[#Ozmarathon] 2×01, the blame game

22 décembre 2011 à 23:43

Quarante-huit heures n’étaient pas de trop pour se remettre de l’épisode précédent, mais d’un autre côté, comment résister à l’appel du season premiere quand tant de choses nous ont laissé en suspens ? Retour donc dans l’univers claustro de notre Ozmarathon, où les réponses que nous attendons vont nous être livrées au compte-goutte…

Et l’épisode commence justement alors que la lumière n’a pas été rétablie à Oswald, du moins c’est ce qu’il semble, et que la prise d’assaut est finie. Il s’agit maintenant, dans une lumière rare et étouffante, de gérer les blessés, les morts, et surtout : les autres. Entassés dans les cellules « classiques » d’Oswald, les prisonniers d’Em City vivent une grosse retombée d’adrénaline. Les meneurs, à savoir Adebisi, O’Reily et Saïd, sont dépêchés vers des cellules d’isolement ; blessé, Alvarez est à l’infirmerie qui déborde de patients. On met du temps avant de comprendre que Scott Ross est mort.
En fait, dans la pénombre, j’étais plutôt en train d’essayer de dévisager chaque silhouette furtive pour savoir qui avait survécu. Rebadow ? Oh mon Dieu, Rebadow va bien. Beecher ? J’ai beau le savoir, j’étais tout de même inquiète. Oh, Augustus, mon grand, tu tiens encore sur tes roulettes, tout va bien ! Et ce visage, je n’ai pas vu, qui était-ce ? Je le connais ? Et les cadavres, peut-on voir le visage des cadavres ?

C’est une ambiance de siège, de guerre même ; ça m’a rappelé certaines scènes de SPACE 2063 d’ailleurs (ça m’a aussi rappelé que mon dernier marathon commence à dater, mais euh, bon, bref). C’est simplement un mélange de panique, de peur, de confusion.

Ce moment ne durera, toutefois, pas plus d’une dizaine de minutes. Le gouverneur Devlin, qui naturellement n’a pas été blessé dans la bataille (quoi, on peut rêver non ?), se dépêche de mettre en place une commission pour valider sa décision et avoir une excuse pour punir encore plus de prisonniers. Alvah Case est dépêché pour présider cette commission, Devlin lui faisant miroiter une nomination fabuleuse s’il conclut dans le bon sens. Manque de chance, Case est un homme droit, je sais, ça choque toujours un peu quand ces choses se produisent à Oz, et il est décidé à poursuivre son enquête avec impartialité. C’est un peu dommage, d’ailleurs : ce personnage si peu ambigu a de quoi déstabiliser un peu : il est intelligent, patient, pédagogue, juste, persistant… on en vient à vouloir lui prêter des motivations peu nobles tant il est trop parfait. A l’image de l’inspecteur Columbo, il va poser ses questions, inlassablement, petit-à-petit, sans bousculer personne. Le montage des différents témoignages qu’il obtient est d’ailleurs particulièrement efficace à ce titre, montrant à la fois les points de vue si variés des protagonistes, et la façon dont progressivement le puzzle se met en place.

Non qu’il y ait réellement du suspense. En ce qui me concerne, Scott Ross n’est pas une grande perte et je m’intéressais assez peu à la personne qui nous avait débarrassé de lui. Mais c’est l’occasion de parler de culpabilité, ironiquement pour la première fois dans la série, ainsi que du sentiment de responsabilité, et c’était un thème intéressant pour ce retour à Oz. L’enquête suivra son cours en nous dévoilant le coupable de la mort de Ross, ce qui en soi n’était pas une grosse surprise vu les réactions du coupable tout au long de l’épisode, mais sans doute avions-nous besoin de ce relâchement de tension, et de ce retour à quelque chose de plus serein, plus cérébral, plus méthodique.

