Si je pouvais m’écrire une lettre, et l’envoyer dans le passé à la lady de 15 ans…
Déjà, pour prouver que c’est bien moi, je lui dirais de regarder dans le petit sac en vinyle, à gauche sur le bureau, où, cachés au milieu des petits bibelots sans importance, on trouve des coupures du Télé Z avec des résumés d’épisodes de trois lignes à peine de SPACE 2063, et personne ne sait qu’ils sont là à part moi.
Ensuite je lui dirais : je sais combien il est difficile de se séparer de cette série, même s’il n’y aura jamais de saison 2, ne t’en fais pas, tu ne vas pas l’oublier. Les portes qu’elle a pu t’ouvrir ne vont plus jamais se refermer. Il y aura d’autres séries, bien d’autres, capables de faire battre ton coeur. Rien ne sera plus jamais comme avant, tu as raison, mais pas dans le sens que tu crois.
Bien-sûr pour le moment, il t’est difficile de trouver des séries qui aient le même effet. Ne serait-ce que parce que c’est difficile de regarder des séries tout court ! Mais dans quelques années, tu vas te tirer de là, et les séries, comme le reste, seront à ta portée, enfin. Ne te décourage pas et continue de lire et regarder et écrire autant que tu le peux, c’est le début, c’est ta porte de sortie même si tu ne le sais pas.
Si j’avais un conseil à te donner : ne te prive de rien, et surtout pas pour des prétextes idiots, au nom de préjugés stupides et de généralisations à la louche. Tu crois que seules les séries américaines sont dignes de ton attention, mais si tu savais ! En fait, L’Odyssée imaginaire est canadienne, par exemple ! Ca t’en bouche un coin, hein ? Et encore, tu n’as rien vu.
Si j’avais une requête à te faire, ce serait, pitié, d’être rigoureuse avec tes VHS. Là tu n’en as même pas 10, elles sont cachées dans un coin, derrière le tas de vieux Télé Loisirs, eh bien étiquette-les, prends l’habitude, maintenant, très vite, de les répertorier, je t’en conjure !
Il y a tant de choses devant toi.
Bien-sûr, dans 15 ans, il y aura des séries comme Whitney ou Alcatraz, qui te donneront l’impression que rien, en fait, ne change. Mais, et ces titres ne te disent rien pour le moment, il y aura aussi Pushing Daisies, Capitu, Kommisarie Winter, Mousou Shimai… Rien que dans trois ans environ, il y aura Rude Awakening ! Je t’envierais presque d’avoir toutes ces découvertes devant toi, si je ne savais pas qu’en matière de téléphagie, on a toujours des dizaines de découvertes devant soi. C’est ce qui est merveilleux et perturbant à la fois, lady : ça ne s’arrête jamais.
Tu verras, ça n’ira qu’en s’améliorant. Tu es loin de vivre les plus belles années de ta vie en ce moment. Il y a des tas de gens qui t’attendent, avec qui discuter, avec qui échanger des découvertes, avec qui aller plus loin. Des rencontres, des expériences, des contacts, des tentatives, des challenges. Ce n’est que le début.
Ce truc dont tu entends parler, internet ? Du jour où tu y auras accès, tout va changer. Entre réaliser que tu n’es pas la seule à penser que ce ne sont pas « que des séries » (ou pire, « tes séries, là ») et comprendre les possibilités qui vont se dévoiler grâce à cet outil, il va se passer encore quelques années, mais ta patience va être récompensée, tu verras ! En fait, il faudra même que tu apprennes à t’en passer…
Et le plus fabuleux c’est que, pour le moment, tu te sens seule, mais plus tard, regarder un épisode d’une série avec quelqu’un que tu aimes, ce ne sera pas rare du tout ! Tu vois pour le moment, tout est pourri, eh bien il y a plein de bons moments à venir, promis.
Bon bah, voilà, c’est à peu près tout. Enfin, tout ce que je peux te dire : le reste, c’est spoiler ! On se revoit dans 15 ans. Je verrai ton reflet dans l’écran quand j’essuierai mes larmes au moment de l’écran noir, ok ?
PS : il n’y a pas que les séries dans la vie. Appelle ta grand’mère. Et parle-lui des Feux de l’Amour, au pire.
Paradoxe du grand-père !! Si tu lis une lettre de toi dans 15ans, cela affectera les agissement de toi à 15ans, du coup toi 15 ans après tu ne seras plus la même qu’aujourd’hui et du coup tu ne pourras pas envoyer la dite lettre !
cf futurama, la mélancolie de suzumiya !