On ne dira jamais assez les dommages que peuvent faire les contes de fées sur l’inconscient de nos enfants. Tenez, regardez les histoires de princes charmants : les gamines en bouffent pendant leurs tendres années, se déguisent en princesses, croient à « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », et au final, confrontées à la réalité des relations amoureuses modernes, cherchent un idéal masculin qu’elles ne trouveront jamais. Ou, autre exemple, prenez ces petits garçons à qui on raconte des histoires de grand méchant loup, ils se replient sur eux-mêmes, vivent dans leur monde intérieur, et un beau jour ils grandissent et écrivent le scénario de Grimm.
On ne dira jamais assez les dommages que peuvent faire les contes de fées.
Non que Grimm soit une mauvaise série, non, foncièrement je n’ai rien à lui reprocher, le pilote ne m’a pas déplu. Mais il y a quand même de nombreux « mais ».
Mais… j’ai eu pendant tout le pilote l’impression d’assister à une version masculine de Lost Girl, sans les petites phrases « badass » à la con. Au juste je n’arrive pas à dire c’est un compliment ou non, mais il y a de fortes chances pour que non, quand même. Sans compter que Grimm donne une fois de plus dans la série policière qui fait semblant de ne pas être une série policière, mais pas trop parce que, hein, on veut que les gens regardent. On était prévenus, je suppose, de cette caractéristique de la série, mais ça ne la rend pas sympathique pour autant, principalement parce que c’est mal fait. En fait l’idée de s’intéresser à des criminels comme s’ils étaient, au propre autant qu’au figuré, des monstres, est intéressante, mais ça reste assez grossier dans la réalisation et ça n’apporte pas vraiment de réflexion nouvelle. Le surnaturel prend pas mal le dessus, fut-il mal réalisé.
Mais… si l’idée de conférer une ambiance particulière, à la fois colorée et macabre, à la série, part d’un bon sentiment, n’oublions pas que l’Enfer en est pavé et que ça peut vite donner une image saturée de couleurs, genre Les Experts dans les mauvais jours, limite Siqueur. Ça devient vite assez grossier, comme peut l’être l’utilisation des effets spéciaux pour dépeindre les monstres qui redeviennent humain, avec une qualité de SFX à laquelle on n’avait plus assisté depuis Charmed.
Mais… rarement un personnage central aura été aussi dénué de charisme. On s’est plaints de l’héroïne de The Playboy Club, mais franchement, il y a pire. La tête d’ahuri permanente du héros, son incapacité à comprendre rapidement ce qui se passe autour de lui alors que le spectateur a vite saisi la situation (mais le spectateur triche, il a déjà vu ladite situation des dizaines de fois), tout ça donne vite une impression pâteuse de héros qui est là parce qu’il fallait un héros, mais qu’on n’a pas su, ou pas voulu écrire. Mais enfin, s’il est le prince qui combat de dragons, que vous faut-il de plus après tout ? De la personnalité ? Pour quoi faire…
Mais… tout le monde a vu arriver à 10km le coup de la tante qui allait être incapable de parler pile quand le héros aurait le plus besoin d’aide. Tout le monde sentait bien que ce ne serait pas aussi simple que passer le flambeau d’une génération à une autre. Pourtant c’est ça qui serait original, que le héros ait le temps d’apprendre avec son aînée, plutôt que d’être plongé dans l’inconnu artificiellement (wow, maladie en phase terminale + coma, mais ils vont nous tuer des petits chatons aussi, ou…?).
Mais, mais, mais… Hm. En fait vous savez quoi ? Ptet que le pilote de Grimm ne m’a pas plu du tout.
Le grand talent de cet épisode, c’est d’avoir réussi à ne pas me déplaire de façon trop évidente.