Encore que. Ne croyez pas que la prison d’Oswald soit devenue le pays des Bisounours. Dans l’après-coup, certains personnages se révèlent plus attachants que prévu : Hill, d’abord, dans sa persistance à vouloir prendre des nouvelles de Jackson et Dobbins (hélas, notre violonceliste a suivi le destin de son violoncelle) et d’un peu tout le monde en général ; Adebisi et Wangler, tous les deux en désintox de fait brutale, Adebisi étant en particulier touchant dans la façon dont il s’enfonce dans son statut d’animal à la dérive (vous ne me verrez sans doute pas dire ça souvent), le père Mukada, qui s’est salement endurci depuis l’émeute et qui semble avoir perdu la naïveté qu’on lui reprochait dans l’épisode précédent, ce qui, quelque part, me brise le coeur, et surtout, j’ai été frappée par Kareem Saïd.
Je crois que c’est la première fois qu’il avait l’air réellement enfermé. Jusqu’à présent, à Em City, il avait l’air d’être assez libre dans sa tête, comme s’il n’était pas vraiment en prison ; là, le visage abimé, recroquevillé dans sa cellule d’isolation, il m’a fait pitié. Que cet homme capable de mener d’autres détenus par un claquement de doigts, cet homme qui semblait toujours si assuré, ait l’air d’un simple prisonnier comme les autres, ça m’a fait un coup, dites donc. Il avait perdu de sa superbe. Il avait perdu son charisme. Et j’ai eu l’impression qu’il avait même perdu sa confiance en sa cause, sa façon de répéter son laïus politique sonnait faux.

Et puis il y a le problème Beecher. Il a pété un câble, on le savait, mais quoi qu’il fasse maintenant on ne peut plus s’ôter de l’idée que l’homme est brisé à jamais. En même temps, difficile de lui en vouloir, quand il arrache, dans un geste qui m’a moi-même fait hurler d’horreur (je n’imagine même pas si j’étais un homme) le gland de Robson qui voulait obtenir de lui une pipe, on n’arrive pas à le lui reprocher. Et quand, plus tard, il explique à Case qu’il veut se remettre sur le droit chemin, on se doute qu’il est encore trop déranger pour vraiment penser ce qu’il dit, que c’est un homme qui est probablement changé à vie de toute façon. On ne regardera plus jamais Beecher de la même manière. Lui, ce n’est pas l’émeute qui l’a changé. Mais quand il a dit qu’il avait autrefois été avocat, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un pincement au coeur.
Pourtant, c’est ainsi qu’il est devenu l’un des personnages les plus fascinants de la prison…

A la fin de l’enquête, c’est le propos politique d’Oz qui revient. Devlin est coupable, indirectement, de ce qu’il est passé ; mais la commission ne condamnera publiquement personne. Et à travers l’ultime confrontation entre Case et Devlin, on comprend que c’est probablement le début d’une autre trame politique (même si personnellement je ne m’en souvenais plus).

Ce sera difficile de faire comme si personne n’était traumatisé, mais pourtant, personne n’a été officiellement reconnu coupable du moindre tort : comme le souligne Augustus Hill, notre coryphée préféré, c’est un peu comme si rien de mal n’avait eu lieu. Un paradoxe intenable. Au fond, ce retour de la série pour une nouvelle saison nous dit à la fois de faire table rase de la précédente (les enjeux sont largement différents) et de faire comme si de rien n’était (yeah, right). C’est une sacrée gageure pour cette nouvelle saison ; dans mes souvenirs, certains éléments plus déplaisants étaient introduits pour cette raison paradoxale, et je ne les avais pas tous aimés. On verra bien.

Un dernier mot, toutefois, sur certains acteurs. Je voyais Beecher en isolation en train de tenir ses propos désarticulés à Case (il commence à avoir l’habitude, pauvre diable) et je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que j’avais connu Tergesen dans Code Lisa, et qu’à l’époque il était tellement binaire. Et puis là, le voir tenir l’épisode comme le ferait le géant Atlas, c’était vraiment renversant. J’ai souvent du mal à savoir si le mérite en revient à l’acteur ou à l’écriture dans ce genre de cas ; probablement les deux en l’occurrence, mais ça me rend encore plus admirative devant la performance.
Et puis, dans un registre moins sérieux, c’était amusant d’assister à un clin d’oeil involontaire que de voir que l’officier Wittlesey avait récupéré l’arme de l’officier Heim, et que, sans avoir de scène ensemble, deux des futurs interprètes de Nurse Jackie étaient liés dans cet épisode d’Oz.

Maintenant que le « retour à la normale » est décrété, on va pouvoir, enfin, revenir entre les murs d’Em City. Et je ne vous cache pas que j’ai hâte…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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