Regardez bien ces photos… Qu’ont-elles en commun ?
Si vous ne voyez dans ces photos que du talent… eh bien, bon, d’accord, un point pour vous, je vous concède ça, certes. Mais ces photos de showrunners américains célèbres ont un autre point commun.
Pour mettre le doigt dessus, contentons-nous de nommer ce que nous voyons défiler : homme blanc. Homme blanc. Homme blanc chauve. Homme blanc. Homme blanc…
Je crois pourtant avoir, avec ce petit pseudo-PowerPoint, ciblé la plupart des showrunners tenant le haut du pavé, sur le territoire des États-Unis comme à l’international. S’il en manque qui ne soient pas des hommes blancs mais qui aient le même statut, croyez bien que c’est moins par mauvaise foi qu’en raison d’un total oubli, parce que là tout de suite, il ne m’en vient pas vraiment.
A cette première constatation, il faut cependant ajouter une précision : on parle ici de « célébrités » parmi les showrunners. Sitôt qu’on prête attention aux showrunners, toutes séries confondues, y compris les un peu moins célèbres, on trouve effectivement des femmes. Quelqu’un de ma timeline Twitter a, hier, transmis le lien suivant : « Six Female Showrunners Talk Ratings, Their Comedy Icons, and Internet Hate » (vu que j’ai laissé l’onglet ouvert mais que je n’ai pas gardé le tweet, je ne sais plus qui a tweeté ça ; en espérant que la personne se reconnaisse, merci pour le lien !).
Il y a donc, bel et bien, des showrunners de sexe féminin.
Mon post du jour s’intéresse donc à l’autre pendant de la problématique : qu’en est-il des showrunners de couleur ?
Le souci avec cette question, c’est que quand ce sont des personnes de couleur qui la posent, tout de suite on a l’impression que les débats sur la représentativité et les quotas sont de retour, et les histoires de quota sont rarement un sujet pacifique en rapport avec la télévision (ou ailleurs), j’en ai moi-même parlé il y a quelques années. L’avantage c’est que comme je suis blanche, la question ne se pose pas de savoir si je me sens mal représentée ou non, et l’existence de showrunners de couleur ou non n’a rien de personnel. C’est simplement une interrogation purement curieuse.
Mais, parce que ça fait plusieurs années que je tente régulièrement (avec un succès variable) des séries « blacks », et parce qu’au gré de mes voyages téléphagiques j’ai appris au moins une leçon qui est que le talent n’a pas de couleur, j’ai l’impression que la question est l’aboutissement logique de plusieurs années d’observation. Même si le sujet est, par essence, un peu glissant… Tentons donc, on verra bien.
Pardonnez par avance mon ignorance, mais des showrunners de couleur rencontrant vraiment le succès, il m’en vient seulement deux à l’esprit : Shonda Rhimes et Tyler Perry.
Et pourtant, je continue de lire, très régulièrement, sur des forums ou dans des tweets, qu’on manque de séries « blacks » et de personnages « blacks ».
Un exemple près de nous : regardez le débat autour de Girls ; on a eu le même sur Friends et on s’en est toujours pas sortis, or ça va faire 20 ans, quand même ! Mais en tous cas ce débat existe toujours et on entend toujours des voix pour s’élever contre les séries avec uniquement des personnages blancs.
Ce qui est fou c’est que justement, il y a une sorte de boom des séries « black » actuellement, et c’est la première fois depuis le décès d’UPN qu’il y en a autant à l’antenne ; je ne vais pas les citer toutes, et j’en ai déjà mentionné quelques unes plus haut, mais on peut lister les sitcoms de Tyler Perry (deux d’entre eux actuellement à l’antenne, House of Payne, et For Better or Worse qui revient cet été et a l’originalité d’être dénuée de rires ; le troisième, Meet the Browns, vient de s’achever fin 2011 après 140 épisodes en trois ans !), The Game, et cet été, Bounce TV entrera dans la danse des séries originales avec un sitcom « black », Family Time.
