Retour à Oz histoire de finir la 4e saison, même si le Black March va sérieusement nous ralentir ensuite. Savourez ce season finale, il n’y aura pas beaucoup de posts consacrés au Ozmarathon ce mois-ci.
Soyons honnêtes, à un épisode du final de la saison, ce n’est pas un grand épisode, et il n’est pas bon, non plus. Tout juste s’il est correct. Disons qu’il n’est pas mauvais, quelques scènes (souvent brèves) le sauvant des abysses de l’oubli auxquels d’autres épisodes sont promis en cette seconde moitié de saison. Si bien qu’on serait presque surpris de réaliser que l’épisode passe vite, tant on est habitués à avoir l’impression que le temps s’écoule plus lentement quand il ne se passe rien de captivant.
Parmi les intrigues qui ne font ni chaud ni froid, on découvre que Chico, dans l’ombre de tant de Latinos depuis des lustres, a une personnalité indépendante (et qu’il a tué Tyrion Lannister) ; voilà qui ne lui donne aucune espèce d’intérêt, si ce n’est que sa petite vendetta contre Omar White donne un peu d’action à ce dernier, qui est en chute libre. Son intrigue est pourtant mortellement banale, une sorte de Mobay sans la question de l’infiltration.
On se captive à peine plus pour le cas Clayton Hugues dont il est impossible de savoir s’il a un but dans l’existence ou si cela fait partie des intrigues de cette seconde moitié de saison qui sont ramenées à l’écran par manque patent d’idées de fil rouge.
La grand-paternité (?) de Schillinger ne nous mène pas non plus très loin. Un pas vers Cloutier, un pas en arrière, un pas vers Cloutier… C’était intéressant quand Vern s’orientait vers quelque chose de nouveau, mais entre son sens déplacé de l’honneur et les pulsions violentes qui animent la communauté des nazis, on a l’impression que c’est un peu un retour à la case départ…
Beecher et les scénaristes semblent quant à eux encore très partagés quant à cette histoire de libération sur parole. On dirait que le but du jeu est à chaque fois d’ouvrir un peu plus la porte de sortie, puis de les voir tous prendre un air renfrogné « bon Dieu de bon Dieu, il va finir par avoir une raison de sortir, ce con ». Pourtant, la scène de rencontre avec les parents de sa victime était émouvante, quoique longuette, et la confession finale de la mère, qui avait pourtant sauvagement aggressé verbablement Beecher il y a quelques années, fait un bien fou. C’est rare, les gens sains dans leur tête, dans cette série, après tout, alors autant apprécier. Sauf que, nom de nom, Beecher va vraiment finir par se faire la malle si ça continue. Les scénaristes semblent pris dans leur propre intrigue, et Beecher fait de son mieux pour se faire rembarrer, mais rien à faire. Plus que pour la libération de Beecher, on s’inquiète de cette schizophrénie.
Outre persister à guider Beecher vers la sortie, alors que tout le monde (de part et d’autre de l’écran) la supplie plus ou moins explicitement de faire marche arrière pour le bien de la série, Sister Peter Marie semble également se dévouer toute entière à la cause de William Giles, dont, par contre, on ne demande qu’à se débarrasser. C’est l’occasion là aussi d’une courte bonne scène pendant laquelle la nonne rive son clou plus d’une fois au gouverneur Devlin, décidemment aussi increvable que la mauvaise herbe.
On se demande presque quelle est la relation de la chère soeur avec ce prisonnier, auprès duquelle elle se montre si attentionnée et même particulièrement… tactile. J’ai cru lire dans le regard de Williams qu’il avait envie de déraper, je ne me souviens pas trop de ce que ça donne, si ça donne quelque chose ; à la limite ça peut être plus intéressant que l’intrigue qu’on a eue jusque là entre ces deux-là.
