Comprenons-nous bien : j’ai vu le pilote de Seinfeld et quelques épisodes par hasard, et je n’ai jamais trouvé ça drôle. J’ai vu le pilote de The New Adventures of Old Christine, et je n’ai pas trouvé ça drôle. Peut-être que si j’avais vu un épisode de Saturday Night Live où elle apparait dans un sketch, j’aurais ri, mais ce n’est pas le cas. Toujours est-il que je n’ai jamais compris le hype autour de Julia Louis-Dreyfus, je ne la trouve pas drôle.
Attendez, si. Ca me revient. Il y avait un épisode du Late Night with Conan O’Brien où elle était invitée, et où ils avaient mis en scène une petite blague avec Tina Fey et Jack McBrayer, et là je crois que j’ai ri. Essentiellement à cause de Conan mais ça compte quand même, n’est-ce pas ?
Nan mais voilà, c’est tout. En-dehors de ça, Julia Louis-Dreyfus, je ne comprends pas ce qu’elle a de si génial.
Et ça ne va pas commencer avec Veep.
Je sais, je sais. Quand je vous dis d’emblée ce que je pense d’un épisode que j’ai regardé, ça tue un peu le suspense. Mais disons que c’est comme un pansement. Voilà. Je l’ai arraché d’un coup, et comme ça, la douleur est aussitôt partie qu’elle était apparue.
Le problème de Veep n’est pourtant pas seulement la présence de Julia Louis-Dreyfus. Etrangement. Le problème, c’est le côté humiliant de la série. Et ça j’ai déjà pu vous le dire, ça me hérisse le poil, c’est limite pavlovien.
Ca me rappelle immédiatement ce que j’ai pu ressentir devant The Comeback, ça fait appel à plein de souvenirs téléphagiques dont même la psychothérapie et l’hypnose ne parviennent à me soulager, c’est vraiment atroce.
Je regarde le pilote de Veep et j’ai la sensation extrêmement désagréable de sentir comment les épisodes suivants vont tourner : à chaque fois, il va se passer une catastrophe, ou quelqu’un va faire une bourde, et on regardera le cabinet de la vice-présidente s’embourber un peu plus dans la catastrophe ou la bourde, elle y compris, dans une suite de séquences embarrassantes. Et visiblement, très brouillonnes et bavardes.
Parce que c’est un peu comme si on avait pris la forme d’A la Maison Blanche, avec les tirades longues comme le bras et débitées à une vitesse record, mais qu’on avait décidé d’en pervertir tout le reste : personne ne se sort grandi, intelligent (ou drôle) dans cet épisode qui est juste dédié à l’humiliation absolue de son héroïne, à laquelle il ne reste plus ensuite qu’à rabaisser le reste de son staff.
La sensation de diminution intellectuelle et émotionnelle qui en résulte est… comment dire ? Impressionnante, je crois qu’on peut employer ce mot ? Mais certainement pas drôle. Pas à un seul moment.
Et sur moi, ce genre de sensation a l’effet d’un repoussoir. Je ne comprends sincèrement pas comment on peut rire de ça alors qu’il n’y a en réalité pas de dialogue drôle, pas de gag, pas de performance comique, rien. Juste l’humiliation des personnages et peut-être aussi vaguement du spectateur. On n’est pas dans un mockumentary sur la forme, mais pas loin, voyez, et mon problème avec le mockumentary c’est quand même sa grande parenté avec la télé réalité, et pour moi vraiment c’est la boîte de Pandore, ça m’horrifie qu’on puisse chaque semaine revenir voir quelqu’un s’humilier, même volontairement et fictivement, devant une caméra. C’est dégradant intellectuellement pour tout le monde, voilà ce que j’en pense. Je sais, je suis une vieille peau rétrograde qui ne comprend rien à la télévision d’aujourd’hui et qui ne sait pas s’amuser, je retourne voir mes épisodes de The Yard, tiens.
Le problème c’est que les séries politiques font partie de ces quelques genres télévisuels (avec les séries légales) qui peuvent se passer de tout, sauf d’intelligence. Une série politique n’est pas obligée d’être sérieuse, elle n’est pas obligée de traiter son sujet avec déférence, mais elle est obligée d’être intelligente. Les comédies politiques intelligentes existent. Veep n’en est pas une.
Ce n’est pas que la faute de Julia Louis-Dreyfus, cela dit. Mais c’est sûr, ça n’aide pas.
Peut être hors sujet mais, je ressens une grande sensation de gène quand je regarde un épisode de The Office, du coup j’occulte tout le reste, l’épisode devient chiant.
Je ne pense pas que ce soit hors-sujet, non.
Est ce que ça te fait aussi sur tes séries préférés, de passer les moments embarrassants pour tes personnages, alors qu’objectivement ce sont des moments clés ?
Moi j’enchaine pas les auto-cliffhanger
Ça par contre non, désolée