Alors clairement, des séries « black », il y en a.
Mais je vais risquer une théorie : je crois que quand des gens (souvent des « blacks », puisqu’ils ressentent un défaut de représentation à la télé) disent que ça manque de séries de couleur, ils veulent dire en fait : « ça manque de série de couleur sur une chaîne qui ne nous serait pas réservée, et qui ne nous traiterait pas comme un sous-public ».
Ce que ces messages me semblent dire en filigrane, c’est « pourquoi je me retrouve, au mieux, avec une série comme Grey’s Anatomy, dans laquelle les personnages de couleur sont en minorité et où clairement on est dans du primetime soap ? Et pourquoi au pire je retombe sur des comédies de Tyler Perry ? Qui me touchera sincèrement avec un Parenthood black ? Pourquoi je peux pas avoir un A la Maison Blanche black ? (surtout depuis 2008) Où est mon Mad Men black ? »
Évidemment, toutes les séries ne sont pas, en toute objectivité, réalisables commercialement avec un casting à majorité ou unanimité « black ». Game of Thrones « black » par exemple, pas sûre que ça ne fasse pas un puissant bide ; certains genres n’attirent pas le public « black » et ça reste une réalité du marché, mais force est de constater qu’avec le niveau de vie en nette progression, et l’accession de plus en plus fréquente depuis au moins une décennie à la middle-class et la upper-middle-class, les goûts téléphagiques évoluent, et c’est naturel (n’est-ce pas ce qui s’est passé pour le public blanc, après tout ?).
Un drama « black », ou un period drama « black », sont des possibilités qui semblent clairement sous-exploitées à l’heure actuelle à la télévision américaine… et c’est peut-être ça, le fond du problème.
Je crois que la problématique a quand même un peu changé, en dépit de l’ironie dont je faisais preuve un peu plus haut. Il ne s’agit plus simplement de permettre au public « black » de se retrouver dans les séries sur un plan purement physique. Ce stade, sans être tout-à-fait dépassé comme le prouvent les nombreuses réactions autour de Girls, n’est toutefois plus le coeur du problème. Aujourd’hui, il s’agit de se retrouver dans la qualité des séries ; pour reprendre le débat de Girls, l’autre aspect du problème il n’existe à l’heure actuelle aucune série à la télévision dans laquelle une post-ado ou jeune adulte « black » puisse retrouver ses questionnements.
Non que cela signifie une désaffection totale des sitcoms « blacks » tels que nous les connaissons, Tyler Perry peut dormir tranquille et se racheter un nouveau studio à Atlanta ; mais qu’une nouvelle forme de diversité est appelée par les spectateurs « blacks », qui ne concerne pas seulement leur représentation, mais les conditions dans lequelles cette représentation se fait.
D’ailleurs, je parle ici essentiellement de fiction « black », parce que les latinos ont tellement de choix de networks spécialisés, que du côté du marché hispanique, inutile pour les networks de livrer bataille, la guerre est déjà perdue…
Les attentes téléphagiques du public « black » sont peut-être bien en train d’évoluer, en même temps que leur place dans la société américaine au sens large.
Et le problème, c’est que la télévision américaine n’évolue pas en même temps. Le succès de films comme The Help devrait pourtant contribuer à cette progression vers une télévision de qualité pour le public « black », mais il n’en est rien. Parce que les petites chaînes qui peuvent s’offrir des sitcoms « blacks » n’ont que très rarement les moyens de subventionner mieux. Et que quoi qu’on dise, la voie vers la démocratisation passe par les networks, parce qu’historiquement ça a toujours été le cas.
…C’est peut-être le moment ou jamais pour les networks américains d’arrêter de voir la vie en monochrome.
En fait c’est pas vraiment des séries « black » ou autres, c’est des séries communautaristes, et ça au State c’est leur dada, donc ça risque pas de changer !
