Tout ceux qui suivent notre Ozmarathon, une fois parvenus au final de la première saison, passeront probablement par un stade similaire à un état de choc ; le contraire semble impossible.
A l’heure où je tape ces mots, j’ai une méchante envie de vomir, par exemple ; seuls Oz et le roman Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants sont capables de déclencher pareille réaction physique à une « simple » oeuvre de fiction.
Alors je ne sais pas. Là tout de suite, tandis que je tente de respirer calmement et que je sens bien que j’ai les nerfs en pagaille, j’ai l’impression que je me suis sérieusement ramollie, que je l’ai vécu plus mal que la fois précédente, et la fois d’avant, et même la toute première fois. Je suis peut-être fatiguée. Je suis peut-être plus sensible que d’habitude. Ou bien peut-être que chaque fois que je regarde le final de la première saison de Oz, j’ai envie d’agripper tout ce qui bouge en hurlant de terreur, mais que je l’oublie en me disant que j’avais probablement mieux pris la fois d’avant. Là, je suis dans tous mes états, ce qui est précisément ce que j’étais venue chercher dans ce marathon si on y pense, on ne revient pas à Oz sans une petite pointe de masochisme, mais ce qui n’est tout de même pas la configuration idéale pour écrire une review.
Défi relevé.
Mais il est impossible pour moi, ce soir, après pareil visionnage, de vous sortir un compte-rendu circonstancié de mes impressions personnage par personnage, axe par axe, chapitre par chapitre. Je suis, à l’image d’Em City, bien trop en état de siège pour pouvoir penser posément de la sorte…
On y est donc. On le savait depuis le pilote que la tension montait. On a senti chaque petite barrière tomber, une à une, c’était prégnant, quasiment à chaque épisode un peu plus. La colère était palpable et les digues se rompaient une à une. Tout était en place pour l’apocalyspe. Les signaux ont été nombreux, les avertissements, les prophéties auto-réalisatrices, les mises en garde, et pourtant Em City sombre, implacablement. Le désespoir est total.
Et il est total parce qu’en retirant, une à une, les petites poussières d’humanité dans les prisons de verre d’Em City, en aspirant leur âme un peu plus à chaque interdiction, l’administration a fait de ses prisonniers des animaux. Alors, les animaux ont agi comme tel.
A bien y réfléchir, il y a des quantités de choses que nous avons vues se dérouler pendant la saison, que nous avons tenues pour acquises, si ce n’est normales. Tenez, par exemple, plusieurs personnages ont été jetés en isolation, et pas un de nous, dans nos commentaires au cours de ce marathon, n’a relevé la dégradation que cela représentait pour eux d’être non pas enfermés seuls, mais d’être enfermés seuls ET NUS. Comme des animaux. Et à chaque petite humiliation, c’est l’animal qui se révèle, et c’est normal, que pourrait-il en ressortir d’autre ? Beecher en est la preuve vivante, atroce, la révélation que la prison prend des criminels, et les transforme en bêtes. Alvarez soulignera indirectement ces dégradations permanentes en tendant un seau aux ex-gardiens devenus otages. Ils ont tous été rabaissés au stade d’animal, on ne peut attendre d’eux qu’ils se comportent totalement en êtres humains.
Ce n’est pas vraiment la faute d’Em City. Ce n’est pas la faute d’Oz. C’est la faute du système. Si notre idéaliste McManus avait pu partir sur une île et créer sa prison de rêve, loin des médias, loin de la hiérarchie, loin de l’opinion publique, et des interactions entre cette trinité du chaos, peut-être, je dis bien peut-être que son expérience aurait eu une chance. A condition d’écouter les prisonniers qui lui parlaient vraiment, à condition de laisser sa queue à l’entrée, à condition de ne pas être un petit employé frustré. Oui, dans d’autres conditions, peut-être.
Mais la messe était dite dés le début, du moment où il a eu à répondre devant un politicien de ses décisions, du moment où les journalistes ont commencé à camper devant la prison, et implicitement quand le reste des citoyens, les « bons » citoyens, a commencé à regarder ce cirque.
Alors, le final de la première saison, bien plus que l’épisode précédent qui en portait pourtant le titre, c’est véritablement la ferme des animaux, sans ferme à exploiter. C’est sa majesté des mouches, sans l’ombre d’un palmier. C’est la préhistoire, mais entre quatre murs dont deux de verre. Quelles que soient les exigences des prisonniers, ils n’échapperont jamais à cette vérité : ils sont des animaux parqués dans Em City. Ils ont peut-être pris possession de l’espace, mais il est confiné. Ils n’ont peut-être plus de surveillants, mais ils n’ont pas la liberté. Et surtout, ils y sont ensemble.
Certains personnages s’accrochent désespérément à leur humanité, du moins ce qu’il en reste. Ce sont ceux pour lesquels on se fait le plus de soucis : Rebadow, Hill, Alvarez… Plus que jamais, la moindre hésitation, le moindre scrupule, peuvent les mener à leur perte.
