Le Piemarathon est de retour ! Ne vous laissez pas abuser par ses quelques jours d’absence, mais j’avais vraiment hâte d’avoir un peu de temps à y consacrer. D’autant que parmi tous mes épisodes préférés de la série (on l’a établi, ce chiffre est actuellement porté à 21 épisodes), celui-ci est probablement mon encore plus préféré, ex-aequo avec les autres. Je me comprends.
Pour tous ceux, et parfois j’en suis dans mes mauvais jours, qui pensent que Pushing Daisies m’a charmée uniquement en m’abusant avec ses jolies couleurs et qu’en réalité la série n’est rien d’autre qu’une romance (pouah !) teintée de procedural (horreur et ulcération), voilà exactement le genre d’épisode qui me rappelle que cela va bien au-delà. On ne va pas se mentir, cet épisode est probablement l’un des plus austères : pas vraiment de costumes géniaux (une fois qu’on a pouffé à l’idée de voir Emerson en soutane, tout est dit), des décors maussades (avec une réutilisation ostensible des décors du couvent, bien-sûr, mais aussi les égoûts « magicien d’Oz », par exemple), pas du tout de scène se rapportant à l’enfance de Ned (et celle d’Olive est très courte même si très instructive aussi) ; bref, l’excentricité visuelle est loin d’être le mot d’ordre. Et c’est du coup l’occasion de se rappeler tout ce qui fait le charme de la série à part ça.
Après nous avoir filé la frousse de notre vie en allant s’isoler au calme, devenant un personnage secondaire de ce début de saison, Olive revient donc en grande forme dans cet épisode où c’est elle qui ramène Emerson (et involontairement, Ned et Chuck) au couvent pour enquêter sur le suicide d’une nonne avec laquelle elle avait sympathisé. Même si en définitive notre petite blonde préférée nous fait assez peu son show, il faut quand même admettre qu’on est déjà, pour commencer, super contents de la retrouver, et qu’elle est quand même en bonne forme. Donc déja, d’une, retrouver Olive avec la petite bande du Piehole, c’est un plaisir.
L’autre grand avantage de cet épisode, c’est qu’il est quand même hilarant. En fait, il me rappelle que l’une des choses que j’aime le plus dans cette série (même si c’est plus facile d’emporter avec soi le souvenir des images et des bizarreries quand on ne peut décemment pas se mettre devant le DVD tous les mois), ce sont les dialogues. Mais le mérite ne leur revient pas complètement, puisqu’Emerson est une fois de plus au top : son fou-rire en découvrant Olive en habits (c’est très communicatif, du coup à chaque fois je dois mettre l’épisode en pause, puis je remets la lecture, Emerson se remet à rire, je remets en pause le temps de me calmer… ça peut prendre beaucoup de temps parce qu’après je remets la scène au début et c’est reparti pour un tour), son aplomb génial devant les autorités du couvent, et comme toujours, sa façon de s’adresser au Piemaker pour qu’il cesse son introspection au pire moment qui soit de l’enquête (ce qui est sa grande spécialité, reconnaissons-le).
Pourtant, une fois n’est pas coutume, c’est Ned lui-même qui va être au coeur de très bons moments d’humour ; d’ailleurs dés le début, la jalousie visible et irrationnelle de Ned est un bon exemple, mais au-delà de ça, il y a des scènes entières de l’épisode qui touchent au génie. Je suis par exemple systématiquement pliée en quatre lorsqu’ils rendent visite au cuistot et que Ned s’empiffre pendant qu’Emerson tente de cuisiner le témoin. Le genre de scène que je me découperais bien tant chaque expression du pâtissier est l’incarnation du terme « priceless ». Et puis naturellement, il y a la séquence-clé de l’épisode, et probablement de la saison aussi, lorsqu’Olive lui dévoile finalement le secret de Lily Charles. Un passage que j’aime tant, que je suis capable de le réciter comme un psaume…
C’est précisément le genre de moments, pourtant, qui donnent énormement d’émotion à cet épisode. Les origines de Chuck lui sont enfin révélées, et on sait combien cela a pu être difficile pour Olive de cracher le morceau, et pour Ned de s’en faire le messager (c’est d’ailleurs une façon à la fois terrible et finaude d’impliquer un maximum de monde dans la découverte de cette vérité, plutôt que de faire passer l’info directement d’Olive à Chuck). Tout le parcours de la fille morte, pendant l’épisode, est de toute façon très émouvant, et c’est rare venant de Chuck. Sa conversation avec Ned, qui en filigrane repose quand même en grande partie sur le fait qu’elle flirte avec l’idée de suicide (potentiellement assisté), est éminemment dramatique, et le Piemaker se prend d’ailleurs une fois de plus un méchant coup au coeur devant la révélation des idées de noires de sa bien-aimée.
Quant au pâtissier lui-même, il semblerait que la quête de Chuck pour ses origines finisse par lui donner enfin des idées. On sait depuis fort longtemps les problèmes émotionnels que son père a provoqués chez Ned, l’épisode de Halloween de la première saison était très parlant à ce sujet, mais Ned refusait justement d’explorer la question autant que possible. Cette fois, il aborde le sujet frontalement (dans une excellente scène de confessionnal qui se clot d’ailleurs de la plus hilarante des façons ; toujours cette balance admirable entre drame et comédie, Pushing Daisies, il se pourrait bien que je t’adore autant essentiellement pour cette raison), et admet qu’il devrait sans doute y consacrer plus d’énergie. C’est admirable (et ça ouvre la porte à un de mes épisodes préférés…) et c’est un sacré progrès de son côté.
Du coup, non seulement l’intrigue de Chuck a fait un bond, mais le character development avance donc également à grand pas dans cet épisode.
En plus de ces ingrédients et de la très, très sympathique intrigue autour de la mort de la chère soeur (qui n’en est pas une), on trouve encore le temps de nous faire une petite piqûre de rappel quant à l’intrigue d’Emerson. C’est vraiment génial la façon dont elle ne progresse pas mais est explicitée à intervalles suffisamment réguliers pour qu’on ait l’illusion d’une progression.
Avec un épisode… truffé d’aussi bons moments, pas étonnant qu’on tienne ici une merveille. Qui ouvre en plus plein de perspectives pour la suite de la saison. Aaaaaaah, mais c’est que je vous ai pas dit : le suivant, c’est mon préféré.