J’ai du mal avec l’idée que l’ont est des séries pour blanc , black ou latino , certes c’est quelque chose de très américains mais moi ça me perturbe de voir une série qui ne représente q’une communauté .Elles ne font que conforter l’idée que les gens doivent vivre en eux .Se qui me choque aussi c’est dans une série quand tes en couple ta le couple blanc , black ou latino c’est rare les couples intercommunautaire ou alors ils te le montre comme une exception avec toutes les différences qui en résulte .C’est possible daller plus loin sans penser a la couleur de peau quand je regarde une série je me fout de savoir si c’est un black ou un blanc qui la écrit .
Le problème n’est pas – seulement – que les noirs n’ont pas leurs séries de qualité, ou leurs thématiques abordées sur les grands networks. Mais plutôt – et avant tout – que les noirs, n’importe où, quelque soit la chaîne, quelque soit le genre, sont réduits à une minorité insignifiante comparée à l’écrasante domination des blancs. Un déséquilibre chiffré qui ne cesse de nourrir l’idée que le blanc est la norme, l’état naturel des choses. Et le noir une exception bien loin d’être intégrée à la société moderne.
La seule série américaine en cours de diffusion qui embrasse la diversité (sans en faire un argument de différenciation, commercial ou politique), juste parce que la diversité est une caractéristique incontournable de notre XXIème siècle, c’est un dessin-animé : The Legend of Korra, sur Nickelodeon. Une grande série (meilleure que la plupart des dramas américains) dont la tête d’affiche est une jeune femme métis, et où les personnages sont tous de forme et de couleur variée : http://images5.fanpop.com/image/photos/30500000/Family-tree-avatar-the-legend-of-korra-30544925-1023-729.jpg
Et pourtant, il s’agit là d’une série fantastique : l’un des genre les plus ignorants à l’égard de la diversité.
Le problème avec Girls n’est pas qu’ils ont manqué une occasion de représenter une jeunesse noire dont on parle peu. Le problème c’est que même à New-York (où 1 personne sur 4 est noire), même à Brooklyn, ils ont trouvé le moyen de ne montrer que des blancs à la télévision. Alors que la diversité a déjà du mal à s’imprégner sur les écrans ; en dépit de toute logique et de tout réalisme, ils ont osé enfoncer le clou. Même dans un haut lieu de la diversité américaine (où les blancs sont en minorité), ils ont osé ignorer cette caractéristique. Juste parce que, c’est comme ça, à la télévision on ne montre que des blancs.
Si seulement le problème venait juste du fait qu’ils ne PARLENT pas des problématiques liées à la couleur noir ; mais non, c’est pire, ils ne les MONTRENT même pas.
C’est d’ailleurs l’un des (seuls ?) mérites de Shonda Rhimes. D’avoir osé un casting varié (Sandra Oh, Chandra Wilson,
James Pickens Jr., Sara Ramírez, Jesse Williams, Isaiah Washington, …) et, plus récemment, de lancer Scandal avec une femme noire à sa tête.
@yas : Je ne suis pas certaine que ce soit très américain. Il faut se rappeler de tout ce qui s’est dit à l’époque où Harry Roselmack a commencé à présenter le 20h, les débats sur la diversité à la télévision française existent. Le problème c’est qu’ils se déroulent dans une culture où on n’est pas à l’aise avec l’idée de classification ethnique, ce qui est voulu comme un élément d’égalité et finalement fait barrage à de véritables avancées de ce côté. La diversité à la télévision française, dans les séries, ça a longtemps été Mouss Diouf et point barre (ensuite d’autres séries s’y sont mises, et bien que je ne la regarde pas, j’ai cru comprendre que Plus Belle la Vie faisait sa part de ce côté-là). Ils ne s’agit pas de séparer les gens mais de ne pas nier que les différences existent ; pour reprendre l’exemple de Girls, l’expérience de l’adolescence, du passage à la vie active, est différente pour quelqu’un qui va se trouver face au racisme, par exemple, et on ne peut pas le nier. A l’inverse on peut retourner la question : une série ne présentant que des blancs ne refuse-t-elle pas la mixité ? C’est tout le débat qui a lieu autour de Girls, précisément.
