Une claque pour… Rosie

8 novembre 2011 à 23:22

Et la plus violente de toutes. The Slap atteint avec son 5e épisode son point culminant dans son intrigue principale. Et pour ce faire, la série s’est trouvé l’une des actrices australiennes les plus connues des télespectateurs internationaux : Melissa George. Que des raisons de découvrir cet épisode prometteur, donc.


L’affaire se referme sur Rosie comme le ferait un piège. Elle ne peut plus faire marche arrière, mais on sent que par moments, elle le voudrait. L’épisode va donc commencer par montrer à la fois la façon qu’elle a d’entretenir sa colère et de repousser ses doutes. Quand elle en parle, obsessivement, à son entourage, qui essaye-t-elle vraiment de convaincre ? Elle a l’air d’être la seule à être dupe, comme en témoigne le silencieux mais si parlant échange de regards qu’elle a avec Gary lorsqu’elle lui annonce, d’un ton faussement détaché, que ça doit tomber un vendredi vers, hm, voyons, 10h ? Et qu’il ne semble avoir qu’une envie, c’est lui dire qu’elle le prend vraiment pour un con. Mais il ne lui dit pas. Parce que même si ces deux-là sont dans une relation houleuse, Gary ne dit pas à Rosie de laisser tomber ; la seule fois où il le fait, il est trop tard, bien trop tard.
Rosie fait donc la tournée de son entourage et tente de galvaniser les troupes, mais à l’exception d’une personne, cela restera sans grand effet. Même Aisha et Anouk ont une raison de faire machine arrière, et on sent que Rosie n’en pense pas moins.

Et puis, vient le procès en lui-même. Et on sait, on le sent parce qu’on a vécu le stress de Rosie, que tout va se jouer là, et plus jamais ensuite. Tout le monde n’est-il pas pressé que ça se finisse ? Même Rosie, soyons sincères. Elle étouffe dans le petit enfer qu’elle s’est bâti.
Le procès repose en essence sur le témoignage de Hector, dont une fois de plus on sent bien l’hésitation, le tiraillement, la crainte de causer du tort, et sur celui de Rosie. Rosie qui, comble de l’horreur, voit non pas la gifle être discutée, mais bien sa façon d’éduquer Hugo, et, pire encore, son mode de vie. Parce qu’on vit le procès à travers ses yeux, et qu’on la voit ne pas trouver de soutien dans les yeux de Gary qui la désavoue pour la première fois ouvertement (hélas pas la dernière), on a l’impression que c’est elle qui devient l’accusée.

Le pire, c’est que ce mode de vie, on a appris pendant la première partie de l’épisode qu’elle n’en voulait plus. Elle ne se l’avouera pas et encore moins à Gary, mais elle n’en veut plus, si elle l’avait jamais voulu. Elle vit dans une espèce de cabane aux murs bariolés, aux meubles dépareillés et vraisemblablement sale et mal entretenu, où elle cultive elle-même des plantes et où tout semble à l’abandon. C’est la vie de bohème, mais ça n’a rien de romantique. Et à côté de ça, il y a la jolie maison qu’elle visite avec un couple d’amis, qui la fait tant rêver. Dans tout ça, son couple avec Gary est terriblement boiteux, tellement dysfonctionnel, tellement douloureux, qu’on ne doute pas un seul instant des raisons qui font que Rosie se consacre autant, aussi démesurément, aussi follement, à son fils et à la cause qu’elle a entretenue pour lui. C’est la seule chose qu’elle ait de valable. Elle sait qu’elle est en train de le pourrir, ce petit, comme l’indique sa confession à Bilal en fin d’épisode, mais que peut-elle y faire ? Rosie est avant tout impuissante.

C’est aussi ce qui invalide un peu le débat sur la claque ; l’une des raisons pour lesquelles je n’en ai jamais vu, à vrai dire.
On nous a présenté dés le début une Rosie un peu dérangée, ne serait-ce qu’à cause de cette histoire de têtée ; excessive, idéaliste, obsessionnelle. Il n’en va pas autrement dans la série que dans le livre. Incidemment, c’est le premier épisode dans lequel on ne trouve pas de scène de sexe. Et devant un tel portrait, on ne peut pas prendre son désir de justice au sérieux. On aura tout le temps d’en discuter, je suppose, avec le chapitre de Manolis, mais l’avis de l’auteur, Christos Tsiolkas est déjà forgé. Il veut tenter de laisser à chacun des personnages la possibilités de s’exprimer sur cette affaire, permettre à chacun de dire « sa vérité », mais il a déjà décidé de la sienne dans sa façon de dépeindre les personnages ; il veut simplement profiter de l’incident pour détailler les destins si différents qui se croisent dans le microcosmos qu’il a ainsi créé, mais il n’a pas l’intention, à aucun moment, de condamner fermement la gifle. Le mieux qu’il arrive à faire, c’est de ne pas totalement en faire l’apologie, avec les excès du personnage de Harry, mais il ne pourra pas réussir à donner une raison sensée à Rosie de mener son combat. Et The Slap est, en cela, très fidèle à l’original.
De sorte que, quand le verdict tombe, en réalité chacun finit par y trouver son compte, comme il l’aurait fait au début, comme il l’aurait fait sans procès. Chacun vivait dans son monde, ses valeurs et sa conception des choses avant, le barbecue et la baffe n’ont rien remis en cause de ce point de vue ; ce sont les dynamiques entre les personnages qui en souffrent, pas la conviction intime de chacun.
Et Rosie, sans ciller, va tirer sa propre conclusion de l’épisode malheureux qui se clot par le procès qu’elle a tant attendu…

Dans cet épisode, nous aurons la chance de voir certains personnages qui, dans le livre, n’étaient que peu voire pas du tout présents dans ce chapitre. Shamira, qui témoigne en sa faveur alors que les deux femmes ne se connaissent presque pas, aura l’opportunité de se dévoiler un peu, ainsi que son mari Bilal, un homme au regard sévère mais toujours prêt à tendre la main ; lequel nous donnera une fin d’épisode très forte, comme on pouvait s’y attendre en lisant The Slap, car cette scène est, dans la moindre de ses subtilités, fidèle au roman. Il y a aussi cette petite scène avec Manolis qui soit m’avait échappée, soit a été inventée, mais qui était très forte en dépit de sa brièveté, et qui d’ailleurs nous rappelle, avec la scène incluant une fois de plus la mère d’Anouk, combien Rosie peut être proche des générations plus jeunes, ou plus âgées, mais pas la sienne. C’est encore plus patent maintenant que Rosie prend de la distance vis-à-vis d’Aish et Anouk (à moins que ce ne soit l’inverse, ou plus vraisemblablement un peu des deux).
Cette apparition de Manolis servira d’ailleurs de jolie transition puisque c’est (enfin) ce bon vieux Manolis que nous suivrons au prochain épisode. Je ne vous cache pas que son chapitre avait été mon préféré, parce que je l’avais trouvé profondément tendre, nostalgique, poétique, et surtout, il avait été une occasion de prendre du recul sur les évènements de la gifle, quelque chose dont on aura bien besoin maintenant que le volet judiciaire est passé…

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1 commentaire

  1. LL dit :

    Le plus magnifique de tous *o* Pour le plus poignant des billets

    Que dire d’autre ? J’attends avec un peu de peur les épisodes suivants (je me demande surtout qui va conclure cette hisoire > Rien lu, rien vu !!) parce que Rosie était le personnage le plus horripilant (du point de vue des autres), parce que la première partie du procès est passé, parce que je me demande comment on nous la présentera maintenant…

    Merci pour cet article

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