En attendant que le cagoulage d’Awake soit fini, j’ai lancé l’un des pilotes de ma « pile à téléphager » un peu au hasard. Je n’avais même pas fait le rapprochement, mais visiblement, ce samedi sera placé sous le signe de Jason Isaacs.
Brotherhood est typiquement le genre de pilote dont je me rappelle avec une cinglante précision des premières minutes, et rien du reste… parce que je ne suis jamais allée au bout dudit pilote. Mais ça ne peut pas faire de mal de se forcer, surtout quand on a une bonne motivation (on en reparle dans quelques jours) et l’habitude de se plier de bonne grâce à l’exercice du revisionnage de la seconde chance.
Le plus dur, c’est donc, quand les souvenirs du pilotes s’évanouissent, indiquant ainsi avec une étonnante exactitude à quel moment j’ai interrompu mon premier visionnage, de tenir bon et de rester assise devant la suite du pilote de Brotherhood.
Il faut dire que peu de choses m’intéressent aussi peu que les histoires mafieuses. Ou peut-être que c’est une idée que je me fais mais très sincèrement, des Soprano à Underbelly, en passant évidemment par Boadwalk Empire, ou plus récemment The Straits, le thème m’a rarement captivée, pour ne pas dire jamais. J’ai tenté, hein, mais non. Enfin, presque : je n’ai pas tout tenté puisqu’en dépit de son excellente réputation, je n’ai jamais été fichue de réunir le courage nécessaire à me mettre devant Un Flic dans la Mafia.
Ici, je suis cependant reconnaissante pour plusieurs choses, maintenant que je suis, avec quelques années de retard, parvenue au bout de cet épisode inaugural. D’abord parce qu’au moins, pour une fois on parle de réseaux irlandais et pas des presque incontournables mafieux italiens immortalisés par Le Parrain. Rien de tel que d’emprunter aux clichés du genre pour me lasser.
Et puis, le démarrage de l’épisode en question n’est pas tant destiné à parler de mafia que de la frontière (forcément floue) entre le Bien et le Mal. Ici, on a donc une opposition de deux personnages, deux frères : l’un est un politicien qui trempe dans tout un tas de combines, mais qui a toutes les apparences du gendre idéal, l’autre est un criminel qui n’hésite pas à faire justice lui-même pour venger les faibles, mais qui a un casier épais comme un bottin. Leurs introductions respectives montrent immédiatement et avec un certain brio toute l’ambivalence de leur position sociale, tandis que l’un pose pour des reportages sur sa famille parfaite, l’autre a été en cavale pendant 7 ans, se faisant passer pour mort. Les frères Caffee sont ainsi très différents, mais en même temps, sur le plan strict de la moralité et de la légalité, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Aucun frère ne vaut plus que l’autre dans l’absolu.
Le soucis, c’est qu’après avoir formidablement bien posé ces deux personnages, le pilote de Brotherhood fait… eh bien, tout ce qui me déplaît dans les séries s’intéressant à des activités mafieuses : et vas-y que je discute business avec untel, que je négocie avec tel autre, que j’en menace un troisième, etc. C’est long, c’est sans imagination, et soit dit entre nous, je n’en ai rien à péter.
Il m’aura fallu attendre la fin du pilote, avec son petit twist de conclusion, pour vaguement éveiller mon intérêt, mais vaguement seulement puisqu’en réalité il se contente d’expliciter ce qu’on a toujours su sur quel frère est « gentil » et quel autre est « méchant » au sens dramatique du terme.
Problème supplémentaire pour un pilote : non seulement celui de Brotherhood tourne un peu en rond, mais il ne lance pas vraiment de pistes excitantes pour l’avenir. On est dans l’exposition totale et narrativement, peu de fils rouges sont lancés et c’est là que le bât blesse : la relation entre les deux frères est classique, les affaires de chacun également, et ce n’est pas la peine d’espérer grand’chose de l’ami d’enfance, l’épouse de l’un ou la mère des deux. Chacun des protagonistes est exactement là où on l’attend et n’offre pas vraiment de surprise ni, pire encore, de profondeur.
Peut-être que je suis tellement insensible aux histoires de mafia que je n’ai pas vu les beautés de Brotherhood. Possible.
Peut-être tout simplement que ce n’était pas une série pour moi. En tous cas, les chances pour que je m’essaye une troisième fois à cette série à l’avenir sont d’autant plus ténues que maintenant j’ai vu le pilote jusqu’à la fin, et que je sais très précisément ce qui m’a détournée de la série. Bon, cela dit, l’essentiel, c’était quand même d’insister et d’en arriver jusque là, et c’est déjà pas mal.
Si tu « n’en as rien à péter » des series sur la mafia je me permets de te conseiller The Black Donnellys,pratiquement un calque de Brotherhood