Et que dire d’une télévision où les blancs occupent 95% des séries de qualité ? Cette télévision-là ne pousse-t-elle pas également, bien qu’implicitement, au communautarisme ?
@The Silhouette : Oui et non. Oui parce qu’évidemment que ce problème existe encore. Mais non parce que je pense qu’il faut dépasser ce débat, justement, de la diversité, et ne pas s’en prendre par exemple à Girls pour être uniquement blanche (ou voir un NYC uniquement blanc). La diversité à tout prix n’est pas non plus la solution (c’est le double-tranchant des quotas, que j’avais abordé dans le post que j’ai lié plus haut, et qui est ici http://ladytelephagy.canalblog.com/archives/2007/06/22/5382979.html ). Je crois tout-à-fait possible qu’on puisse vivre à NYC et ne pas avoir de diversité dans son entourage (d’après mon expérience et celle de mes proches, parfois plus jeunes de 5 ou 10 ans, c’est une expérience possible à Paris, Strasbourg ou Nantes, par exemple, et pourtant…), surtout à un stade de la vie qui est clivant comme l’entrée dans l’âge adulte, où on a tendance à vivre entre soi (l’entourage du personnage de Hannah dans Girls est constitué de filles qui sont amies de longue date ou de la même famille, pas de collègues de travail par exemple, ou de voisines, des facteurs qui permettent d’aller vers l’autre et de sortir de son cercle ; d’ailleurs dans l’épisode où Hannah travaille dans un bureau et où elle fait la rencontre de ses collègues, que se passe-t-il ?).
Pour mémoire, Undercovers avait un couple noir à sa tête et ce n’est pas ça qui a changé la donne : la qualité de la série était à l’avenant, et je crois que c’est une vraie problématique qui dépasse la question de la simple présence à l’écran, comme je l’ai expliqué ; disons que les deux problématiques ne s’excluent pas, elles s’additionnent, et que je pense que se focaliser sur la question de la représentation empêche de progresser sur les autres versants de la problématique. S’il existait des séries « blacks » de qualité, à plus forte raison sur des networks comme je le suggère, elles s’imposeraient comme d’autres facettes de la norme. Parce que ne nous voilons pas la face : dans une série écrite par une black et avec un casting divers, l’héroïne reste la blanche aux yeux bleus… La solution n’a pas été apportée par les quotas, et c’est bien pourquoi on lit encore de très nombreuses réactions du style de celles adressées à Girls (pour qui le débat est exacerbé, mais ne lui est pas propre). Il faut donc dépasser ce débat, pour voir les choses sous un autre angle et peut-être enfin avancer sur ce front.
PS : je ne connaissais Korra que de nom, je vais y jeter un œil. Juste une question, faut-il être très au fait de la mythologie d’Avatar the last airbender pour suivre cette série ?
Je suis d’accord. Disons que le fait qu’on aborde la question noire sur les grands networks américains (ou même qu’on présente des personnages noirs en tant que noirs, au vécu noir, aux caractéristiques noires) me semble tellement irréaliste que j’ai tendance à l’exclure automatiquement (parce que les blancs américains font de moins en moins preuve d’empathie envers les noirs, il n’y a qu’à voir l’exécution de Troy Davis qui n’a mobilisé que les communautés noires, les enquêtes d’opinion sur l’affaire Trayvon Martin qui montrent qu’une très large portion des blancs interrogés excluent la thèse du crime raciste, ou sont même près à innocenter le tireur, ou encore la jalousie improbable qui grandit à l’égard du Black History Month, ou la prise d’ampleur récente du soutient aux théories qui tendent à défendre l’inexistence du « white privilege », … Les exemples s’additionnent de semaine en semaine, et sont tous plus tristes les uns que les autres.). Et à y préférer une manière de procéder qui serait plus acceptable aux yeux du public blanc, car plus subtile : l’équilibre quantitatif entre noirs et blancs à la télévision. Après, ça ne veut pas forcément dire que je suis pour l’application de quotas ; j’espère juste que ce soit une prise de conscience personnelle des différents showrunners. Autrement dit : je rêve.
