Depuis sa diffusion, j’ai déjà vu le pilote de Suburgatory quatre fois. Oui, quatre. Autant vous dire que je le connais par coeur. Pourquoi tant de visionnages ? Une partie de l’explication tient aux circonstances : des trajets en train à faire, du temps passé dans un (ex-)appartement dénué de toute autre forme de divertissement que mon smartphone, etc… Une autre tient dans une raison toute simple : ce pilote est BON.
EDIT : en fait cinq fois parce que j’ai fait les captures pour ce post sans ressentir même l’envie d’utiliser l’avance rapide.
J’ai peut-être la mémoire courte, mais cette saison, je n’avais pas encore autant ri devant un pilote (j’ai dit « devant un pilote », car si j’avais dit « d’un pilote », là naturellement la palme reviendrait à Whitney) (oui j’ai l’intention de tirer à vue sur cette série jusqu’à ce qu’elle soit retirée de l’antenne, et au vu du deuxième épisode, que sincèrement je ne pensais pas que NBC aurait l’audace de diffuser, j’ai largement matière à le faire) (pourquoi avoir regardé un autre épisode ? Eh bien, trajets en train, ex-appart, tout ça). A gorge déployée. De ce rire que je ne réprime plus depuis bien longtemps, parce qu’il est trop rare, et qui traduit un réel plaisir devant ce que je vois, en dépit d’un sujet qu’on pensait connaitre, d’une technique de narration (l’ado futée) pas spécialement innovante, et d’une réalisation colorée qui peut sembler la décrédibiliser, mais participe en réalité à sa démarche.
La vie de banlieue, cet étrange territoire qui recouvre un univers fondamentalement différent aux Etats-Unis que ce qu’évoque le terme « banlieue » en France, on pensait qu’on connaissait, parce qu’on avait tous vu Desperate Housewives. Mais même les jours où Desperate Housewives prenait du recul sur cet univers, elle n’en riait jamais tout-à-fait ; Suburgatory s’en charge sans mettre la main à la fiole de vitriol.
La série a réussi à trouver un sujet dont elle peut tirer à la fois de la tendresse et du rire. Ce n’est pas donné à toutes les comédies (plus les épisodes avancent, plus Up All Night semble s’être obligée à choisir entre les deux pour ne garder que les gags et abandonner la tendresse ; dommage, c’est l’équilibre qui me plaisait dans le pilote). Notre petite comédie en extirpe des scènes absolument absurdes, comme la nana qui tombe dans la piscine et ne cille même pas, l’oeil rivé sur son portable, ou les alignements de voisins parfaitement alternés homme/femme arrosant leur pelouse. Mais ces séquences ne sont pas des manifestes, ni une critique virulente, juste l’envie de plaisanter à partir d’un postulat qui le lui permet, celui d’un monde superficiel avec des codes étranges. Il s’en dégage une bizarrerie proche de celle de l’univers d’Eureka (pour moi qui n’en ai vu que les premiers épisodes, du moins), à la fois azimutée et constituée de petites touches pas trop appuyées, dépassant le cadre du registre comique ou toonesque pour aller quasiment se loger dans le fantastique par moments.
C’est que, Suburgatory, qui pourrait probablement être jugée « gentillette » si l’on n’y prenait garde, a décidé de rire de son sujet, mais pas de s’en moquer. Elle le fait avec beaucoup de coeur et un brin de fantaisie, mais jamais méchanceté, et le recul que prend son héroïne n’est jamais agressif ; parce que la série, un peu à la façon d’Outsourced, veut juste rire dans une ambiance bon enfant des petites absurdités (presque) ordinaires de la vie de banlieue, et pas prouver quoi que ce soit, surtout pas qu’elle a du mordant (comme le prouve le petit tacle sans conséquence à Glee). Elle ne cherche pas à prouver qu’elle peut s’attaquer à un sujet, elle veut juste montrer qu’elle sait le décortiquer et en extraire des scènes qui peuvent faire rire tout le monde.
Et dans un univers télévisuel où de moins en moins de comédies sont regardables par toute la famille sans que les plus âgés n’aient envie de se pendre devant la bêtise des gags, ou que les plus jeunes ne comprennent aucune plaisanterie, c’est une exception qui mérite d’être saluée.
