait pas trop ce que ça pouvait donner, mais là… en fait, là, on voit ce que ça donne, et ça n’est pas convaincant du tout. Évidemment, tout ce qu’il souhaite, c’est de se venger, mais sa façon d’opérer est grossière et ne lui apporte rien de bon. Au final on n’est pas avancés du tout, on ne s’est pas émus une seule fois (en grande partie parce qu’on connaissait mal Brass avant l’incident, et qu’en plus il n’est pas très aimable), et cette intrigue prend de la place dans des épisodes déjà bourrés à craquer de mini-storylines un peu faibles.
C’est d’ailleurs le cas de ce pauvre Peter Schibetta qui lui non plus ne va pas gagner grand’chose à revenir dans la course. Ces histoires de viols deviennent d’ailleurs un running gag de bien mauvais goût.
Initiée précédemment par McManus (qui dans cet épisode est trop occupé à se fritter avec son ex-femme sur des questions à propos desquelles ils sont d’accord), la relation tuteur/poulain entre Kareem et Omar commence à s’épanouir. Elle prend même quelques formes surprenantes alors que Saïd, comprenant qu’il s’y prend peut-être un peu mal avec son protégé, tente d’engager une discussion « neutre » avec le ton le plus menaçant du monde. Sur le coup j’ai ri ; mais il faut avouer que le développement, assez rapide, nous rappelle que la série sait aussi ne pas entretenir 712 ans certaines situations, pour les dénouer avec brio. Malheureusement, je n’arrive toujours pas à ressentir quoi que ce soit pour Omar et seul le point de vue de Saïd m’intéresse vraiment dans cette histoire.
Je m’arrête un instant sur Leo Glynn. Je crois qu’on sera tous d’accord pour dire que ça n’a jamais été le personnage préféré des scénaristes : ses intrigues ne nous ont jamais menés nulle part, et son character development a toujours été au-dessous de zéro. Mais là on atteint des sommets. Désormais, chaque fois que le directeur s’exprime, c’est pour se rendre aussi haïssable que possible. Il tente de faire avouer à Alvarez qui l’a poignardé dans l’épisode précédent, et finit par le menacer plus ou moins explicitement de le mettre en isolement (dude, Alvarez est la VICTIME… bon, consentante, certes, mais ça tu l’ignores). Ou quand un prisonnier qui lui a sauvé la vie pendant la triste affaire Clayton Hugues lui demande une petite faveur pour pouvoir se comporter aussi bien que possible maintenant qu’il a quitté l’isolement, Glynn balaie sa demande de la main au prétexte que ça va trop lui rappeler ce triste épisode avec Clayton. OK, alors soyons clairs : si ça te fait chier de diriger la prison, personne ne te retient (d’ailleurs cette histoire de démission, on en est où ?). Ça devient insupportable. J’avais des envies de meurtre.
Quand je pense qu’à une époque, Glynn était le patriarche ferme mais juste qui servait de rempart à l’ignominie de Devlin… et maintenant c’est Devlin qui tente de communiquer et Glynn qui joue au salaud ! C’est vraiment le monde à l’envers.
Plus globalement, ce qui manque vraisemblablement à cette saison, et qui manquait d’ailleurs à la précédente, c’est un enjeu interne servant de fil rouge. Des esquisses sont apportées, mais on sent qu’elles sont lancées sans grande conviction, par des scénaristes déjà bien conscients d’avoir plein d’autres lignes qui mordent en ce moment. Ainsi, quelques alliances entre clans voient le jour ; en parallèle, on peut voir qu’Alvarez est en train de devenir une force d’opposition à son propre clan, ce qui est en plus du jamais vu. Ces angles, plus proches des grands tours de force de la série dans ses plus belles heures, pourraient donner quelque chose d’intéressant, mais on sent bien que ces histoires sont plus là pour meubler que pour bâtir un véritable arc général, tendant vers un but pour la fin de saison, par exemple.
Peut-être qu’en réalité, l’intrigue majeure de la saison est ailleurs. Du côté de Cloutier, par exemple. Elle est assez difficile à cerner : voilà un personnage étrange, dont on n’est pas sûrs de savoir pourquoi il ressuscite, et dont les manifestations sont perturbantes. Mais clairement cela donne à la série l’occasion d’aborder des thèmes ésotériques (ici, les monologues de Hill portent sur les rêves et leur sens, ce qui est forcément savoureux vu le mode d’apparition de Cloutier) et surtout, religieux. La religion avait à un moment une grande place à Oz, et comme en témoigne la timidité du père Mukada cette saison à l’image, elle a un peu perdu en importance ; c’est ici une bonne occasion de la réintroduire. La scène finale de l’épisode propose d’ailleurs une séquence de meurtre (ou tentative de) très symbolique, à la fois forte visuellement (cf. capture) et spirituellement. Certes il est étonnant de voir les pouvoirs paranormaux de Cloutier prendre une telle ampleur (mais après tout, à l’époque, la télévision était en pleine vague fantastique, alors…), mais le sens religieux donne une dimension intéressante à la série. En regardant ces scènes, je ne peux m’empêcher de tiquer, mais j’aimerais être capable de dépasser ces réactions réfractaires afin d’y voir là un espoir pour la saison… tout simplement parce que j’ai envie d’y croire.