Meaningful

18 mai 2012 à 22:32

Il est si souvent tentant de faire du sentiment en matière de téléphagie. Après tout, n’est-ce pas pour cela que nous sommes devenus passionnés par les séries : parce qu’elles nous faisaient ressentir tant de choses ?
Le problème c’est qu’on oublie souvent que c’est avant tout d’une industrie qu’il s’agit.

Ou plutôt non, on s’en rappelle… quand ce sont les chaînes qui annulent froidement des séries. Forcément froidement. Le network, ce vilain méchant à propos duquel on parle comme un communiste d’un patron du CAC40, est forcément dirigé uniquement par des gens sans âme qui ne jugent que par le chiffre. La vérité est évidemment plus complexe, mais nous en savons si peu sur les exécutifs des networks, et il est si tentant de prendre partie pour les showrunners des séries qui nous aimons…

Pourtant eux aussi sont là pour l’argent. Pas que pour ça, naturellement, mais enfin… oui, ils aiment bien manger de temps en temps ! Ils ne sont pas là juste pour la beauté de l’art, ils sont aussi là pour réussir à vendre un projet. Bien-sûr, c’est parce qu’ils croient en leur histoire, leurs personnages, leur sujet, que les créateurs de séries se lancent dans une aventure et soumettent un projet à une chaîne (et plus si affinités). Mais ce n’est pas leur seule motivation. Et quand des gens comme Shonda Rhimes ou Marc Cherry proposent de nouveaux projets, leur volonté est au moins autant de battre le fer tant qu’il est chaud que de défendre leur univers. Qui peut prétendre que JJ Abrams se lance dans une nouvelle série uniquement par intérêt artistique ?
Après tout, c’est leur travail, à tout ces gens-là. Oui, c’est super de bosser sur un projet qu’on aime, mais ça reste quelque chose de professionnel pour eux. Sans verser non plus dans l’excès de cynisme, c’est une part de réalité. Ces gens ont une carrière à diriger, et pas juste une série à mener.

Ce n’est en rien un reproche, d’ailleurs : nous non plus, nous ne prenons pas forcément toutes les séries que nous regardons à coeur. Il y a celles qui sont dans notre planning uniquement parce qu’en tant que spectateurs, nous avons envie de continuer à alimenter la machine à téléphager. On ne peut pas avoir des coups de coeur tout le temps (même si en ce qui me concerne, le premier trimestre de l’année a été un feu d’artifices, je suis la première à dire qu’on ne peut pas sans arrêt avoir des séries haut de gamme au menu).
Alors, finalement, c’est un petit miracle quand on regarde une série, et qu’elle a de l’importance. Pas parce qu’elle est bonne sur la base d’éléments téléphagiques à peu près objectifs (excellents scénarios, character development impeccable, réalisation à tomber par terre…), mais parce qu’elle représente quelque chose à nos yeux, humainement, si je puis dire. Elle nous impacte, elle nous change, elle imprime quelque chose sur nous. Combien de séries peuvent se vanter d’avoir cet effet, hein !

Et ce que je me suis demandé, alors que je me faisais un marathon Angela, 15 ans dans le but de pouvoir en parler fraîchement dans notre dernier SeriesLive Show en date, c’est…

…Est-ce que ces gens se rendent compte de ce qu’ils ont créé pour nous ?
De la résonance que cela a sur nos existences, nos émotions, et cela des années, des décennies plus tard ? Est-ce qu’ils sont conscients d’avoir écrit quelque chose qui avait une signification réelle ? Est-ce qu’ils l’ont fait exprès ? Ou est-ce qu’ils pensaient simplement écrire un drama décent ? Est-ce qu’ils pensaient entrer dans la légende et écrire une série dont on se souviendrait longtemps, longtemps après, et qu’on se recommanderait longtemps, longtemps après, pour son parler vrai, ses émotions sincères et ses sujets authentiques ?

Parce que si c’est un accident… ou si ces gens ne savent pas ce qu’ils ont accompli… alors tout cela est beaucoup plus triste que les méchants exécutifs des networks qui annulent des séries froidement pour des questions de chiffres.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Bw dit :

    Je pense que la question ne se pose même pas quand on voit que les séries sans maitre à bord se vautrent toujours artistiquement, et puis les têtes de gondoles fades (ncis, bones…) ça permet aussi au méchant network d’engranger des sous pour un investir dans des projets moins mainstream

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