Le match de basket a déjà perdu le maigre intérêt qu’il revêtait. Précédemment, il avait donné aux prisonniers de la prison (certes sous de bien maigres prétextes) l’occasion de se réunir dans un véritable esprit de plaisir en commun. A ce moment-là, McManus semblait être le mouton noir de l’intrigue, avec son besoin viscéral de mesurer ses attributs ; cette fois il est de nouveau l’aveugle qui mène le troupeau à sa perte, provoquant indirectement un échange violent entre prisonniers et gardiens, et conduisant même, par son esprit de compétition exacerbé, à une atroce mutilation de l’un de ses camarades CO, littéralement fauché à un moment où sa vie pouvait s’améliorer. On peut vraiment rien avoir, dans ce bordel.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de l’action du côté de Kareem Saïd. L’homme succombe aux démons et cette fois, tout le monde peut y assister, là où précédemment son délire mystique comme ses manifestations d’ego étaient passées relativement inaperçues auprès de la majorité de ses pairs. Ce qui est bien c’est que, même si Saïd devient progressivement une bête sauvage, on ne cherche pas à le connecter au goût du sang qu’il pourrait avoir goûté en tuant Adebisi ; c’était une cause indirecte, mais on ne cherche pas à le ressortir sans arrêt et ça me fait plaisir. Je trouve ça plus prometteur que tourner toujours autour de cette question.
Oh, pendant que j’y pense, quelqu’un s’intéresse à la lutte de pouvoir entre Supreme Allah et Burr ? C’est ce que je pensais, on continue.
On compte en général sur Ryan O’Riley pour épicer un peu les épisodes les plus soporifiques, et notre Irlandais préféré ne manque pas à ses devoirs.
Il y a d’abord les entretiens avec sa mère. On ne se captive pas pour cette intrigue dramatique mais elle a le mérite d’être originale, à défaut d’être follement excitante, puisque maman a elle aussi un passé criminel et qu’elle pourrait finir à son tour en prison. Cela peut influer sur les plans d’évasion de Ryan, mais moins que la réaction que lui réserve Gloria (on va y revenir). Ce qui est certainement le plus intéressant, c’est combien tout ou presque chez Ryan est irlandais. Pas étonnant que ça fasse 4 saisons qu’il nous parle de Black Irish et toute cette sorte de choses, même les pans de son histoire qu’il ignore sont fondamentalement liés à la culture irlandaise.
Comme Claire Howell continue de rôder autour de Cyril, Ryan s’arrange pour qu’elle ait un, hm, accident. Certainement l’une des scènes les plus jouissives de cet épisode, Claire finit par se prendre un gros coup de karma dans la tronche, et se brise… le pelvis, punie par là où elle péchait. Ce qui ajoute au sublime de cette scène, c’est la façon dont le prisonnier qui donne un coup de main à O’Riley nous la joue soudain Debbie Jelinsky : « à l’aide », lance-t-il d’une petite voix qui ne trompe personne mais déclenche instantanément l’hilarité. Hey, c’est toujours bon à prendre.
Il ne chôme pas, Ryan, il doit éponger les dégâts de cet épisode rarement excitant. Il commence donc à envisager de faire un sort à l’Irlandais Connolly, avec ses méthodes habituelles. On se rappelle combien Ryan préfère garder les mains clean, et combien ses techniques pour intimider les gens peuvent être variées et originales ; il avait d’ailleurs trouvé à qui parler avec Stanislofsky, ça nous avait fait un très joli duel de cerveaux machiavéliques. Sauf que là, Connolly est un autre numéro, un rustre sans éducation qui ne prend aucun plaisir dans les entourloupes raffinées que lui prépare savoureusement O’Riley (« I get things done, that’s my talent »). En répondant par des menaces physiques, Connolly prend (temporairement) le dessus sur Ryan : on est dans un autre registre, celui de la violence pure, et on sait que Ryan ne peut pas concourir dans cette catégorie (la seule fois où il l’a fait, il avait déjà un ascendant psychologique sur sa victime, ici il ne l’a pas). La ruse de Ryan ne lui suffira pas forcément à s’en sortir et c’est pas si mal de le pousser à renouveler ses techniques.
Enfin, après bien des tâtonnements, c’est surtout la relation avec Gloria Nathan qui s’affirme. Comme toujours pour Ryan, les choses relevant de l’émotionnel ne peuvent être indépendantes des choses utiles ; comme on l’avait vu avec la boxe et Cyril, il aime, mais il ne perd jamais de vue la colonne des bénéfices au long terme sur sa survie. Or, quand Nathan lui affirme qu’il existe un truc appelé éthique, qui l’empêche d’accepter sa proposition de s’enfuir avec les O’Riley, et que donc l’évasion tombe à l’eau, il ne reste plus à Ryan qu’à trouver un moyen de signer une trève avec Connolly…
Toutes les intrigues de Ryan se mêlent donc pour le conduire à un cliffhanger qui laisse craindre le pire. Pour lui. Pour tout le monde. Et là, on commence à discuter. En fin de compte, vivement le final de la saison 4 !