La prison n’appartient pas à ceux qui préservent leur âme, pendant l’émeute. Elle n’appartient pas non plus aux animaux : les animaux ne possèdent rien, après tout. Elle appartient aux rares prisonniers d’Em City qui ont la faculté de garder la tête froide. Et on sait très bien de qui il s’agit : Kareem Saïd, Ryan O’Reily, peut-être Scott Ross. Vern Schillinger, aussi, dans un bon jour, sauf que celui-ci est sous le coup d’une terrible révélation personnelle : il a besoin de sa libération sous parole pour sauver ses fils de la drogue. Il ne reste donc bel et bien que Saïd et O’Reily, vaguement Ross bien qu’il ne se soit jamais imposé jusque là comme autre chose qu’un conspirateur, et ils vont tenter d’organiser le chaos et gérer les égarements du reste du bétail, les bêtes déchaînées qui piétineront tout même si ça doit les conduire à leur perte, tel le colosse Adebisi dont l’addiction est l’argile. Leurs tentatives de se concerter en bonne intelligence sont vouées à l’échec d’emblée. Leur révolte est le fruit de la colère mais ses conséquences n’ont, pour la même raison, pas totalement été mesurées. Les émeutiers n’ont aucune carte dans leur jeu…
Dans l’épisode, l’émeute ne dure en elle-même qu’une dizaine de minutes avant de passer à ses conséquences. Mais dés cet instant où tout bascule, il est très clair que plus rien ne sera jamais comme avant, que chacun prend le risque de mourir tant que de tuer (certains avec les mains plus propres que d’autres, cependant, pas vrai Saïd ?), et qu’il n’y a pas de retour possible.
Et aussi sûrement que l’émeute était prévisible, que dis-je, était prévue, dés le pilote, son issue est tristement écrite d’avance. Comme le parfait petit connard qu’il est, Devlin ne pense qu’à son image dans les médias, à la posture qu’il doit tenir sans même préter attention aux demandes des prisonniers, à la réaction marquante et pro-active qu’il doit absolument lancer dés que possible. Et il donne l’assaut.
Il donne l’assaut.
Je ne sais pas si vous mesurez bien la portée de cet acte avant de le voir se dérouler sous vos yeux. Moi-même je l’ai déjà vu plusieurs fois et je ne m’y suis toujours pas faite.
Le sort de chacun reste une inconnue à la fin de ce final sinistre. Ce n’est qu’en saison 2 que nous saurons l’ampleur de la boucherie.
Le plus fou, c’est qu’il me tarderait presque d’y être. Et de me remettre à Capadocia, accessoirement.
Après avoir vu cet épisode, j’ai qu’une seul chose qui me vient en tête : comment j’ai pu faire, la première fois que j’ai vu ce final, pour ne pas regarder le 2×01 et surtout comment j’ai pu oublier un épisode pareil !
J’ai trouvé l’épisode bien plan-plan au départ. A peine le temps de me faire cette réflexion que la tension augmentait et l’émeute se déclenchait.
C’est très bizarre ce qui se dégage de cette révolution. D’un côté on ne peut pas cautionner une telle violence et barbarie, mais de l’autre on ne peut pas dire qu’on ne l’avait pas vu venir. On ne peut pas dire non plus qu’on ne comprend pas pourquoi les détenus réagissent aussi froidement face à leur anciens gardiens.
Du côté des otages, on a bien sûr de la peine, et même plus que ça, pour eux. Mais aussitôt un des gardiens insulte les détenus et on se souvient du déferlement de violence qui avait suivi la mort d’un des leurs dans l’épisode précédent.
Bref, une situation complexe qui arrive à un point de non retour. La solution de négociation du directeur n’aurait peut-être même pas été efficace, car arrivée trop tard. Mais c’était forcément meilleur qu’un raid « on fonce, on comptera les morts après »
En tout cas je me languis de compter les morts … (non, je ne suis pas sadique} Sans rire, je suis curieuse de savoir comment ils vont se sortir de là et dans quoi la saison 2 va se lancer ^^
ENFIN
Oui, enfin ! Je me suis toujours demandée : mais pourquoi ils ne se révoltent pas ! Bien organisés, ils peuvent y arriver. Et en plus de cela, avec les épisodes précédents, on sentait la pression monter de plus en plus, cela ne pouvait finir qu’en apothéose !
J’ai envie de dire que McManus, en écoutant sa queue et pas son cerveau, est en grande partie responsable de tout cela. En effet, il a voulu être pris en otage parce que son ex-coup du moment auquel il est toujours attaché, était déjà dans les otages. Donc forcément, avec le directeur et le gouverneur aux commandes, cela ne pouvait pas se terminer autrement qu’en raid vas-y que je te fonce dans le tas et les morts seront des dommages collatéraux. Alors que je pense qu’avec McManus au centre, on aurait peut être eu un fin autre (ou d’autres options envisagées avant de passer à l’assaut).
