[#Piemarathon] 1×05, ghost

12 mars 2012 à 7:24


Alors qu’elle jouait un second couteau lunatique dans le pilote, Olive a désormais le vent en poupe. Elle est une nouvelle fois l’héroïne de l’épisode, et éclipse Chuck (au moins temporairement) alors qu’elle embauche elle-même Emerson pour enquêter sur une curieuse affaire de jockey fantôme…

On a appris pas mal de choses sur la plupart des personnages jusqu’ici, mais le passé d’Olive Snook était resté brumeux. Voilà donc une opportunité en or d’apprendre à connaître la petite chose qui se présente lorsque son passé de jockey refait surface ; difficile d’ailleurs de ne pas mourir de rire lorsqu’Emerson apprend cette information capitale sur le CV de la serveuse ! Outre cette séquence savoureuse, l’épisode ne sera pas dénué de scènes proprement hilarantes, grâce à un Emerson qui, déjà très en forme en solo (jolie déclaration d’amour à une pelle, notamment), voit ses pouvoirs se décupler lorsqu’il travaille en tandem avec Olive. Ca fonctionne totalement entre ces deux-là. Encore ! Encore !

Mais, à la surprise générale, y compris et avant tout d’Olive elle-même, celle-ci fait aussi un épatant duo avec nulle autre que Charlotte.
D’accord, la défunte n’a jamais montré d’animosité vis-à-vis d’Olive (en fait elle remarque tout juste sa présence, si on veut être honnêtes, et ne lui adresse la parole que depuis qu’elle craint pour son secret), mais ça reste quand même fichtrement imprévu. Et pourtant, il suffit de les voir toutes les deux pendant la fin de l’épisode pour admettre qu’elles forment une combinaison gagnante, tant au niveau de leur dynamique que lorsqu’il s’agit d’être efficaces en temps de crise.

Ce que j’aime dans Pushing Daisies, c’est que là où il y a de la gène, il n’y a pas de plaisir. La série assume totalement tous ses effets de style ; qu’il s’agisse d’entendre régulièrement le signal de départ des courses hippiques au cours des différents dialogues, de voir que tout d’un coup les scènes entre Olive la cliente et Emerson le privé ont droit à un éclairage de stores vénitiens ultra-cliché, ou bien-sûr, d’entrer dans l’inénarrable maison de la mère de John Joseph Jacobs, qui pique délicieusement les yeux, les excès sont bienvenus parce qu’ils participent à la création d’un univers bizarre autant qu’amusant, où l’oeil s’attarde et où on passe notre temps à dénicher cent détails formidables.
Qui plus est, le mérite de l’épisode ici présent est d’avoir plusieurs thèmes en un seul ; les épisodes à thème ne sont pas nouveaux dans la série (comme l’avait prouvé le deuxième épisode) mais le concept n’avait jusque là jamais été porté aussi loin ; cela marque définitivement un tournant dans l’univers de la série. Jusque là il s’agissait juste de proposer un contexte merveilleusement étrange, cette fois on est dans une sorte de champs lexical constant. Le meilleur épisode à ce petit jeu sera sans conteste celui des abeilles ; on n’y est pas encore mais c’est ici que tout commence, avec ces rappels permanents de l’univers du cheval (jusque dans les mugs d’Olive). Et pourtant, si l’épisode du jour est dédié à l’équitation, on a aussi un vrai épisode de Halloween, comprenant un hommage implicite à la légende de Sleepy Hollow, et c’est assez incroyable de voir comment ces deux univers se mélangent parfaitement bien. Sans compter, je l’ai dit, le côté légèrement parodique des films noirs que prennent les dialogues entre Olive et Emerson.
Tout cela fonctionne, s’emboîte, se complète parfaitement. J’ai regardé cet épisode avec une vraie admiration ; la série prend vraiment ses marques à partir de là.

Et pourtant, plus que la seule prouesse au niveau de l’ambiance et du style de la série, on a ici un épisode TRES mélancolique qui délivre de vraies scènes d’émotion.
Ned le Piemaker continue d’explorer ses traumatismes d’enfance, Halloween lui rappelant probablement le pire souvenir de tous, quand il a réalisé que son père l’avait abandonné. Les souvenirs de cet épisode de sa vie comme les scènes au présent sont terribles, parce sa souffrance ne s’exprime pas, encore une fois il garde les choses pour lui (mais il est vrai que c’est le genre de choses qu’on ne partage jamais vraiment), et noyé dans son sentiment d’abandon, il met sans le vouloir de la distance avec Chuck. A sa décharge, il faut quand même reconnaître que celle-ci est un peu chiante dans sa façon d’exiger de lui de tout dire de ce qui le préoccupe, alors qu’elle-même lui fait des cachotteries à propos des tartes qu’elle fait livrer à ses tantes.
Ned aura en tous cas l’occasion de refaire le chemin à l’envers, ce qui le mènera dans sa maison d’enfance, mais aussi chez les Darling Mermaid Darlings, et ce sera l’occasion d’une très, très jolie scène entre lui et tante Vivian. Pour elle qui ne supporte pas le contact, la voir cajoler ce petit garçon tout triste qui n’a pas résolu ses souffrances d’enfant, ça voulait vraiment dire quelque chose de fort. L’anecdote sur les coussins qu’elle glisse dans le lit de Chuck était déchirante aussi.
Qu’il s’agisse de souffrance, d’enfance ou d’êtres chers, Pushing Daisies parle magnifiquement bien du deuil.

Pour Olive, c’est aussi le moment de grandir un peu, si je peux m’exprimer ainsi. Après avoir pris la décision consciente, dans l’épisode précédent, d’aider Chuck à protéger son secret, la voilà qui est dans la confidence (du moins le pense-t-elle) et si elle en veut à sa rivale, elle va très vite s’apercevoir que sa colère est retombée. L’épisode nous montre une Olive qui, délaissant progressivement ses petites répliques mesquines, va comprendre l’évidence : quelle que soit la vérité à propos de la fille appelée Chuck, cela ne lui rendra pas Ned d’exposer ses secrets. Le baiser désespéré qu’elle lui délivre est suivi d’une douloureuse épiphanie…

Par le biais de ses dialogues pétillants et de ses excentricités, Pushing Daisies continue de maquiller son ton extrêmement dramatique, et c’est certainement ce contraste qui fonctionne si bien à mes yeux.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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