Contrairement à Death Valley qui s’est achevée sur un véritable chantage au renouvellement (à croire que Tim Healy et sa bande ont potassé les interviews de la bande à Life Unexpected, souvenez-vous, c’était il y a un an), Threesome s’est éteinte hier dans la douceur de son foyer, entouré de ses êtres chers ; de sa belle mort, en somme.
C’est une jolie fin de saison, non seulement sur le fond, mais aussi sur la forme, avec l’élégance de ne pas forcer la main à qui que ce soit pour un renouvellement. Et donc de le mériter totalement.
Threesome a, en l’espace de 7 épisodes, gagné de belles lettres de noblesse, en se montrant à la fois tendre et pétillante avec ses personnages.
Sans grande surprise, la grossesse d’Alice a été menée à terme. Sans grande surprise, nos trois zouaves l’ont vécue ensemble. Le concept de Threesome n’est pas de nous emmener vers l’inédit, le révolutionnaire et le surprenant, mais de nous raconter un joli parcours, celui de trois jeunes qui deviennent adultes… mais pas trop quand même, oh. Et la série n’hésite pas à les remettre à leur place, notamment avec la fin accordée à la mère d’Alice (je ne vous en dis pas plus, mais j’ai apprécié l’ironie du second épisode rétrospectivement). Sans faire de ses personnages des clowns que rien n’atteint ni ne vient contredire, elle a su en faire des personnages faillibles mais tout de même hilarants, profondément humains mais toujours prêts à faire les pitres. Regardez bien autour de vous, ce ne sont pas des qualités que l’on trouve si facilement.
Les personnages évolulent sans changer : ils grandissent, mais restent fidèles à eux-mêmes, leur envie de s’amuser, de plaisanter, de faire la fête… Threesome ne nous montre pas des personnages à qui, comme on dit, le plomb entre dans le crâne, et qu’on trouve souvent dans des histoires mélangeant immaturité et grossesse. Mais ils évoluent un peu tout de même. Pour une comédie de seulement 7 épisodes, la performance mérite d’être applaudie.
Puisqu’on parle de performance, notons que nous tenons là 3 excellents comédiens. Ca me donnerait presque des regrets d’avoir gravé ce pilote de The Clinic sans y jeter un oeil car Amy Huberman est craquante au possible, une véritable pile ; les garçons ne déméritent pas, avec un Stephen Wight incroyablement attachant, parfait dans son rôle très oscillatoire (il a la plus grande amplitude et la gère impeccablement), et Emun Eliott joue de sa force tranquille pour de temps à autres incarner un petit garçon adorable.
Le trio a une dynamique impeccable, un feeling irréprochable, une énergie inépuisable. On pourrait les regarder des heures se renvoyer la balle tant ils le font avec une facilité déconcertante. Ils sont parfaitement à l’aise dans tout ce que ces personnages implique, dans toutes les situations plus ou moins étranges qu’ils rencontrent, dans toutes les réparties mordantes qu’ils doivent sortir l’air de ne pas y toucher. Le jeu entre ces trois-là est d’une telle souplesse que si c’était un sport, ce serait la gymnastique rythmique et sportive. C’est juste beau à regarder, cette aisance, ces contorsions faites sans sourciller.
Ils sont énormément aidés par une écriture parfaite, drôle, rythmée, légère, bourrée de références, souvent coquine mais jamais vulgaire.
Du coup, même quand certains épisodes m’ont moins plu (sans aller jusqu’à dire qu’ils n’étaient pas bons, mais en tous cas ils l’étaient moins) principalement en raison de l’intrigue, ce qui s’est produit pour les 5 et 6e épisodes, la symbiose fonctionne, les dialogues pétillent, l’énergie est palpable. On trouve peu de comédies capables d’aussi facilement faire pardonner ses temps faibles.
Probablement parce que, si les éléments de comédie sont nombreux et impossibles à rater, la réelle tendresse qui émane de la situation et des personnages fait que l’émotion a également la part belle. Sans être une dramédie, la série se ménage parfaitement des moments d’émotions qui n’oublient jamais d’être drôles, et parvient à une somme très humaine d’échanges.
Partagé entre le rire et l’affection, le spectateur décidera probablement de ne pas se compliquer la vie : il pleurera tout le long, décidant au fil du visionnage s’il s’agit de larmes de rire, de joie, ou d’émotion ; sachant que cela peut varier d’une seconde à l’autre. Une bien jolie expérience en vérité.
Et si j’ai eu l’air un peu fâchée envers Death Valley en début de post, ne vous en faites pas : je considère toujours que c’était l’une des séries les plus fun de cette rentrée. Je ne consacrerai probablement pas de post à sa première (et unique ?) saison parce que ce n’est pas systématique en ces lieux et que j’ai été très émue par le final de Threesome, l’un des plus réussis que j’aie vus ces derniers mois, mais le coeur y est.
J’espère un renouvellement pour toutes les deux.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Threesome de SeriesLive. Et on en a parlé dans le podcast de vendredi !