Il faut toujours se méfier des souhaits. Un jour vous clamez partout que vous aimeriez bien vous mettre un peu plus à la comédie britannique…
…et puis vous tombez sur Life’s too short et vous comprenez votre douleur.
Ah alors ça, j’aime autant vous dire que la journée de la gentillesse, c’est fini, hein. Parce que quand je vois des atrocités pareilles, je ne me sens plus gentille du tout, ni envers la série, ni envers les lecteurs, ni envers moi-même. Tout-à-fait, j’ai eu des pulsions morbides devant cet épisode, en fait j’ai ressenti l’envie de m’énucléer avec une pelle à tarte.
Il faut dire qu’entre les accents British (bon, ça, c’est un problème que j’ai, à la limite on va dire que c’est ma faute ; à la limite), l’humour pas drôle, et les blagues à la con sur la taille de l’acteur, déjà j’étais servie. Je soupçonne aussi que Gervais ait choisi Warwick Davis d’abord pour la renommée sur le déclin, ensuite pour les blagues pourries avec les nains (la seule qui m’a fait vraiment rire c’est celle sur la chanson que le nain ne connait pas), et surtout pour qu’on se sente un peu mal de cracher sur la série, en raison de ce sentiment que nos parents nous ont tous appris : la peur de dire du mal des handicapés et assimilés. Bah même pas peur.
Rien qu’avec tout ça, Life’s too short partait très, très mal.
Mais surtout. HORREUR. Un mockumentary.
Je vous ai raconté il y a peu comment un mockumentary m’a traumatisée à vie. Personnellement, entre The Comeback et Life’s too short, pour moi c’est bonnet blanc et blanc bonnet, il y en a juste un qui a rétréci au lavage. A part ça c’est quand même la même chose, d’où mes glapissements de terreur devant le pilote de Life’s too short, et pas uniquement à cause de la pelle à tarte.
Comme je suis une personne studieuse, j’ai aussi tenté Extras, que je n’avais pas vue, et j’ai vite compris pourquoi. Mockumentary. Et ptet qu’un jour je me collerai à la version britannique de The Office, un jour où je me hais à un tel point qu’être hantée par les souvenirs du pilote de la version américaine ne suffisent plus à me punir. Saloperies de mockumentaries, allez tous brûler en Enfer. C’est vraiment infâme ce goût que peuvent avoir des fictions pour se rapprocher au plus près de la télé réalité. Si je voulais de la télé réalité, je regarderais de la télé réalité. D’autant qu’il n’y a aucune surprise, peu ou pas de character development, dans ce genre-là. C’est le genre soit de l’humiliation sempiternelle, soit du soulignement infini de le contraste entre les actes et les paroles. C’est tout. Il n’y a jamais plus loin.
Le seul mockumentary que je tolère est Modern Family. Je ne le trouve pas tellement drôle non plus, mais il a le mérite de ne pas me retourner l’estomac parce qu’il y a un côté un peu plus affectif. C’est vraiment l’exception qui confirme la règle.
Rien que d’en parler je suis fâchée. Alors parlons d’autres choses, de choses drôles, de séries sympas. Pour continuer dans la vague comédies de cette semaine, il y a par exemple le SeriesLive Show, où vous apprécierez mon professionnalisme et mon sens de la retenue dans le traitement de la news sur Life’s too short.
Le nombre de séries misérables que cette émission m’aura fait regarder, quand même. Parce que l’air de rien, sans SeriesLive Show, il n’y aurait jamais eu de traumatisme The Walking Dead…
Allergie carabinée
En ce qui me concerne, je n’ai pas testé Life’s Too Short pour une raison toute bête mais insurmontable en ce qui me concerne : je ne peux pas encadrer Ricky Gervais ! Il ne m’a absolument rien fait, ça n’a absolument rien de rationnel, mais il se trouve tout simplement que je vivais en Angleterre au moment de son apogée, et il était littéralement impossible d’ouvrir un magazine ou d’allumer la télévision sans tomber sur lui tôt ou tard.
Or, j’ai cette particularité de faire quasiment systématiquement un rejet de tout ce qui devient ultra-populaire du jour au lendemain. Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux, même combat. Le côté « effet de masse » sans doute, je ne sais pas vraiment, mais à moins d’avoir immédiatement adhéré à l’oeuvre ou apprécié la personne qui fait l’objet de cette déclaration d’amour subite de la planète tout entière, j’ai une réaction de répulsion qui relève sans doute quelque part d’un instinct de préservation plus ou moins conscient, je résiste pour ne pas me fondre dans la masse en quelque sorte. Le temps que ça m’a pris pour rejoindre Twitter en est une belle illustration.
Bref, tout ça pour dire que Ricky Gervais et moi, c’est tout bonnement impossible. Va savoir, peut-être bien que quand sa cote de popularité sera redescendue, je me prendrai d’affection pour lui. Ce ne serait pas la première fois que j’aurais un train de retard, mais j’avoue que pour le moment, ça me paraît relativement improbable.
Je n’ai visiblement pas été aussi traumatisé que toi par The Comeback, par contre, je m’insurge de te voir citer Modern Family comme le seul mockumentary trouvant grâce à tes yeux. Aurais-tu donc déjà oublié que tu nous as fait découvrir cette petite perle qu’est The Yard l’été dernier ? Ou était-il tout simplement inconcevable pour toi de l’évoquer aux côtés d’oeuvres que tu exècres ?
On se rejoint complètement. Je déteste les mockumentary, tout simplement parce que je déteste qu’on se moque des gens. J’ai pas besoin de voir des personnages se faire humilier en permanence pour avoir une belle journée.
Et tout comme toi, la seule exception est Modern Family. Peut-être parce qu’ils ont réussi à trouver un cadre familial qui rend les personnages un peu plus attachants. Il n’empêche, cette saison 3 est pour l’instant catastrophique, car elle tourne en rond et répète les mêmes gags, les mêmes schémas à l’infini.
Donc merci pour Life’s too short, merci mais non merci
@whisper :
En un mot : oui.
En cent, c’est déjà un peu plus compliqué. Parce que je ne pense pas à The Yard comme à un mockumentary. La nuance vient du fait que The Yard est tournée comme un reportage mais NE SE MOQUE PAS. Or, le « mocking » est dans l’énoncé.
@Eclair :
Je ne sais plus trop comment j’en étais venue à m’infliger les deux premières saisons, par une forme de « curiosité conformiste », la même qui m’avait poussée à regarder The Big Bang Theory « pour regarder au moins un truc que tout le monde regarde », mais hors de question passé ces quelques jours de gavage de signer pour la saison 3 de Modern Family. Tout comme je ne suis pas certaine de retoucher à 30 Rock un jour. Je fais de gros efforts pour essayer de savoir ce dont tout le monde parle, j’y consacre un weekend, parfois un peu plus dans le cas de The Big Bang Theory, mais même moi, j’ai mes limites.
Mais y a-t-il nécessairement une notion de moquerie dans le mockumentary ? Pour moi le mot-valise vient plus du fait que cela s’apparente au documentaire sur la forme, mais sans en être un à proprement parler sur le fond. Tout comme on appelle un examen blanc « mock exam »: il sert de galop d’essai aux candidats en les plaçant dans les conditions de l’examen mais n’a pas le même enjeu. Pour autant, il n’est nullement question de tourner la situation au ridicule. « Mock » ici a plus un sens de mimétisme que de moquerie, en tout cas c’est comme ça que je le perçois et c’est pourquoi pour moi The Yard relevait du mockumentary. Mais bon, je coupe peut-être les cheveux en quatre.