Oublie-moi

4 juin 2012 à 11:03

Les romances, à la télévision asiatique, ça va, on les connait. C’est toujours un peu la même chose : la jeune femme (généralement avec un tempérament explosif) rencontre le jeune homme (légèrement introverti et si possible inexpérimenté), et en dépit de bisbilles constantes, finissent par tomber amoureux. A partir de là, toutes les variations sont possibles, notamment quant au statut social des protagonistes, mais en gros voilà 90% des comédies romantiques, en tous cas telles que j’ai tendance à les voir ; mais il est vrai que je suis peu versée dans la guimauve.
Alors, toutes proportions gardées parce qu’on n’est pas non plus dans une histoire foudroyante d’originalité, ça fait un peu plaisir de voir une série telle que Mou Ichido Kimi ni, Propose débarquer et varier un peu les plaisirs.

Mou Ichido Kimi ni, Propose est en effet l’histoire d’un homme dont l’épouse va perdre la mémoire des 5 dernières années, et donc de la totalité de leur vie commune. Il va devoir la reconquérir, et la demander en mariage à nouveau s’il ne veut pas faire une croix sur leur avenir commun.

La première partie du pilote est évidemment dédiée à montrer la vie commune de Haru et Kanako avant que tout ne change ; un poncif qui parait difficile à éviter. C’est l’occasion de mieux faire connaissance avec les personnages, et de ce côté-là, le résultat est TRES mitigé.
D’un côté on a Yutaka Takenouchi, impeccable dans la peau du mec pas chiant qui a toujours le mot pour rire mais ne se préoccupe pas trop de la romance dans son couple, et qui va réaliser, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendra plus. Et puis de l’autre côté, dans le rôle de sa chère et tendre, il y a Emi Wakui, dont on peut dire que si son jeu était un animal, il serait une limande. Le contraste est du coup saisissant : là où Haru se montre immédiatement comme un personnage sympathique, dont on a aucun mal à partager les émotions, Kanako s’affirme vite comme un rôle désincarné qui ne nous laisse de marbre. Ah si, à un moment, j’ai éternué, mais c’était peut-être sans rapport.
Le résultat, c’est que tout ce premier épisode pâtit de cette transparence molle : lorsque Kanako fait des efforts pour préserver un peu de piment dans leur relation (oui alors, bon, on parle de se faire un cinéma, pas de fréquenter les clubs échangistes, hein), on n’en a rien à péter, et on ne s’étonne pas tellement que Haru préfère faire des heures sup’ au garage où il répare avec passion toutes les voitures qu’on lui présente, fussent-elles téléguidées, plutôt que de se retrouver entre quat’zyeux avec l’autre, là.

Le pire est à venir. Si vous pensiez que Kanako était ennuyeuse au possible quand elle avait tout sa tête, ça s’aggrave quand elle fait ce qui ressemble à une rupture d’anévrisme (l’équipe de sous-titreurs n’ayant pas réussi à décrypter les documents papier montrés à l’écran pendant l’épisode, il faudra se contenter de deviner, mais de toute façon on n’était pas là pour l’intrigue médicale) et qu’elle perd donc la mémoire. A partir de là, Emi Wakui accomplit le tour de force de nous faire souhaiter que son personnage ait clamsé, ce qui, vu qu’on était venus là pour la romance, est une sacrée performance, mais pas vraiment celle que l’on attendait.

Nos espoirs se tournent donc vers Yutaka Takenouchi, et ce qui tombe plutôt bien, c’est que c’est lui qui va occuper l’écran la majeure partie du temps. Le problème c’est que, aussi likeable que soit son personnage, on en vient vite à se demander pourquoi il fait tant d’efforts pour son épouse, qui soyons sincères, n’avait déjà pas beaucoup de personnalité, et qui maintenant le traite en étranger. A part qu’il ne sait pas faire la cuisine, aucune piste ne nous sera donnée pour répondre à cette énigme.

Mais le plus frappant, notamment dans la dernière partie de l’épisode, c’est l’incrédulité qui monte chez le spectateur, virant même à la parano. Cette connasse de Kanako serait-elle en train de feindre son amnésie ? Parce que franchement, c’est suspect, la veille de sa perte de mémoire, d’avoir consigné par écrit dans son journal intime quelques unes de ses résolutions sur l’importance de la surprise au sein d’un couple. Et Emi Wakui joue tellement à la conne qu’il est difficile de ne pas nourir quelques soupçons.
A vrai dire, non, probablement pas ; ce serait trop beau si c’était le cas.

Il faudra à la place souffrir tandis que Haru porte, seul mais avec le sourire, le poids de sa négligence passée, et tente de conquérir une nouvelle fois sa femme (qui en échange passe son temps à le regarder avec un air affolé), butant contre son beau-frère dont il découvre soudain qu’il ne l’a jamais beaucoup apprécié et qui montre juste un peu trop d’enthousiasme à les séparer maintenant que l’occasion est trop belle.
Rien de très excitant dans ces perspectives, d’autant que, le personnage de Haru n’étant pas un gros original mais plutôt un mec très next door, il ne faut pas s’attendre à une cour épatante. En témoigne la sortie qu’il organise à la fin de l’épisode…

En gros, Mou Ichido Kimi ni, Propose est vraiment la série que vous allez regarder cette saison si vous n’avez rien d’autre à faire, mais qui ne vous procurera pas le moindre frisson. Sauf à accepter de se coletiner une série peu excitante en échange de la perspective de passer une petite heure chaque semaine avec Yutaka Takenouchi. Ca se défend aussi, hein, simplement pour moi ça ne suffira pas.

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