C’est bien connu, dans funérailles, il y a fun. Et si Pushing Daisies a toujours eu un côté un peu morbide et farfelu à la fois, dans cet épisode qui se passe dans une entreprise de pompes funèbres et qui va être ponctué de remarques cinglantes de la part notamment d’Emerson, on va vraiment être à la fête…
Je vous disais hier que le côté procédural de Pushing Daisies n’était qu’un prétexte ; eh bien la meilleure preuve, c’est que dés le troisième épisode, la série joue déjà avec cet angle et le pervertit. Dés le départ, on sait comment le cadavre de cet épisode est décédé, on sait qui en est la cause, bref, il n’y a pas de mystère. Le don du Piemaker ne lui servira en réalité pas à grand’chose, ce qui est parfait puisque cela lui donne l’opportunité, ainsi qu’à Chuck, d’explorer les circonstances qui les ont conduits à se retrouver. C’est super agréable de voir la structure ainsi renversée au profit des angles comiques et dramatiques de la série.
Ainsi, Chuck va découvrir que sa vie a un prix, qu’a payé le directeur de l’entreprise funéraire où Ned l’a trouvée. Ce dernier espérait qu’elle ne le sache jamais et est évidemment confus qu’elle apprenne l’horrible vérité, mais plus encore, il est rongé par le remords. Tout ça sous le regard courroucé d’Emerson qui n’a jamais très bien digéré cette histoire de « bitch, I was there ».
Plutôt que de questionner leur relation amoureuse, comme dans l’épisode précédent, on s’attarde plutôt sur leur relation tout court étant donné le contexte très particulier dans lequel ils se sont retrouvés. Cela n’exclut absolument pas d’insister sur leur romance, qui prend un tour d’ailleurs plus tactile que précédemment (enfin, autant que faire se peut), mais ce n’est pas le seul focus de l’épisode en tous cas.
Pendant ce temps, Olive persiste à n’avoir (c’est ironique quand on y pense) aucun contact avec la petite bande à l’intérieur du Piehole, ce qui ne l’empêche pas de faire une découverte capitale au sujet de la chère et tendre de Ned, et de se rapprocher des deux tantes de celle-ci.
Ici l’accent est moins mis sur la magie de la série (quoiqu’on trouve encore de très jolis plans un peu partout, et toujours autant de délicieuses couleurs) que sur son humour. La star de l’épisode est, contrairement aux apparences dans une histoire qui met Ned le Piemaker et Chuck la fille morte face à ce qui les a réunis mais pourrait les séparer, notre bon Emerson, qui fait preuve à la fois d’une lucidité à toute épreuve, notamment quand il explique pourquoi il a accepté cette affaire, et d’une causticité impayable. Encore une fois, ses échanges avec Ned sont précieux, parce qu’ils ont une super relation ; ça se sent bien quand Ned et lui discutent au retour de la morgue. Emerson n’est pas qu’un simple alibi comique pour contrebalancer la romance de Pushing Daisies, il est un personnage qui s’affirme énormément dans cet épisode.
Encore une fois, la série ne fait pas de quartiers (hormis avec les poires), et ne ménage pas ses personnages. L’épisode met Ned le Piemaker devant ses responsabilités, fermement. Il n’est pas un prince charmant pour les scénaristes (seulement pour Chuck), et son charme ne le protège pas ; il va bien devoir arrêter de fuir les questions qui auraient été posées de toute façon à un moment ou à un autre, de façon à s’assumer un peu, au lieu de chercher à s’en sortir en bégayant et en prenant un air de chiot battu. Il essuie donc l’irritation d’Emerson, mais aussi la colère de Chuck qui n’apprécie pas trop qu’il lui ait menti et n’aime pas qu’on la prenne pour une poire. C’est un peu la même logique que pour notre fille morte dans l’épisode précédent : il va se fritter avec absolument tout le monde… en tous cas, jusqu’au moment où il va se prendre en main.
En acceptant de porter la responsabilité de ses décisions et de ses actes, il grandit un peu. C’est touchant de voir la progression depuis son expérience avec les lucioles, quand il était petit et qu’il a découvert la fameuse règle des 60 secondes (judicieusement justifiée ainsi, d’ailleurs), nous ramenant au moment où il a grandi d’un coup et s’est découvert un pouvoir terrible, et de constater que depuis, il a tout arrêté, et même cessé de grandir, sa mesure de protection consistant à se tenir éloigné de tout le monde et à ne s’impliquer dans rien, si ce n’est la confection de tartes. Le voilà bien obligé de cesser d’être le petit garçon victime de son pouvoir, forcé qu’il est de s’impliquer maintenant qu’il a fait certains choix.
Deux moments très touchants dans cet épisode. D’une part, toute l’intrigue relative aux Darling Mermaid Darlings ; on aurait pu craindre qu’elles disparaissent rapidement de la série, mais on a ici une jolie façon de nous les ramener. Alors qu’elles pensaient gérer un peu mieux leurs névroses, les tantes ont reçu une carte postale en retard de leur nièce qui les replonge dans la dépression. En annulant leur spectacle, les deux tantes de Chuck vont ainsi ramener la jeune femme dans son rôle de jadis, lorsqu’elle prenait soin d’elles. Chuck va donc préparer une tarte aux poires couverte de gruyère et la leur faire livrer (non sans y distiller quelques gouttes d’un antidépresseur aux plantes dont elle a reçu un échantillon). C’est joli cette façon que Chuck a de se soucier autant des circonstances de sa mort que des êtres aimés qu’elle laisse derrière elle, et que sa crise avec Ned le Piemaker ne l’occupe pas entièrement pendant cette épisode. Toute pétillante et un rien crampon qu’elle puisse être, Chuck montre ainsi un versant de sa personnalité qui la rend très sympathique.
Et puis il y a Olive et son admirateur secret. Toute occupée qu’elle est à imaginer Chuck disparaitre dans le néant (ignorant que ça se joue à aussi peu de choses qu’un trou dans le film plastique !), elle ne voit pas le client qui ne cherche qu’à attirer son attention. Cette fois, ses frustrations ne s’expriment pas en chanson, mais ça reste extrêmement vif et touchant. La voir se radiner aussi vite que possible sur ses petites jambes quand Ned arrive, se faire renvoyer dans son coin, et perdre immédiatement son sourire, est légèrement répétitif mais très touchant. Inutile de dire qu’évidemment, son intrigue rejoint, par le plus grand des hasards, celle des Darling Mermaid Darlings mentionnée plus haut, lorsqu’elle se retrouve à leur livrer une tarte couverte de gruyère…
L’épisode nous prouve que les mystères sur lesquels notre club des 3 (Ned, Chuck et Emerson) enquêtent sont donc potentiellement soumis à des imprévus, et que la structure des épisodes n’est pas gravée dans le marbre. Cela laisse la part belle au côté feuilletonnant de la série, et c’est un vrai plaisir.
J’ai encore un petit peu de place, je me ferais bien un épisode de plus, mais figurez-vous que je vous prépare d’abord un autre post qui n’a rien du tout à voir… alors la suite du Piemarathon va attendre un peu.