This place really sucks

17 novembre 2011 à 23:27

Cela fait littéralement des années que je vous parle de cette série. Ses épisodes ont longtemps été introuvables sur le net, comme peuvent encore l’être, hélas, ceux de The War Next Door. Mais un jour, Dieu créa Hulu. Le reste est entré dans l’Histoire. Enfin, dans mon ordinateur en tous cas. Et donc, ce soir, je vous propose le pilote de Manhattan, AZ, l’une des comédies méconnues qui m’ont fait tomber en téléphagie lorsque l’une de mes amies avait Jimmy, voilà déjà quelque chose comme 10 ans.


La voix-off, c’est un procédé dont on a soupé depuis quelques années. Alors pourquoi Manhattan, AZ est-elle différente en dépit du fait qu’elle utilise elle aussi cet outil ? Parce que la voix-off, qui est celle du héros le Shérif Henderson, est en total décalage avec les images. Ainsi, le pilote s’ouvre sur notre bon Shérif nous expliquant comment était sa vie avant, et surtout, quel est le drame qui l’a décidé à partir pour Manhattan, Arizona : le décès de sa femme. Et alors qu’il nous raconte combien il était atteint par cette tragédie, on le voit par exemple regarder un match à la télé… C’est juste un exemple. Mais c’est, surtout sur le long terme, ce qui rend l’intro de Manhattan, AZ hilarante à mon sens, l’impression que le héros est un abruti fini au regard exagérément positif sur la vie, ce qui l’empêche d’être atteint par les mauvais côtés, profondément naïf alors qu’il est quand même flic, et je trouve que de ce côté-là, le pilote fait un travail admirable sur ce plan. Ce monologue d’intro est certainement le meilleur de toute l’histoire des monologues en voix-off. Rien que pour cette intro, il faut avoir vu Manhattan, AZ.


Mais pas seulement, car le pilote propose aussi une galerie de personnages autour du Shérif Henderson qui sont tous savoureux. Le maire imbu de sa personne, Jake Manhattan (oui, il a nommé la ville d’après son propre nom, ça vous donne une idée de la taille de son ego), est délicieux de cynisme ; c’est un homme qui ne pense qu’à lui, son confort perso, sa gloire perso, et après lui le déluge ; mais tout cela derrière une attitude en apparence sympathique, détendue et franche. D’ailleurs il ne s’en cache pas et c’est aussi ça qui lui donne toute sa saveur : il est malhonnête, mais d’une manière étrangement sincère… Il y a aussi Atticus, qui est un ado rebelle mais qui est en même temps un certain repère de normalité dans cet univers déjanté. La phrase de la fin du pilote, « This place really sucks », est d’ailleurs l’une des citations « cultes » de la série, un gimmick à elle seule. Mais surtout ce sont des personnages plus intelligents que Henderson, comme à peu près tout le monde à Manhattan y compris les cactus, et cela accentue encore l’humour qui émane de la façon dont Henderson raconte les histoires, généralement en comprenant l’inverse de ce qui se passe, ou en prêtant systématiquement de bonnes intentions à chacun.


Si Manhattan, AZ est aussi un festival de mauvaise foi, c’est pour sa scène finale, juste avant le générique. A l’image de certaines séries des décennies antérieures, les acteurs s’y succèdent pour expliquer la « morale » de l’histoire, jouant alors leur propre rôle. Le comble du bonheur, c’est quand Brian McNamara s’en charge lui-même, parce qu’au lieu du benêt positif qu’il interprète dans le reste de l’épisode, il devient alors outrageusement condescendant envers le public, et le contraste est une fois de plus délicieux. C’est le moment pendant lequel les acteurs nous expliquent la vie, en général une morale incroyablement évidente, genre Disney (ici « il ne faut pas couper les appendices des animaux de compagnie »), mais avec un ton puant et des remarques qui rappellent quel milieu décadent Hollywood peut être. Mais ce laïus se finit, invariablement, par les mots « Nous le savons parce que nous travaillons à la télévision. Nous savons mieux que vous ».

Dans ce festival de second degré, de doubles-sens, d’absurde et de mauvaise foi, il est impossible de ne pas être hilare. Et ce, en dépit de l’absence quasi-totale de gags à proprement parler. Pour avoir vu la série en intégralité à l’époque où j’avais un accès quasi-illimité à Jimmy (il est vrai qu’elle n’a duré qu’une saison), je vous assure que c’est un bijou dans son genre. Tout téléphage un peu curieux se doit de tenter le coup tant son ton est différent de la plupart des comédies, même en single camera.
Croyez-moi. Je sais mieux que vous.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. jonath666 dit :

    Merci pour cette découverte.

    J’ai beaucoup ri devant certaines scène (la scène de l’enterrement, quand ils changent d’acteur pour le gosse, ..)

    Mais je pense pas regarder les autres épisodes. J’ai beaucoup de mal avec l’humour ou les personnages absurdes. Certaines scènes peuvent être hilarantes mais ça m’ empêche un peu de m’attacher et m’intéresser aux personnages sur le long terme .

    Mais ça c’est moi. J’ai le même problème avec Community . Je suis peut-être un peu trop cartésien

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