La première fois, la toute, toute première fois que je l’ai vu, cet épisode signifiait avant tout le retour d’une série qui avait bien manqué de ne pas survivre à la grève des scénaristes. Les retrouvailles étaient gaies, et revigorantes, mais moins à cause de la qualité de ce retour que du retour lui-même. Ce n’est qu’avec quelques visionnages de plus qu’aujourd’hui je peux dire que ce début de saison 2 compte parmi mes épisodes préférés. Oui, enfin, vous savez… avec tous les autres.
Plus esthétiquement thématique qu’aucun des épisodes l’ayant précédé, ce season premiere est placé sous le signe des abeilles et du jaune, alors que l’intrigue se déroule au sein de la société Betty’s Bees™. Et de la musique aux décors, des costumes au maquillage, tout ou presque dans cet épisode nous emporte dans un univers rayé. C’est un enchantement.
Et c’est une phobique des abeilles qui vous le dit.
Avec du recul, je crois que si j’avais aimé la première saison, c’est ce lancement de la seconde qui m’a fait comprendre que j’étais éprise de l’univers de la série.
Mais avant même de s’intéresser au mystère du jour, Pushing Daisies fait déjà une rudement poétique balade parmi les ruches dés le début de son épisode, alors que Chuck prend avec un calme étrangement serein la mort de ses chères abeilles domestiques. Eh oui, on prend la mort avec beaucoup plus de philosophie quand on a à portée de main un Piemaker corvéable à merci, capable de toutes les ressuciter, et ceci en dépit du fait qu’il n’ait pas tellement bien réagi aux piqûres qu’il avait pu recevoir précédemment. Vraiment une bonne pâte, ce pâtissier… Voilà donc un petit moment de connivence qui ne gâche rien, alors que la romance entre le Piemaker et la fille morte renait aussi sûrement que les abeilles que le froid avait terrassées…
Ned et Chuck repartent donc du bon pied, fermement décidés à faire fonctionner leur histoire pourtant si compliquée. Le ballet recommence, au propre comme au figuré puisqu’une très sympathique scène nous montre comment tous les deux gèrent leur vie dans un même appartement (préférant risquer la mort de la fille morte plutôt que l’éloignement, si on veut être cynique), mais très vite une nouvelle ombre va s’ajouter au charmant tableau.
Après s’être fait une place à coups de burin dans la vie de Ned, se montrant souvent un petit peu trop entreprenante pour lui, Chuck est prise de velléités d’indépendance. L’appartement d’Olive, fraîchement vidé, va devenir le théâtre de cette vie sans Ned ; un nouveau changement qu’elle lui impose et auquel, bon gré mal gré, le Piemaker va devoir s’adapter.
Où est donc passée Olive Snook ? Eh bien, la petite créature a tout plaqué et pris congé dans un couvent, fortement encouragée, dirons-nous, par Lily Charles qui a tout intérêt à ce qu’Olive fasse voeu de silence. En fait tout le monde a intérêt à ce qu’Olive garde le silence, mais tante Lily est résolument la plus insistante à ce sujet (et chaque fois qu’elle explique pourquoi, elle enfonce encore plus Olive dans son marais de secrets).
Olive a vraiment dégusté jusqu’ici, la pauvre, et hélas pour elle on ne parle pas ici de tartes. Après avoir vu Chuck débarquer et lui ravir SON Ned d’un battement de cils, elle a fait preuve d’une bonne nature plusieurs fois, sympathisant avec Chuck, prenant part aux folles aventures du Piehole et devenant même l’alliée de la fille morte auprès de ses tantes éplorées. Et tout ça pour quoi ? Olive est confrontée aux inconvénients des inconvénients, puisque maintenant, elle garde les secrets de tout le monde… mais qui donc fait bord avec Olive ? Personne. Insérez ici les soupirs émus du public attendri. La voilà donc exilée dans un couvent (elle n’en a même pas vraiment choisi l’endroit ou les modalités) et on sent bien que la soupape est sur le point d’exploser. Je tente comme je peux de ne pas me régaler par avance de cette perspective. Pardon, mais c’est trop bon. Enfin, ce le sera ; patience.
Et tandis que l’enquête la plus colorée, la plus drôle, la plus référencée au Fullerverse (Diana Scarwid, l’agence Happy Time…), la plus cauchemardesque aussi (j’ai beau avoir vu cette scène plusieurs fois, je suis toujours incapable de retenir un cri d’horreur en voyant les abeilles se ruer sur Chuck), se déroule avec malice, cet épisode revient aussi au côté feuilletonnant de la série, alors qu’Emerson a achevé son pop-up book, et que le père de Ned semble sur le point de se rappeler à son bon souvenir…