Korra, même si elle aborde des problématiques et une perspective différentes d’Avatar (qui valent à elles seules le coup d’oeil), réutilise sa mythologie et la fait évoluer de manière très pertinente et intelligente. Découvrir que le lien entre les deux séries est si finement tressé, ça fait indéniablement partie du plaisir. Après, Avatar est, lui-même, un excellent dessin-animé, il faut donc le voir.
Perso, je trouve le débat autour de la blancheur de « Girls » complètement absurde, et un effet pervers de l’hypocrisie du politically correct.
Inutile de nier que les afroamericans (le terme PC pour « black », vous vous feriez taper sur les doigts aux US en multipliant les « black » ceci et cela) sont sous-représentés dans la fiction tous publics US.
Il n’empêche qu’hollywood surexploite, dans sa volonté PC, certains tv tropes absolument irréalistes comme la « meilleure copine noire » — c’est assez violemment critiqué par Raquel dans « LA Complex » dans une scène plutôt jouissive. Or, comme dit Raquel, qui parmi nous a un(e) meilleur(e) ami(e) de couleur? Certains surement, mais pas l’immense majorité. Et aux US, c’est encore pire. D’où le fait qu’on se retrouve à parler de fiction « black », fiction « latino », et fiction « blanche », séparant bien tout le monde dans son coin, comme si les ethnies étaient séparées par des barrières infranchissables. La BBC a l’attitude diamétralement opposée, faisant mine d’ignorer les différences : le sexe et l’ethnie ne conditionnent pas l’écriture du personnage, ni les relations de ceux ci entre eux, et elle n’hésite jamais à donner des roles dans des séries historiques à des acteurs de couleur, quand bien même ils font figure d’anachronismes dans l’époque et les situations.
Ces derniers temps, je note aussi l’émergence d’un nouveau tv trope US : la PR métis (présente par ex dans « Revenge », « Greek » (qui s’appellent toutes deux Ashley) pour les séries auxquelles je pense).
Pour en revenir à « Girls », la série n’a jamais eu pour vocation de représenter l’intégralité de la population US, mais d’être le reflet d’une réalité, celle de la créatrice/auteur/interprète, sans chercher à l’enjoliver. C’est tout à son honneur de ne pas avoir artificiellement plaqué des amies de couleur si ces personnes ne font pas partie de son univers – ça a le mérite d’être sincère, plutôt que d’encourager l’hypocrisie généralisée -, tout comme c’est tout à son honneur de dépeindre la réalité de la condition féminine à notre époque, et le fait que toutes les femmes ne sont pas des bombes amatrices de chaussures, plutôt que recourir aux stéréotypes chéris de la production US, qui ne voit dans la femme qu’un objet de séduction.
En bref, pour moi, lui reprocher sa blancheur, et c’est exactement comme lui reprocher de ne pas avoir des actrices à physiques hollywoodiens et avec les problèmes que la phallocratie hollywoodienne lui affecte en général.
D’une façon générale, je suis assez d’accord, comme le montre la lecture attentive de mon post et de mon commentaire (et en complément le post sur les quotas). Cela dit, deux choses.
Ce n’est pas parce que je mentionne le débat autour de Girls que je lui trouve une légitimité ; simplement le simple fait qu’on ait encore et toujours ce débat me semble être un symptôme. La nuance est subtile.
