Chien perdu

1 juin 2012 à 22:48

Il y a quelques heures débutait en Nouvelle-Zélande la dramédie Hounds, qui comme son nom le suggère se déroule dans l’univers des courses de lévriers. Voilà bien un contexte à la fois étrange et fascinant, qu’on n’a pour le moment pas eu l’occasion d’explorer à la télévision.

Tout commence… et c’est fort à propos, quand on connait le sujet du SeriesLive Show de ce soir… alors que David, propriétaire de l’un de ces lévriers, meurt à la fin d’une course, visiblement d’une crise cardiaque. Il laisse derrière lui une immense maison, Lily, une jeune adolescente déjà orpheline de sa mère (une asiatique), et Lundy Dixon Watson, son chien ; l’entraîneur de celui-ci, Marty, vit avec eux. David avait également un fils plus âgé, Will, qui a quitté la maison il y a bientôt deux décennies maintenant, poursuivant sa vie d’avocat sans trop regarder en arrière. Or, dans son testament, David confie Lily à la garde de Will ; sauf que ces deux-là n’ont pas la même mère, et ne se sont jamais rencontrés, ce qui rend la situation inconfortable.

En dépit de ce pitch un peu déprimant, Hounds commence pourtant de façon très drôle, voire hilarante. C’est plutôt l’ambiance générale de la série, un peu décalée et absurde mais pleine de finesse, ainsi que ses dialogues pince-sans-rire, qui fonctionnent parfaitement. La scène des funérailles de David est l’occasion d’apprécier, en particulier, la forme d’humour choisie par la série. Si un lien de parenté devait être établi à des fins de repères, on serait plus dans un humour proche de certaines comédies/dramédies du câble américain, que dans des single camera déjantées ou des sitcoms de networks. Mais personnellement j’ai rapidement accroché.

Tandis qu’il veut régler les détails de la succession, Will s’installe donc temporairement avec Lily, Marty et Lundy Dixon Watson, embarquant avec lui sa petite amie du moment, une écervelée de 19 ans. Je dis « temporairement » parce que l’une des premières choses que Will vérifie, c’est la valeur de la maison de son père, dont certes Lily a hérité de la moitié, mais dont il espère pouvoir la revendre (il ne reste en effet pas d’argent, tout ayant été dépensé dans les funérailles, et avec quel bon goût !). Lily lui en garde d’ailleurs un chien de sa chienne.

En vérité c’est certainement Lily qui est le personnage le plus délicieux de ce pilote. Sa façon de rembarrer subtilement son demi-frère, ses observations sur diverses choses (notamment la petite amie de Will, qui en tient une sacrée couche), et ses réactions en général, font d’elle, sans hésitation, la véritable héroïne de ce pilote, sans que l’épisode ne tente d’en faire sa star (comme ça peut être le cas pour Suburgatory, mettons). Bien que frappée du syndrome de l’adolescente mûre pour son âge, elle ne se montre jamais insupportable, et réagit tout de même en adolescente « normale » à plusieurs reprises. On ressent aussi de façon très vive à la fois son attachement envers son père, même si elle n’a en définitive aucune scène avec lui, et l’affection profonde qui la lie à Marty, qui d’ailleurs espérait être son tuteur avant d’apprendre que le testament de David en avait décidé autrement. Leur petite mécanique semble bien huilée ; comme cette séquence où c’est elle qui conduit la fourgonnette, parce que ça a toujours été elle qui conduisait son petit monde aux courses, et qui montre une grande connivence, s’imposant avec une sorte d’évidence tranquille, entre l’adolescente et l’entraîneur.

Quant à l’univers canin, la façon de l’aborder n’est pas de nous y plonger tête la première en insistant sur le déroulement des courses ou ce genre de choses. Au début de l’épisode, c’est plutôt son aspect communautaire qui est évoqué, avec ces maîtres et ces chiens présents à la cérémonie, ces gens qui s’épaulent parce qu’ils partagent un intérêt commun, et qui vivent les soirées de courses plus comme une sortie et un plaisir que comme un enjeu vital. C’est vraiment une façon de dépeindre ce milieu qui lui confère immédiatement beaucoup de chaleur et d’humanité ; la dernière partie de l’épisode se déroulera pendant l’une de ces soirées de courses, où la moitié du plaisir vient de ce qu’on passe du temps au bar à suivre la course un verre à la main. Le peu de compétition qui s’y déroule entre les propriétaires de chiens est même montré sous un angle ridicule, même pour ce monde légèrement ringard, soulignant qu’on n’est pas tellement là pour remporter des prix. Je suppose cependant qu’on aura le temps d’aborder d’autres thèmes sur les courses ultérieurement, et que cela peut changer plus tard.

Dans tout ça, je suis un peu plus partagée quant à Will ; s’il est un peu perdu dans ce monde qu’il n’a jamais cherché à connaître, il n’a pas trop l’effet « fish out of the water » qu’on aurait pu attendre, et c’est définitivement un bon point. Mais son personnage n’apporte pas grand’chose, ni humoristiquement, ni dramatiquement. Quant à sa vie professionnelle, la scène au cabinet d’avocats où il travaille, sans manquer d’être drôle avec ce boss étrange qui a tendance à se désaper devant ses employés et y prend un plaisir malsain, n’apportait pas grand’chose. A moins que cela n’offre des possibilités insoupçonnées par la suite, je ne vois pas trop ce que ça peut donner de savoir comment Will vit sa vie au loin, puisqu’elle n’est ni fondamentalement désagréable (ce qui aurait servi à le convaincre de faire sa vie dans le milieu des courses), ni totalement géniale (c’est d’ailleurs bien vu, moins caricatural, que son cabinet ait l’air assez modeste).

Mais l’avantage principal de Hounds réside, c’est net, dans son ambiance, son ton, ses dialogues sans lourdeur, et sa capacité à trouver le moyen d’être drôle sans se construire autour de « gags » à proprement parler. Il se dégage en plus une telle impression de sincérité et de tendresse de ses personnages, et l’univers absurde des courses est si bien rendu.
Reste à voir comment la saison, prévue pour un total de 6 épisodes, évoluera à partir de là, car bien malin qui peut prédire à ce stade comment les choses vont tourner… Et c’est finalement un bon point en faveur de cette dramédie.

A moins que Hounds ne soit annulée si 3 lévriers meurent sur le tournage ? Mouais, à surveiller…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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