Les Américains l’ont bien compris, ce qui se passe à la télévision israélienne est particulièrement intéressant. J’aimerais pouvoir vous dire que l’accès à ces fictions est aisé, cependant, mais c’est encore un bien difficile combat. Au mieux, quelques DVD sortent avec des sous-titres anglais, mais généralement à des prix prohibitifs (heureusement il y a quelques exceptions), ce sera d’ailleurs le cas cet été de Hatufim, mais globalement c’est encore un peu compliqué si on ne parle pas l’hébreu (et/ou qu’on ne s’appelle pas Ben Silverman, qui vu le nombre de concepts israéliens qu’il achète, tant scripted qu’unscripted, doit probablement recevoir des DVD toutes les semaines).
Ne reste donc, pour prendre le pouls de la fiction israélienne, que la VOSTM, encore elle, et je dois dire que même si c’est plus difficile avec l’hébreu que des langue latines ou scandinaves, le pilote de Nevelot s’est laissé regarder.
Il était même très réussi, soyons clairs.
Nevelot est une mini-série diffusée en 2010 sur la chaîne câblée HOT, qui a remporté en août 2011 le prix du meilleur téléfilm ou meilleure mini-série lors des Israeli TV Academy Awards.
Les 5 épisodes durent environ une quarantaine de minutes chacun, et ont pour héros Ephraïm, un vieil homme qui fut autre fois soldat, et qui aujourd’hui porte sur la jeunesse de son pays un regard désabusé, voire écoeuré, alors qu’il constate comment les personnes âgées sont traitées par ces jeunes gens qui ne réalisent pas tout ce que sa génération a fait pour Israël.
Dans un premier temps, Ephraïm n’est qu’un petit vieux parmi tant d’autres ; il râle quand les jeunes voisins font la fête, il passe le plus clair de sa journée au café ou sur un banc, et il ne voit plus sa femme que comme faisant partie des meubles. Pourtant, progressivement pendant l’épisode, ce portrait assez banal d’un homme usé par le temps va glisser et marquer un dégoût encore plus marqué que la moyenne, sans doute, alors qu’il considère que cette jeunesse ingrate est en plus bien vulgaire à son goût. La mort accidentelle d’une vieille dame qui fut autrefois son grand amour, et qu’il avait perdue de vue, sert en quelque sorte de choc ultime, soulignant le contraste avec un passé qu’il voit comme nostalgique (aussi difficile ait-il été) et la cruauté du monde telle qu’il a ressent à présent. D’autant que la petite-fille de cette vieille dame, croisée à l’hôpital, est son portrait craché, à la différence qu’elle a l’air sacrément à la dérive, ce qui heurte d’autant plus les souvenirs d’Ephraïm.
Le basculement n’est donc plus loin et, un soir qu’Ephraïm et son meilleur ami profitent de l’air frais du large sur une plage, un jeune plus agressif que les autres leur manque de respect, le ton monte, et nos deux petits vieux finissent par l’agresser, ainsi que le copain qui l’accompagne. De cette action d’une très, très grande violence (les deux jeunes gens mourront sur le sable), va en quelque sorte remonter le goût du sang. Désormais incontrôlables, les deux anciens soldats vont laisser libre cours à leur pulsion de vengeance intergénérationnelle…
Dotée d’une excellente réalisation (le passage des flashbacks au présent est notémment très réussi), d’une voix off omniprésente mais qui fonctionne particulièrement bien dans ce contexte, et surtout d’un thème peu commun, Nevelot a effectivement de quoi accrocher le public. Alors, comme il ne sert pas à grand’chose de vous proposer l’épisode vu qu’il n’existe à ma connaissance aucun sous-titre, j’ai choisi de vous montrer aujourd’hui son générique, qui n’est pas totalement dénué d’intérêt, comme vous allez le voir.
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !
Le générique de Nevelot est d’une désarmante simplicité (mais pas autant que son logo, je vous rassure), et pourtant il m’a rappelé, sans doute en partie par association d’idées, celui de Hatufim (souvenez-vous) ; mais loin de porter autant d’espoir, Nevelot est au contraire la promesse de quelque chose de terrible se préparant. C’est très efficace, mais ce n’est pas le genre de générique que vous allez regarder ou écouter tous les quatre matins pour le plaisir. Trop étouffant.
A côté de ça, le logo ci-dessus, qui conclut ce générique, peut paraitre un peu trop simpliste au premier regard, mais ce qui fait toute la différence, c’est cette oiseau, dans le coin. Qui n’est pas n’importe quel oiseau mais un charognard, ce qui est très justement la traduction, semble-t-il, du terme « nevelot ».
Tout est donc dans la symbolique, ce qui finalement colle plutôt bien à l’identité de Nevelot. Le genre de série qui mériterait de bénéficier d’une meilleure exposition (voire même d’une adaptation, ça a plutôt bien tourné pour Hatufim dans le fond), car ses thèmes pourraient trouver échos notamment en Europe, où les parallèles avec la Seconde Guerre Mondiale pourraient rendre cette histoire finalement assez universelle…