Ensuite on n’est pas aux USA et la France aussi a des termes PC, or Afro-Américain n’en fait pas partie. Mon seul souci (qui explique les guillemets) c’est que d’après mon expérience ce terme PC en France varie selon les zones géographiques et à part ça environ tous les 5 ans. A la navigation à vue de nez, le terme black fonctionne dans mon milieu, mais dans d’autres apparemment c’est pas trop ça. Je fais avec les moyens du bord sachant que je suis blanche et que j’essaye de ne froisser personne. Désolée pour n’avoir pas été assez PC.
« Ensuite on n’est pas aux USA et la France aussi a des termes PC, or Afro-Américain n’en fait pas partie. » Je plaisantais sur ce point – c’est une expérience que j’ai eu avec mon mec américain, outré que j’utilise le mot black à tout va, qui est notre terme PC à nous -, je ne peux pas faire un post anti-PC en reprochant aux autres de ne pas l’être plus .
C’est un soulagement parce qu’au bout d’un moment on s’en sort plus XD
Oh et sinon, pour revenir à Avatar « The Last Airbender » et « Legend of Korra », je les conseille tous les deux chaleureusement. Perso, je commencerais par the Last Airbender pour la simple raison que la série est terminée, ce qui permet de suivre une superbe fable épique dotée d’une âme et d’un coeur de près de 24h, drôle (vraiment drôle pour un public adulte, pas comme souvent dans l’animation), tendre, profonde, cohérente, extremement bien écrite, quand Korra n’en est qu’à son début, et est loin d’avoir encore révélé son potentiel (perso, j’ai au moins mis 10 épisodes avant de rentrer dans TLA, et pour l’instant, je suis encore sur la réserve pour Korra, même si c’est techniquement magnifique et que je suis ravie de voir un avatar femme, loin du stéréotype de la femme).
Je comprends aisément que, vu d’outre-atlantique, le débat sur Girls puisse facilement paraître absurde. Mais je crois surtout qu’il nous manque beaucoup d’éléments de réponses, en France, pour pouvoir juger de la légitimité de la question posée.
En l’occurrence, rares sont les français – et c’est normal – à se rendre compte de la violence et de la ténacité du racisme aux Etats-Unis. Un chiffre saisissant : un détenu sur deux, aux USA, est noir ; non seulement parce qu’ils ne sont pas aidés mais – et surtout – parce qu’ils sont particulièrement visés par nombre de lois. Avant d’être élu Président, Barack Obama était seulement le cinquième sénateur noir élu au Congrès (sur 100 membres renouvelés par tiers tous les 2 ans) ; à l’époque il était seul, aujourd’hui il n’y en a aucun. Sans refaire mention des plus récentes affaires mentionnées dans ma précédente réponse.
Sans avoir la prétention de faire une envolée argumentaire à la Sorkin, je pense qu’il est important de garder à l’esprit que le gouffre – bien qu’aucunement médiatisé en France (presque aussi peu médiatisé aux Etats-Unis) – existe bel et bien, aux US, entre blancs et noirs.
Ce n’est pas la France ; ce n’est vraiment pas la France. Les questions des quotas et de la discrimination positive ne se posent pas (et ne doivent pas se poser) là-bas de la même manière qu’ici. La discrimination positive, aux Etats-Unis, est le minimum requis d’un groupe de personnes qui a condamné un autre groupe à l’esclavagisme pendant des siècles, et dont les « jeunes » générations restent gangrénées de préjugés racistes (consciemment ou non). http://www.leftycartoons.com/app/uploads/concise.png
Pour en revenir à Girls : il faut comprendre que cet état des choses (énoncé plus haut) éveille des sensibilités particulières chez certaines personnes. En l’occurrence, le déséquilibre est tellement puissant et nuisible qu’il devient difficile de tolérer l’inaction de blancs qui ont la possibilité – à leur manière, à leur échelle – d’arranger un petit peu les choses, de rétablir une sorte d’équilibre. Et c’est d’autant plus rageant quand l’inaction va à l’encontre de toute logique (en l’occurrence la logique statistique opposée à Girls) ; car l’inaction apparaît alors comme de l’immobilisme intentionnel.
Personnellement, je le comprends.