Avec son héroïne charmante aux expressions rappelant Emma Stone et son increvable énergie versatile, son paternel tout sauf abruti capable de lui tenir la dragée haute à l’occasion, la maternelle poupée Barbie plutôt futée et franchement sympa malgré ses airs cruches (Cheryl Hines est délicieuse dans son rôle, et m’est enfin rendue sympathique après un pénible In the Motherhood dont je fais encore des cauchemars), la voisine d’en face qui vit sur sa pelouse, et l’inénarrable petite camarade boulotte qui souffre plus encore que l’héroïne, Suburgatory offre aussi une palette de personnages sympathiques et drôles à la fois, capables d’être attachants mais aussi très drôles.
Ainsi, il y avait des scènes incontestablement hilarantes…
… mais je crois que le passage où je me tords le plus de rire, c’est devant l’expression de douleur muette de Lisa. IM-PAY-A-BLEUH.
Il y a des choses que je ne trouve pas forcément épatantes (la serveuse pot-de-colle, par exemple, ou le peu de présence d’Ana Gasteyer même si je pense que la voir toujours en train d’arroser son jardin forme aussi un excellent gag récurrent au long du pilote, mais il n’a pas vocation à perdurer au-delà je pense), cependant il ressort de ce premier épisode l’envie de faire quelque chose d’équilibré entre une certaine impertinence et l’envie de se réunir convivialement autour d’une comédie qui n’attaque personne, mais sait rire tout de même.
Je veux bien regarder encore un peu Up All Night ou 2 Broke Girls cette saison, mais mon coup de coeur dans le domaine des comédies, c’est définitivement Suburgatory. J’apprendrai donc à prononcer ce titre à peu près correctement. Enfin, j’espère…
Maintenant la seule chose qui manque à Suburgatory pour être ma comédie préférée de tout l’univers cette saison, c’est d’avoir un vrai générique.
Pas été autant convaincu. En fait le principal problème, c’est un peu le même que Up All Night que tu évoquent justement: je n’ai pas énormément ri. Et ça pour moi, devant un pilot de comédie, c’est un critère assez déterminant pour me décider à suivre la série.
Personnellement, j’aurais donc préféré que ce pilot se veuille un poil plus féroce et déjanté en ce qui concerne la banlieue… sans perdre ce côté tendre à son égard qui apparaît bien en fin d’épisode.
Néanmoins, l’ensemble reste plaisant à regarder et effectivement, Jane Levy et Cheryl Hines sont excellentes dans leurs rôles… du coup, je n’exclue pas la possibilité de donner à la série une seconde chance par la suite. A voir comment les avis évoluent à mesure de sa diffusion.
Quand je parle du côté tendre, je ne parle pas du tout de la fin de l’épisode (pour moi c’est une partie un peu trop gentillette justement), mais bien de la façon de rire sans se moquer, de prendre son sujet (la banlieue, donc) pour un thème à partir duquel rire, mais sans totalement passer dans la férocité. C’est cette façon de rire qui me plait, il y a quelque chose de tellement plus convivial là-dedans que dans l’obstination de certaines séries à vouloir pointer du doigt méchamment…
Très bonne surprise pour moi également. Après m’être farci l’innommable pilote de Whitney et ne pas avoir esquissé ne serait-ce que l’amorce d’un sourire devant la consternante New Girl (toute facétieuse qu’elle soit, Zooey Deschanel ne peut rien contre un scénario dénué de toute drôlerie), je commençais à redouter de ne rien trouver à mon goût dans les comédies de cette rentrée. Et même si les deux héroïnes fauchées de 2 Broke Girls me sont sympathiques, c’est incontestablement Suburgatory qui emporte mon coup de coeur comédie de cette rentrée (je n’ai pas testé Up All Night, allergie carabinée à Will Arnett oblige).
Tu as tout dit : on rit de bon coeur devant les mésaventures de Tessa (charmante Jane Levy) et George (un Jeremy Sisto infiniment plus sympathique que dans Six Feet Under) débarquant dans la quatrième dimension mais la série sait doser la caricature pour éviter de tomber dans l’excès et nous donner l’envie de revenir vite retrouver les habitants de cet univers bariolé qu’on aurait tout aussi bien pu vouloir fuir à toute allure s’il s’était agi de le représenter comme l’Enfer sur Terre. Bien content également d’y retrouver Cheryl Hines, Alan Tudyk et Allie Grant dans des rôles qui semblent avoir été taillés sur mesure.
Le pilote est un chef d’oeuvre. On pense aux premiers épisodes de Desperate Housewives matinés d’une ambiance délirante à la Tim Burton première période (ou du John Waters soft). Depuis, les épisodes ont été un peu moins forts. A mon avis la série risque vite d’épuiser son filon.