Il m’a fallu dix bonnes minutes, à la fin du visionnage, pour arrêter de pleurer et commencer à rédiger mon post sur Work It.
Ainsi donc, c’est à ça qu’on en est rendus ? A une époque où de plus en plus de séries nous disent combien il est difficile de trouver un boulot actuellement (Hung, Jane by Design, ou, à présent, Work It), et d’ailleurs grand bien leur fasse, il faut que l’une d’entre elles se pique de prétendre que c’est plus facile pour des femmes ?
SERIEUX ?
Au début de la saison, la guerre des sexes a été déclarée avec les comédies Last Man Standing, Man Up!, et How to be a Gentleman, qui nous ont affirmé dans un appel à l’aide déchirant que les hommes étaient une espèce menacée. On ne regrette pas celles de ces séries qui ont disparu. Rendez-vous compte, les femmes sont tellement bien dans leur peau de nos jours qu’elles forcent les hommes à… euh… rien. Mais c’est très menaçant cette façon qu’elles ont de le faire !!! De… ne pas le faire. Enfin bon, vous m’avez comprise.
Maintenant, Work It nous sort un pitch dans lequel les seules alternatives au chômage, c’est soit récurrer les toilettes d’un fast food, soit se déguiser en femme pour bosser dans la vente ?! C’est comme si les trois premières séries avaient été la mise en garde : attention, messieurs, vous êtes en train de vous faire émasculer, si vous ne prenez pas garde vous allez devenir des femmes… LITTÉRALEMENT ! Et voilà, Work It tombe quelques mois plus tard comme pour murmurer : « on vous avait prévenus pourtant ».
Oh non, je comprends très bien. Le travestissement à des fins comiques n’a rien de machiste, n’est-ce pas, cela fait des décennies qu’on l’emploie sans aucun problème et ça ne veut rien dire… en général dans les plus mauvaises comédies qui soient, mais qu’importe. Et puis c’est vrai d’ailleurs, Work It est, tout simplement, une mauvaise comédie, pas drôle, avec des gags fatigués, des acteurs sans panache, des dialogues creux. C’est ça l’essentiel de son crime, n’est-ce pas ? Et puis c’est pas sexiste, regardez, à la fin le mari réalise qu’il a pas traité sa femme comme il aurait dû, rho, si c’est pas mignon.
Eh bien non, désolée. Je n’arrive pas à regarder Work It comme je peux regarder 2 Broke Girls, en me disant que c’est simplement nul. Je trouve ça insultant, et pas juste pour mon intellect.
D’ailleurs Work It non plus ne cherche pas à faire mine de relativiser. Dans son explication des forces en puissance sur le marché du travail, la série est très claire dés son intro : les raisons pour lesquelles ses deux héros se transforment en femmes pour obtenir un boulot ne sont pas circonstancielles (et donc plus excusables de mon point de vue). C’est parce que l’univers [du travail] est dominé par les femmes, si bien que ce sont elles qui vont bientôt employer les hommes comme gigolos. D’ailleurs, le pouvoir de la sexualité féminine est si fort que c’est la raison pour laquelle la société d’adoption des héros n’embauche que des femmes : seuls leurs charmes sont capables de convaincre les médecins d’acheter les médicaments de l’entreprise ! Work It a explicitement décidé que this is a women’s world et que les hommes étaient réellement en danger ; le propos est clair, et il est assumé.
Et il est surtout honteusement mensonger.
Ne me lancez pas sur le côté insultant qu’il y a à imaginer que pas une de ces 4 femmes n’a remarqué qu’il s’agissait d’hommes, ou que l’épouse de l’un des héros n’a même pas percuté que ses fringues avaient curieusement gagné trois tailles (et que son mari s’était épilé les jambes). Je n’irai même pas sur ce terrain.
Jamais je ne me suis sentie aussi féministe que depuis que ces comédies ont débarqué en masse cette saison. Avant, je n’avais pas l’impression d’être susceptible à ce sujet, je n’avais pas l’impression d’être solidaire de qui que ce soit, je n’avais pas l’impression d’avoir quelque chose à défendre. Mais je découvre ces pilotes un à un, depuis quelques mois, on en est déjà à 4 quand même, et je trouve que c’en devient révoltant. A chaque pilote supplémentaire je me sens dépassée par l’impression que ces comédies ont une espèce de mission perverse ; que, même, leur absence d’humour réel leur sert de protection (« ne monte pas sur tes grands chevaux, ce n’est pas sexiste, c’est juste pas drôle ! »).
J’aimerais m’en défendre, me raisonner, me dire que ce ne sont que des séries de merde, mais je n’y arrive plus, il y en a trop d’un coup, et elles sont toutes tellement peu subtiles dans leur approche, que ça m’inquiète, que je le veuille ou non.
En regardant le pilote de Work It, j’ai aussi repensé à Three’s company. Quand j’avais découvert le pilote de cette série des années 70, je m’étais fait la réflexion que c’était très intéressant : le personnage principal était supposé se faire passer pour gay afin d’avoir le droit d’emménager avec des filles, mais pourtant à aucun moment il n’endossait le stéréotype du gay. Et pourtant, quarante ans plus tard, quand un homme se déguise en femme, il faut absolument qu’il soit une « femme » aux dents phosphorescentes, en jupe et talons hauts, et qui parle de façon maniérée.
Et ça, ça m’aurait fait rire, en fait. Que l’un ou l’autre des mecs conduits à se travestir fasse mine d’être une femme au sens le plus stéréotypé du terme, et qu’il soit regardé comme un extra-terrestre par les autres. Qu’il fasse une blague sur la mécanique et que l’une de ses interlocutrices lui réponde. Qu’il déballe une salade rachitique à midi et que les autres aillent déjeuner à la pizzeria (parce qu’elles vont passer toute la journée à courir de cabinet médical en cabinet médical). Là j’aurais totalement admis le principe du travestissement à des fins comiques.
…Évidemment, je n’ai pas pleuré pour de vrai à la fin de Work It. Nous autres les filles ne nous mettons pas à pleurer à tous bouts de champs. Certaines d’entre nous s’y connaissent même un peu en mécanique. Mais sans perpétuer les clichés sexistes sur le femmes, de quoi pourrait-on bien rire, hein ?
On va finir par ne plus être capables de répondre à cette question.
Je n’ai vu aucun des 4 séries que tu mentionnes, mais est ce que tu penses que les ordres viendraientt de l’onu, de goldman sacks, ou pire encore des hommes crabes ?
Non de toute évidence ce sont les Chinois du FBI. Le simple fait que tu essayes de détourner la conversation montre bien que tu es au courant…