D’ailleurs, j’ai bien envie de savoir s’il ne va pas y avoir des morts parmi les otages (brillante idée de les bailonner et de les mettre en première ligne). Oh et j’ai eu un pincement au coeur quand on a pas voulu ouvrir la porte à Hill –‘.
Un autre moment qu’il m’a déchiré le coeur: Quand le père Musaka se fait emmener et qu’Alvarez ne fait rien. Je n’arrive pas à en vouloir à Alvarez parce que comme le dit un autre garde, il bougeait, il était mort. Non, ce qui m’a désolé c’est la perte d’illusion du Père. Il a beau dire à Alvarez qu’il n’est pas naïf: il l’était sur ce point (ou alors c’est mon esprit athée qui assimile la bonté religieuse à de la naïveté). En tout cas, il y a un déclic qui se fait chez le Père et ça va être intéressant à voir.
Mais ce qui me semble le plus intéressant, ce n’est pas la révolte en soi parce que c’était évident, mais c’est comment ils vont gérer l’après ! Ils sont tous dans la merde pour parler vulgairement (surtout Saïd, O’Reilly, Alvarez…). Je suis impatiente de voir les mesures qui vont être prises, qui seront forcément drastiques … L’univers d’Oz était déjà très réglementé, oppressant et je m’attends à ce que l’on passe un autre cap … Je m’attends à ce que l’on repousse les portes de l’Enfer pour découvrir un monde bien pire derrière.
Oswald m’a tuer
Deux jours : voilà le temps qu’il m’aura fallu pour me remettre de cet épisode qui clôt en apothéose la première saison d’Oz.
Un épisode qui comme tu l’as si bien dit en ouverture de ton article, nous laisse forcément dans un état de choc, mêlé de l’impatience de découvrir ce qui suit le plus rapidement possible. Ah, que je jubile de pouvoir regarder la série maintenant, des années après sa diffusion originale sans avoir à souffrir les longs mois d’attente insupportable après un tel final !
Que dire que vous n’ayez déjà dit toutes les trois sur cet épisode qui nous plonge tête la première au cœur du conflit ?
J’avoue ne pas vraiment savoir par où commencer. Faisons donc un premier constat qui s’impose comme une évidence : cet épisode laisse littéralement sans voix ! (Thank you, Captain Obvious! )
Une chose que j’ai trouvée particulièrement habile, c’est la façon dont les scénaristes parviennent à faire éclater la violence qui montait depuis le début de la saison à partir d’une simple discorde entre détenus au sujet d’un jeu de dames. Ainsi, on comprend que même s’il projetait de provoquer une émeute en demandant à l’un de ses disciples de trouver n’importe quelle excuse pour s’en prendre à un gardien, Kareem Saïd n’a pas autant de pouvoir qu’il le pense.
C’est d’ailleurs très clair, une fois le conflit ouvert : hors de question pour O’Reily, Ross, Adebisi et Alvarez de le laisser dicter sa loi. Toutes les décisions seront soumises à un vote. Les détenus mettent le pénitencier à feu et à sang, certes, mais ils ont pleine conscience qui leur faut un minimum d’organisation. On ne prend pas de telles mesures sans accepter les responsabilités qui vont avec.
Quand le chaos s’installe, chacun se révèle sous son véritable jour. Alors que Hill se démène pour sauver Dobbins, le violoncelliste que je souhaitais voir plus développé à l’issue de l’épisode précédent, Alvarez, moins altruiste, laisse Mukada être pris en otage sans broncher et danse au milieu du brasier.
Littéralement scotché à l’écran, le spectateur ne sait plus vraiment à quel saint se vouer. On prendrait presque Schillinger en pitié quand Beecher lui expose clairement que la balance du pouvoir s’est inversée, pourtant impossible quelque part de ne pas se dire qu’il l’a bien mérité. Impossible de se dire que le tout répressif imposé par Devlin n’est pas directement responsable de cette émeute de la part de ceux qu’il a poussé dans leurs retranchements. Impossible encore une fois de ne pas entrer dans l’état de nerfs palpable des otages, de ne pas s’exclamer avec eux d’une seule voix « Shut the fuck up! » au gardien qui tente vainement de détendre l’atmosphère à coup d’anecdotes barbantes et de blagues foireuses (Cereal Killer, seriously?)
Et alors que le conflit s’envenime au lieu de s’apaiser, et que les informations nous sont distribuées au compte-gouttes, impossible d’ouvrir les yeux et de se réveiller, de s’en échapper en claquant les talons comme une Dorothy Gale retrouvant la douceur de son foyer. Malgré l’horreur qui se déroule sous nos yeux, on se surprend à refuser de s’en éloigner. La série nous a tout simplement happés, pris en otage avec le personnel du pénitencier. Le suspense est à la limite du supportable. Vite, la suite !